Good Luck Algeria : skis, oliviers et dépassement de soi

Critique de Good luck Algeria, une comédie sociétale revigorante, inspirée par l’histoire de Nouredine Bentoumi et réalisée par son frère Farid, avec Sami Bouajila et Chiara Mastroiani.

Aujourd’hui sort en salles Good Luck Algeria, un feel good movie présenté au festival de comédie de L’Alpe D’huez sur des thématiques diverses et variées pour une vision positive de l’immigration et la mixité.

Ski de fond et oliviers

Sam et Stéphane, deux amis d’enfance fabriquent avec succès des skis haut de gamme jusqu’au jour où leur entreprise est menacée. Pour la sauver, ils se lancent dans un pari fou : qualifier Sam aux Jeux Olympiques pour l’Algérie, le pays de son père. Au-delà de l’exploit sportif, ce défi improbable va pousser Sam à renouer avec une partie de ses racines.Good Luck Algeria est une comédie sociétale comme on en voit peu en France.

Si aux premiers abords, vu le titre et son casting maghrébin, on aurait pu penser que Farid Bentoumi, frère de Nouredine Bentoumi, le véritable « Samir », nous offrait une énième comédie qui se moque des us des immigrés et enfants d’immigrés, ce n’est pas le cas. Inspiré d’une histoire vraie, Good Luck Algeria est un film qui aborde son histoire avec beaucoup d’humanité et de réalisme, sur des thématiques universelles comme l’héritage culturel, le déracinement, les difficultés de l’entrepreneuriat, ou le dépassement de soi.

Feel Good Algeria

Un véritable feel-good-movie sans misérabilisme, militantisme ou prise de position sur l’actualité ou l’état des familles issues de l’immigration. Ici, on se concentre sur l’unité familiale et les valeurs transmises par un père très attaché à la terre, au sens propre et figuré, et sa famille en Algérie. On aborde avec beaucoup de réalisme la condition des français issus de l’immigration qui, sans être déracinés, ne connaissent pas toujours leur culture d’origine ou la rejettent, se sentant étranger dans leurs propres territoires. Un sentiment que beaucoup de français à double cultures reconnaîtront.

On aborde aussi la découverte de ses racines et des choses positives qu’elle apporte. Good Luck Algeria est le film qui arrive à point nommé racontant une histoire personnelle, qui résonne auprès de ceux qui, comme Samir, sont binationaux. Une redécouverte d’un pays inconnu et d’un amour pour ce dernier. Mais aussi le dépassement de soi. Good Luck Algeria n’est pas seulement le film qui montre des valeurs positives sur les bienfaits de l’immigration. C’est un film sur le dépassement de soi, les valeurs du sport et la découverte de forces inconnues pour atteindre un objectif.

Entreprenariat et positivisme

Good Luck Algeria et aussi un film sur l’Entreprise. En France le petit entrepreneuriat est rarement dépeint au cinéma. Samir Zitouni est un entrepreneur avant tout qui se bat pour sauver son activité et ses salariés. Un homme qui a un rêve, avant de skier au Jeux Olympiques de Turin. Un rêve qui est de sauver son entreprise avec son associé Stéphane et ses salariés. Un homme attaché aux valeurs de l’artisanat, un ingénieur accompli pour une belle peinture de ce que peut être la réussite de la république notamment sur ceux nés de parents immigrés maghrébins, trop souvent associés aux banlieues ou à la délinquance.

Belle France

Trop rarement montrés comme des professionnels accomplis au cinéma, généralement calés dans des rôles de bouffons du roi, d’amuseur à accent, ou de délinquant, le personnage de Samir, sa sœur avocate, son père si touchant, et sa femme, elle aussi binationale puisque franco-italienne, sont des personnages porte-parole de minorités ethniques et illustrent enfin ceux qu’on oublie en France : ceux qui travaillent ou qui ont fait de longues études grâce à l’intégration de leurs parents et qui vivent paisiblement, avec leurs problèmes, comme tout le monde.

Servi par une réalisation sobre à l’image de films indépendants de son genre, porté par de belles musiques folks et des paysages enneigés majestueux, Good Luck Algeria est une belle dose de positivisme dans le climat actuel, entre déchéance de nationalité et peur de terrorisme. Ça fait du bien de voir une belle petite histoire intelligente de dépassement de soi, d’ouverture et de tolérance au cinéma. Parole de Cerveau.