Sue Vertue : « la fanbase de Sherlock est extraordinaire ! »

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Rencontre avec Sue Vertue, productrice de Sherlock, lors du 54ème Festival de la Télévision de Monte-Carlo.

« Derrière chaque grand homme se cache une femme » dit la sagesse populaire. Et elle a bien raison ! Sue Vertue est peut-être moins connue du grand public que les créateurs de Sherlock mais elle n’est pas moins importante. Venue accompagnée  de Steven Moffat au 54ème Festival de la télévision de Monte Carlo, la productrice de Sherlock parle des difficultés de son rôle, de la fanbase de la série et des moyens utilisés pour garder secret certains éléments du script.

A l’heure où les dernières rumeurs annoncent deux ans d’attente avant la prochaine saison du détective sociopathe, voici de quoi mettre en bouche les plus accro, les fans, les vrais, qu’elle apprécie beaucoup d’ailleurs.

Le Cerveau a tenté de mener sa petite enquête et relever les indices concernant nouvelle saison de Sherlock mais la productrice n’a pas cédé à ses techniques d’interrogations ! The whip hand, c’est elle (et c’est loin de déplaire au Cerveau) !

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Sue, vous êtes la productrice de Sherlock, à quand la saison 4 ?
Sue Vertue : *rires* Cette interview commence mal ! Il va falloir attendre pour voir. Nous avons Benedict Cumberbatch et Martin Freeman, deux des plus grandes stars de la planète, c’est donc difficile d’avoir tout le monde au même endroit au même moment, que ce soit les acteurs ou les scénaristes.

Est-ce que c’est la tâche la plus difficile en tant que productrice ? Coordonner les plannings des acteurs ?
Sue Vertue : C’est la plus grosse tâche pour l’instant, oui.

Est-ce que vous avez déjà les 3 mots clés de la saison prochaine ?
Sue Vertue : Non ! De plus, je ne vais pas dire s’il va y avoir une nouvelle saison !

Ce n’est pas encore signé ?
Sue Vertue : Il faudra attendre pour voir !

Quel était le pari de départ quand vous avez commencé à produire cette série ? C’est l’adaptation qui a été compliqué ? Était-ce un challenge ?
Sue Vertue : Ce n’était pas vraiment un challenge parce que Steven Moffat et Mark Gatiss sont de grands fans de Sherlock Holmes. C’était assez naturel pour eux d’adapter. Je pense que le plus important pour eux était de s’assurer qu’il ne faisait pas une mauvaise adaptation de l’œuvre originale. En tant que fans des histoires, ils auraient détesté ça. On ne pensait pas que ça allait avoir autant de succès ce qui fait qu’on n’avait pas cette pression. Si on avait su qu’autant de personnes dans le monde allaient regarder, on aurait été horrifié, certainement.

Que pensez-vous de la mobilisation des fans autour du monde ? On se souvient de la campagne #SherlockLives il y a 2 ans. Les fans s’étaient mobilisés pour défendre l’honneur du détective et rétablir la vérité face aux fausses accusations de Moriarty.
Sue Vertue : La fanbase de Sherlock est extraordinaire ! Je le vois sur Twitter et parfois on nous envoie des choses extrêmement créatives. Les gens viennent sur les lieux de tournage. On ne sait pas comment ils ont ces informations mais j’adore.

A cause de la venues des fans, vous avez du filmer de fausses scènes pour brouiller les pistes.
Sue Vertue : Oui, on en avait fait une avec Mark Gatiss et Andrew Scott (Mycroft Holmes et James Moriarty, NdC) ou ils se serraient la main et aillaient dans des directions différentes parce qu’il y avait des paparazzi. Le réalisateur nous a dit « c’est bon ? On peut tourner pour de vrai maintenant ? ». C’était amusant !

Quelle est l’implication de la BBC dans le processus créatif ?
Sue Vertue : Nous avons une très bonne relation avec la BBC. Ils nous font confiance , on leur dit ce que nous allons faire à un moment ou un autre mais ils ont toujours été bienveillant à notre égard.

En France, les chaines sont très interventionnistes dans l’écriture des dialogues, est-ce pareil au Royaume-Uni ?
Sue Vertue : Non, je pense qu’ils n’osent pas ! *rires* On leur demandait parfois des notes. Pour la dernière saison, ils ne nous en ont envoyée aucune et on les a appelé en leur disant « mais vous devez quand même bien avoir quelque chose à dire ! »

Sherlock Saison 3 : 30 photos du retour

Vous avez dit que la relation entre Sherlock et Molly ne se passera pas comme Tumblr le voudrait. Est-ce que ça signifie que vous allez parfois voir ce qu’il se raconte sur Tumblr ? Tumblr peut faire peur !
Sue Vertue : Non, je ne vais pas sur Tumblr parce que oui ça peut faire peur. Je n’ai pas de compte. Je vais sur Twitter.

Twitter peut être flippant aussi !
Sue Vertue : *rires* Oui, je suis prudente concernant les liens sur lesquels je clique !

Comment avez-vous réussi à garder le secret des dernières scènes du final de la saison 3 ? Le Cerveau n’a pas arrêté de répété « Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! » lorsqu’ils les a vues !
Sue Vertue : *rires* Ce n’est pas facile de garder un tel secret ! Mais c’est vrai que les fans présents lors du tournage ont été très bien et n’ont rien dévoilé. Parfois, on ne met pas la fin dans le script. C’est difficile.

Est-ce que le retour d’Andrew Scott était prévu depuis le début ou est-ce venu au fur et à mesure de l’écriture des épisodes ?
Sue Vertue : Je n’arrive plus à me souvenir du moment où on lui a dit que Moriarty allait revenir.

Est-ce que vous pensez que le succès de Sherlock fait partie de l’explosion du succès des séries britanniques ?
Sue Vertue : Je ne sais pas pourquoi il y a tant de succès. Je pense que c’est une combinaison de beaucoup de bonnes choses : le cast, les scénaristes. On a fait Sherlock comme si on avait fait un film.
La télévision britannique se porte très bien partout dans le monde grâce aux nouveaux moyens de consommation comme la VoD. Ça donne plus de liberté en terme d’écriture parce qu’on n’a plus peur de perdre son audience.

Quel est pour vous la définition du style Britannique ?
Sue Vertue : Je ne sais pas ! Y-a-t-il vraiment un style Britannique ? Peut-être le fait de ne pas avoir beaucoup d’interférences de la part des chaines mais je ne pense pas que nous ayons un style britannique. On ne gaspille pas l’argent parce qu’on n’a pas d’argent à gaspiller !

Sherlock Saison 3 : 30 photos du retour

Combien coute un épisode de Sherlock ?
Sue Vertue : Le budget a été un peu plus élevé pour la saison 3. En dessous d’environ 2 millions de Livres (environ 2,5 millions d’euros, NdC) pour un épisode.

Au-delà de Sherlock , réussissez-vous à développer d’autre projets de télévision ?
Sue Vertue : J’ai plusieurs projets en cours dont une sitcom que nous sommes en train de développer. Nous travaillons sur des co-productions également.

Vous pouvez nous en dire un peu plus sur la sitcom ?
Sue Vertue : Non parce que nous sommes en attente de signatures mais ce sera drôle !

S’il y a une nouvelle saison de Sherlock, qui aimeriez-vous avoir en tant que guest star ?
Sue Vertue : Ce serait en dire plus qu’il n’en faut !

Vraiment ? Même de façon hypothétique ?
Sue Vertue : Je sais pas, il y a beaucoup de bons acteurs ! Si vous m’aviez poser la question avant la diffusion de la saison 3, je vous auraient surement pas répondu Lars Mikklesen ! Donc je ne sais pas.

Question bonus : quel souvenir avez-vous du tournage de Mr Bean ? (Sue Vertue était productrice de la série, NdC)
Sue Vertue : *rires* Oh mon dieu, c’était il y a si longtemps ! Je me souviens d’une scène tournée au magasin Harrods ou on allumait et éteignait plusieurs fois les lumières de Noël. Maintenant, tout se fait en post-prod, mais à l’époque on avait 3 personnes postées à des endroits différents du magasin avec qui on communiquait via radio pour leur dire « 1..2…3…coupez les lumières ! ». C’est vous dire à quel point les choses ont changées !

Brainterview réalisée en table ronde en compagnie d’Anne Orenstein pour France Bleu et Maxime Guény, Média+
Crédits photo : Le Cerveau/BBC/DR

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