Avec Insaisissables Louis Leterrier signe un film de casse raté, qui ne sait où donner de la tête, où l’illusion n’est que superficielle malgré des acteurs plus que corrects.

« Les Quatre Cavaliers », un groupe de brillants magiciens et illusionnistes, viennent de donner deux spectacles de magie époustouflants : le premier en braquant une banque sur un autre continent, le deuxième en transférant la fortune d’un banquier véreux sur les comptes en banque du public. Deux agents spéciaux du FBI et d’Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu’ils ne mettent à exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux. Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s’intensifie, et que le monde entier attend le spectaculaire tour final des Cavaliers, la course contre la montre commence.

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Avec Insaisissables Louis Leterrier rate son tour de magie. L’illusion est trop souvent gâchée par des scènes d’expositions beaucoup trop nombreuses. De plus, la plus impressionnantes, l’illusion qui pose le plus de questions est expliquée très vite. Ainsi les divers mécanismes du film et la manière de penser des magiciens sont très vite compris par le spectateur. Un tour de magie ne le reste que si on ne l’explique pas. L’illusion ne fonctionne que s’il y a un zeste de mystère. Leterrier a décidé de tout révéler très vite, pour tous les tours et ce dans des scènes plus longues que les foulards d’un magicien. D’un film de casse on demande souvent de comprendre comment les voleurs ont organisé leur coup. Mais à trop expliquer tous les faits et gestes des quatre Cavaliers, le film s’enlise trop souvent et on est loin de l’excitation d’un bon tour de magie… ou d’un casse. Car si on comprend tout de suite, ou presque comment ils s’y prennent, s’il n’y a aucun mystère dans l’exécution, alors où est la magie, que ce soit du cinéma ou de l’illusion ?

N’est pas l’arnaqueur qui veut

Insaisissables Morgan Freeman

Car si les vols de banques et autres vols sont bien présents on est loin de L’ Arnaque , Le limier ou encore les films de la saga Ocean ou Le Prestige de Christopher Nolan. Que manque-t-il à Insaisissables ? La retenue dans les éléments donnés aux spectateurs et la distraction. Si les personnages de Leterrier le répètent à plusieurs reprises durant le film, le réalisateur n’a lui-même pas su en mettre une en place. A aucun moment le spectateur n’est dirigé sur une fausse piste, du moins aucune qu’un cinéphile, qu’il soit averti ou amateur, ne voit pas venir à mille lieues.  De plus le changement incessant de point de vue, entre celui des inspecteurs et des magiciens et des révélateurs de magie,  est un coupable évident pour ce manque de mystère et le trop plein d’explications et expositions.

Une réflexion tente d’être mise en place dans Insaisissables. Les arnaques ou la magie ne sont pas pour les arnaqueurs ou illusionnistes une occasion de gagner de l’argent ou de la gloire dénuée de sens, et ils ne jouent même pas à Robin des Bois, ceci n’est qu’un “dommage collatéral ». Ici, c’est la recherche d’une reconnaissance par ses pairs, un espoir d’entrer dans une société secrète et montrer que, pour que ça marche, il faut y croire. Peut-être une étude de l’aveuglement à cause de la foi, la confiance et l’envie de croire. Leterrier semble vouloir explorer ces pistes. Cela aurait pu être intéressant et original, mais, comme tous les autres thèmes du film, c’est à peine effleuré.

Perte de direction

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En effet, il semble que Leterrier a souhaité tourner, avec  Insaisissables un film policier, un film de casse, un film parfois romantique, donner une réflexion sur la foi, la confiance et l’appartenance à un groupe ET un face-à-face entre Ruffalo et Freeman. A moins que ce ne soit Caine et Freeman. Mais il n’a pas réussi son cocktail. A vouloir trop en faire, il se perd et il nous sert un film à l’arrière-goût d’inachevé, avec de multiples pistes mal exploitées. Un monstres à plusieurs têtes qui ne sait plus où se diriger. Si bien qu’il reste, à la fin, malgré tout, quelques incohérences dans le scénario et des actions et raisonnements qui eux, auraient eu besoin de justifications mais sont laissés aux questionnements des spectateurs. A moins qu’une suite ne soit prévue…

Mais, si les tours des magiciens ne sont pas impressionnants, si on devine très vite les trucs et astuces, si le twist final est cousu de fil blanc et le rythme du film irrégulier, Insaisissables a le mérite d’être joué par d’excellents acteurs qui se régalent clairement à tourner ensemble. A noter la présence  d’un José Garcia, dans son premier film en anglais, parfait dans son rôle de Français un peu naïf transformé en pion dans les plans de Quatre Cavaliers. Mélanie Laurent n’est pas exceptionnelle mais sait trouver sa place face à un Mark Ruffalo particulièrement intense. Peut-être trop, parfois, pour être crédible, surtout au regard de la révélation finale. Cependant, le jeu vaut le détour, mais on aurait préféré de voir ses talents servir un scénario et une réalisation à la hauteur de ce qu’ils peuvent offrir.

Insaisissables promettait d’en mettre plein les yeux par ses illusions. On est plus souvent subjugué devant une émission de Patrick Sébastien.

Insaisissables – Bande annonce

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