Doctor Who : Steven Moffat, la saison 7 et les 50 ans

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Steven Moffat parle de la relation entre le Docteur et ses compagnons, de Clara, des monstres de la fin de saison 7 de Doctor Who et de l’impact du 50ème anniversaire sur son écriture.

Samedi prochain, la BBC diffuse The Bells of St John, premier des huit épisodes concluant la saison 7 de Doctor Who avant la célébration cet automne des 50 ans de la série. Comme Matt Smith plus tôt dans la semaine, le showrunner Steven Moffat s’est confié sur plusieurs points, commençant par le rôle central du compagnon dans la série.

Doctor Who, c’est l’histoire du compagnon du Docteur

« D’une certaine façon, Doctor Who c’est presque l’histoire de son compagnon » explique-t-il. « C’est sa prise avec le Docteur. C’est l’aventure dans laquelle elle se lance avec le Docteur. C’est l’histoire qu’on raconte. Le compagnon change plus que le Docteur. Jenna apporte en particulier sa vitesse, son esprit et sa résistance à être impressionnée est plus difficile pour le Docteur, je suppose. Il doit travailler un peu plus avec elle. Evidemment, elle lui est secrètement dévouée mais elle est plus difficile à impressionner, ce qui est généralement le type de personne que le Docteur n’aime pas, mais il est absolument dévoué à Clara. C’est emmené par le style particulier de Jenna, qui est très très rapide et prompt. »

Sur la manière dont l’élaboration du compagnon est faite, il faut faire attention : « Quand on commence à réfléchir à qui sera le prochain à bord du TARDIS, on ne doit pas penser au mot « compagnon ». On ne doit pas se dire qu’il sait qu’il est le personnage secondaire d’une série. On doit penser que c’est quelqu’un qui partira avec le TARDIS et que le Docteur voudra être dans le TARDIS avec lui. Le Docteur est difficile. Il n’aime pas tout le monde. C’est un homme difficile à gérer. (…) Quel genre de personne se précipiterait derrière ces portes bleues ? Beaucoup de gens feraient demi-tour, y compris moi pour être honnête. On doit imaginer quelqu’un qui dira « Oui ! » à l’idée de s’enfuir avec un homme clairement fou qui a une machine à voyager dans le temps. C’est le point de départ pour ce personnage. A quel point de leur vie en sont-ils ? Quelles décisions ils ont prises pour qu’ils acceptent de répondre positivement à une demande en voyage d’un fou avec un nœud papillon. »

Mais pourquoi le compagnon est-il le plus important ? « C’est la personne à qui toute l’histoire arrive. Un héros arrive et sauve la situation, on reste en recul et on l’admire, ça c’est le Docteur. Mais pour que l’histoire ait une connexion émotionnelle, ça doit arriver à quelqu’un. Le Docteur doit arriver à quelqu’un. Donc le compagnon est souvent le personnage principal dans Doctor Who. Il n’est pas le héros, pas celui avec les répliques et les moments les plus cools, mais il est la personne qui a cette expérience, on voit comment ça les change. On n’a jamais jamais vu comment le Docteur a débuté son voyage, on ne verra sans doute jamais sa fin, on ne saura probablement jamais pourquoi il a embarqué, mais on connaît tous ses compagnons, qui ils étaient avant de le rencontrer, pourquoi ils se sont éloignés de lui et où ils terminent. Ces histoires sont complètes. Le Docteur est l’énigme qui entre dans leur vie et les change. L’histoire est toujours à propos de la personne qui change le plus, plutôt que la personne qui affecte ces changements. »

Si parfois le Docteur, qui sait avoir besoin de compagnie à bord de TARDIS pour garder la raison, résiste à ça, Moffat le comprend tout à fait : « Et bien, si on vous disait que pour guérir, devenir une meilleure personne et aller mieux vous devez mettre en permanence en danger un autre être humain, vous pourriez aussi être hésitant. Il a conscience de mettre en danger ces personnes. Il a aussi conscience que cette relation ou amitié pour lui, qu’il l’aime ou pas, ce n’est que repousser un deuil, qui n’est pas repoussé si longtemps que ça. Il leur survivra. Ils vont mourir et il gardera à peu près le même âge. Ce sont ces deux facteurs qui le rendent très très réticent à prendre quelqu’un à bord. »

The Bells of St John et Clara

Est-ce que The Bells of St John, où on découvre quelque chose caché dans le wi-fi, est une dénonciation de notre dépendance à la technologie ? Pas du tout répond-t-il : « J’essaie de faire une aventure avec le Docteur vraiment vraiment bonne. Ce que fait Doctor Who, parfois, c’est prendre quelque chose d’omniprésent dans notre vie et d’en faire un monstre. C’est l’idée. Il n’y a pas de grand plan. Je n’essaie de dire qu’on est trop liés à la technologie. Je l’aime ! »

Concernant le mystère de Clara, se rappellera-t-elle de ses précédentes incarnations courant la saison ? « Si j’avais la réponse à cette question je ne vous la donnerais certainement pas. Vous découvrirez le mystère de Clara dans les huit prochains épisodes. Et tout sera clair, vous aurez ainsi votre réponse. »

Les monstres

On apprend aussi quel est le monstre sur lequel il s’est amusé le plus à écrire : « Je suis tenté de dire les Anges Pleureurs parce que j’en ai un devant moi, que je suis en train de regarder, dans mon jardin. Ce qui m’a le plus emballé, ce sont les Silences, parce que j’adore le fait qu’on ne peut pas s’en rappeler. Je réfléchissais pour trouver des moyens de rendre ça effrayant et c’était très enthousiasmant. Je me suis énormément amusé en écrivant sur les Silences. Les Anges Pleureurs ont été de loin les plus populaires des ennemis que j’ai créés et je pense que ça le restera, mais ils sont difficiles à écrire parce qu’ils ne se déplacent pas et c’est toujours très difficile de trouver comment faire une scène de poursuite chaque fois. »

Qu’en est-il, en comparaison de ces monstres, des Spoonheads, ennemis introduits dans The Bells of St John. Sont-ils plus effrayants ? « Et bien ce n’est pas à moi de le dire. Je ne sais pas. Je ne sais jamais ce qui sera le plus effrayant. Mais The Bells of St John est un épisode en montagne russe bourré d’action, alors que les histoires autour des Anges Pleureurs et des Silences ont été élaborés consciemment pour être plus effrayantes. Mais, c’est aux enfants de dire ce qui leur fait faire des cauchemars. Je ne vais pas en préjuger. Je pense qu’ils sont effrayants et je pense que c’est une véritable course d’aventure.”

Le retour des Ice Warriors

Le retour des Ice Warriors est une idée de Mark Gatiss, explique le showrunner : « Je n’accrochais pas trop, au début, à l’idée de faire revenir les Ice Warriors. Ils n’ont jamais fait partie de mes monstres préférés de la vieille série. Je les trouvais bien, mais je n’étais pas dedans. Mais Mark Gatiss (…) est arrivé avec une idée dont je ne vous dirai rien –je garde la surprise pour Cold War – et il les a fait revenir à la vie pour moi. C’était brillant. J’ai alors accroché mais c’était dû à la créativité de Mark, pas à la mienne. Il y a eu plein de défis dont je ne parlerai pas, mais je peux vous dire que pour le public général ils sont moins connus que les Daleks ou les Cybermen, qu’on doit changer un peu car ils sont très familiers. Avec les Ice Warriors, on voulait créer une très bonne super-version de ce qu’on avait déjà, plutôt que de le changer ou le revisiter. Le défi était donc de faire en sorte que ce qui avait été designé pour nos bonnes vieilles télévisions marche aussi pour les caméras HD d’aujourd’hui qui sont moins conciliantes. »

Neil Cross

Sur le travail de Neil Cross : “Neil Cross est un scénariste que je connaissais mais que je n’avais jamais rencontré. Il a fait Luther et écrit quelques livres. C’est un écrivain génial. J’avais aussi déjà lu un de ses scripts il y a plusieurs années. (…) Neil est un vieil ami de Caroline Skinner (productrice jusqu’à cette année de la série) et elle m’a dit : « Je vais le traquer et voir si on peut s’arranger au niveau des emplois du temps. » Il est un grand fan de Doctor Who mais n’a jamais eu le temps d’écrire un épisode. Cette fois il a saisi sa chance en mettant tout de côté pour pouvoir le faire. Ce que je cherche, tout le temps, et ça peut paraître horrible et snob, c’est des scénaristes du niveau de showrunners, qui donneraient leur bras droit pour écrire une histoire de Doctor Who, et c’est surprenant de voir combien si souvent on obtient ce résultat et combien de notre équipe d’auteurs, comme j’aime les appeler, sont eux-mêmes des showrunners. »

Les 50 ans

Pour finir, Steven Moffat explique que l’écriture de cette fin de saison n’a pas été impactée par les 50 ans de la série : « Ce qui m’intéresse cette année c’est que la série doit montrer qu’elle regarde en avant. Ce qui compte, c’est les 50 prochaines années, pas les 50 dernières. Si on commence à penser que la nostalgie est le plus important, alors c’est fini. Il faut aller de l’avant. Le Docteur va de l’avant, comme toujours. Il veut résoudre le mystère de Clara. Il ne pense pas à ses précédentes incarnations et aventures. Il pense au futur. C’est important pour moi. La série ne doit pas paraître ancienne. Elle doit toujours paraître nouvelle, et le 50ème anniversaire peut jouer contre ça. »

The Bells of St John est diffusé dans 2 jours, le 30 mars, sur BBC One.

Crédits photo ©BBC / Source : Collider

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