Jack Ryan : Héros moral pour série d’action engageante (critique)

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3.5

Critique des 4 premiers épisodes de la série Amazon Prime Video : Tom Clancy’s Jack Ryan, disponible dès aujourd’hui sur la plateforme du géant du e-commerce.

Tom Clancy’s Jack Ryan, nouvelle itération des aventures de l’agent secret imaginé en saga littéraire, arrive sur les écrans d’Amazon Prime Vidéo aujourd’hui. Critique de cette nouvelle adaptation du célèbre Agent de la CIA pour la première fois en série.

Si vous ne connaissez pas Jack Ryan, il est temps de sortir de sa grotte. Connu sous les traits de Harrison FordBen Affleck ou même Alec Baldwin, Jack Ryan a eut ses heures de gloire au cinéma et décide d’envahir dès aujourd’hui le petit écran sur la plate-forme sVOD d’amazon, avec dans le rôle principal, John Krasinski (Sans Un bruit, The office).

The returned

Adapté par le célèbre Carlton Cuse, à qui l’on doit les succès Lost, Bates Motel ou The Returned, aux côtés de Graham Roland, collaborateur de longue date, Tom Clancy’s Jack Ryan  est en quelque sorte un reboot qui imagine les premiers pas du héros que nous connaissons tous à la CIA.

Analyste en logistique financière fraîchement installé à la CIA, ce dernier va suivre des pistes qui le mèneront vers un terroriste redoutable extrémiste, à travers plusieurs pays, des USA, en passant par le Yémen ou la France.

Pilote convenu

Au visionnage de 4 épisodes, le Cerveau va être honnête, si le pilote laisse un arrière-goût de déjà-vu pour une série d’action et d’enquêtes conventionnelle, les suivants offrent un peu plus d’engagement et d’intérêt niveau intrigue.

En effet, la force de Tom Clancy’s Jack Ryan réside dans son écriture et son inspiration de faits réels, pour mieux comprendre le contexte géopolitique qui peut mener à des actes de terrorisme barbares. Si le déroulement de l’intrigue suit un chemin balisé, classique du genre thriller et enquête de services secrets, les épisodes suivant le pilote, et sa dernière scène innatendue et puissante (celle qui générera vraiment de l’intérêt pour la suite de l’intrigue) offrent une richesse inattendue pour une série aux abords conventionnelles.

Série d’actualité

Si le pilote déçoit avec son héros lisse et dépourvu de charisme (qui n’est pas du au jeu de Krasinski que l’on a connu dans de très bons rôles) – ainsi que la mise en place d’une intrigue que l’on imagine similaire à celles héritées d’Homeland ou 24 heures chrono – dans la suite, on comprend que Tom Clancy’s Jack Ryan en série, a des aspirations bien plus profondes qu’une simple course poursuite entre des Agents et terroristes.

En effet la grande force de l’intrigue de Tom Clancy’s Jack Ryan sont ses personnages secondaires, explorés au possible. Notamment côtés antagonistes, à savoir les terroristes aux Yémen en pleine préparation d’actes dévastateurs. Si le choix s’avère « touchy » ou risqué, on apprécie fortement l’envie de comprendre et explorer les motivations de ces personnes qui sombrent dans l’horreur humaine sans concession, ainsi que la vie des proches de ceux qui commettent ces attaques au nom d’une idéologie suprême, excuse pour justifier une vengeance ou autre rétribution.

Analyse géopolitique (en série)

Ainsi, au fil du développement de ces personnages secondaires, mais essentiels à l’intrigue, une réflexion s’impose. Notamment concernant les origines et évènements qui nourrissent les motivations du terrorisme, ainsi que les problèmes géopolitiques et sociaux qui alimentent la haine. On apprécie notamment les échanges avec la DGSI et réflexion sur l’acceptation et assimilation des étrangers et citoyens musulmans sur le sol français.

Au fil de l’intrigue, le téléspectateur comprendra que Tom Clancy’s Jack Ryan cherche avant tout à dépeindre des êtres humains, dans toute leur complexité et humanité, pour comprendre les origines du mal, tout en proposant une enquête d’action divertissante. Certains personnages sont particulièrement attachants vis-à-vis de ce qu’ils traversent, notamment Hani, interprétée par une brillante Dina Shihaby, ou James Pierce, par un Wendell Pryce touchant en Directeur de la CIA.

Le maillon faible

Le véritable point faible de la série reste malheureusement son héros, Jack Ryan, beaucoup trop lisse, notamment face aux personnages secondaires complexes et engageants.

Si le personnage, dans son essence, imaginé dans les romans, est d’une moralité exemplaire, aux antipodes d’un Jack Bauer par exemple, dans la série, sa bienveillance et simplicité dans l’écriture rend le personnage parfois ennuyeux. La faute peut-être à l’envie de dépeindre un Jack Ryan plus simple, proche du « boy next door » que de l’ex-Marine prêt à combattre le terrorisme. On n’est pas à l’abri cependant de découvrir dans le reste de la saison une backstory qui lui offrirait un peu plus de rondeur et complexité.

Production de qualité

En somme, Tom Clancy’s Jack Ryan se présente avec une intrigue loin de celles que l’on a pu voir dans les films. Elle se désolidarise de la franchise sur grand écran pour ré-imaginer le héros à l’heure actuelle, dans un contexte géopolitique complexe et dangereux. Si la série possède quelques défauts, elle reste engageante et divertissante si l’on accepte d’aller au-delà du pilote.

Une série qui engage notamment grâce à sa fresque de personnages secondaires variée, et une réalisation dopée à bloc pour une Série-TV d’une qualité et production irréprochable (Amazon n’a pas lésiné sur le budget et ça se voit !), tournée dans dès décors réels, comme les véritables locaux de la CIA. Reste à voir si elle arrivera à proposer un Jack Ryan aussi complexe et humain que les personnages qui l’entourent.

Crédit photos : ©Amazon Prime

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