La Fête à la Maison 20 ans après : le remake insipide de trop (bilan)

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Retour et bilan de La Fête à la Maison 20 après qui a fait ses débuts sur Netflix ce vendredi. Un retour insipide pour un remake aux forts relents parodiques difficile à digérer. La critique, pas contente, du Cerveau

Cela faisait des mois que la promo battait son plein, à coup d’extraits nostalgiques, de photos de tournage et autres tweets ou instagrams des acteurs sur le plateau, histoire de rameuter les fans le jour J. La fête à la maison, la sitcom iconique des années 90 qui a révélé les jumelles Olsen, est revenue sur les écrans de Netflix ce vendredi 25 février, et pas pour le meilleur.

fuller-house-1024Le géant de la VOD, qui s’est positionné cette dernière décennie comme un véritable acteur dans la production de séries, séries qui rivalisent avec les plus grosses productions des chaînes traditionnelles (de House of Cards à Jessica Jones), a décidé d’offrir à tous les trentenaires en mal de nostalgie un revival, lui aussi, à l’image des Networks, et pas des moindres : celui de La Fête à la Maison. Oui, La Fête à la Maison revient 20 ans après sa fin. Et après visionnage d’une saison qui n’aura pas été sans mal, le Cerveau peut le dire : ils n’auraient pas dû ! Non messieurs-dames, spectateurs, sériephiles et sérievores, dans un univers qui ne manque pas de sitcoms diverses et variées, on n’avait vraiment, mais alors vraiment, pas besoin de ça !

Copié-Collé sans mise à jour

Comme tout reboot qui se respecte, La Fête à la Maison 20 après, dès son pilote, mise TOUT sur la carte de la nostalgie, frisant la boulimie. TOUT. Des catchphrases mythiques des petites devenues grandes, de l’Oncle Jessie à Danny Tanner… Tout est là pour nous rappeler le bon vieux temps, et faire retomber les chanceux trentenaires, qui n’avaient pas plus de dix ans quand ils ont découvert la série, dans le passé, back à l’époque des fringues flashy et des Walkmans qui n’étaient pas auto-reverse. A croire que tous les personnages sont restés coincés dans une bulle spatio-temporelle qui engloberait la maisonnée Tanner.

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Tout le monde est là, sauf Michelle bien sûr (ce que le Cerveau salue, puisque les jumelles ont su se préserver du massacre, cela dit en passant), du casting régulier jusqu’au canapé et la déco, qui n’a pas évoluée depuis 20 ans (solide la baraque quand même, on veut la même à la rédac, ça nous fera des économies en assurance). NOS-TAL-GIE, tel est le maître mot et les fondations du script du pilote, qui ne s’embarrasse pas de présenter les personnages et où ils en sont. On fait brièvement référence à ce qui va relancer la série, à savoir DJ qui a perdu son époux et qui se retrouve veuve, elle aussi, et mère de trois enfants, dont un nourrisson. Le Cerveau serait presque tenté d’appeler à l’exorcisme, ces histoires de veuvages sentent fortement la malédiction. Le Cerveau dit ça, mais dit rien.

On prend les mêmes et on recommence !

-fuller-houseDans le pilote, on cherche plutôt à résumer toutes les séquences cultes en moins de 20 minutes. Oui, le premier épisode de La Fête à la Maison 20 après est un shot nostalgique à lui tout seul, il ne s’embarrasse de rien, pas même d’oser un split-screen pour une séquence revisitée version 2016 des trois hommes qui chantent le générique des Pierrafeu au bébé, pour le faire dormir. Ce qui avant était mignon, est devenu embarrassant. On ose même un sarcasme déplacé et gênant avec les acteurs fixant ouvertement la caméra, furieux, pour bouder l’absence des Olsen (sujet qui deviendra le running-gag de la saison). Et ce n’est rien comparé à ce qui va arriver dans les 12 épisodes suivants.

Une réunion avec les vieux de la vieille, pour passer le flambeau à la nouvelle génération, sans pour autant renouveler le concept ou l’idée. Et c’est là que commencent les problèmes. A une époque où l’unité familiale a bien changé, où le concept même de la famille est revisité dans les séries, (Grandfathered, Modern Family, Shameless, Jane the Virgin, pour ne citer que celles-ci) le monde merveilleux et innocent de la Fête à la maison, a-t-il vraiment sa place ?

Recyclage

Celle qui était précurseuse, avec cette famille tenue par trois hommes, même si lisse, et qui visait clairement un public jeune lors de sa diffusion, ne cherche pas à se renouveler à une époque où même les enfants ne sont plus réceptifs à la morale bien-pensante et aux héros bien propres sur eux. Non, La Fête à La Maison 20 Ans après ne s’embarrasse pas de mise à jour, recycle sans vergogne sa recette pensant que ça suffira pour faire l’affaire, à coup de dialogues médiocres, de twists téléphonés et balisés, et de mièvreries surdosées. Les amis de la guimauve doivent être ravis.

Même humour, même blagues, jeux de mots et beaucoup trop de références à chaque épisode, et même du recyclage sans vergogne ouvert et assumé de scénarii de la série originale (comme l’épisode 2). La Fête à La Maison 20 Ans après est, si ce n’est le remake de trop, un cours à lui tout seul de : Tout ce qu’il ne faut pas faire pour réussir le come-back de sa Franchise (cours prochainement dispensé par votre Cerveau national – instant autopromo).

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Et c’est ce qui pose le plus gros problème. Ceux qui étaient des parents masculins tentant d’élever des petites filles, sont désormais des femmes célibataires, tentant d’élever des garçons. Attention situation inversée pour renouveler, ça c’est du génie ! Des femmes stéréotypées, bien évidemment, de DJ, la maman coincée, à l’éternelle tata trentenaire et party-girl, Stéphanie, ou la femme enfant insupportable : Kimmy. Aucune ne redéfinît le concept de la femme à l’heure des années 2015, même si les actrices se donnent à leurs personnages complétement. Cela dit, leurs carrières étant en sommeil depuis la fin de la série, elles ne pouvaient que se donner sur ce retour.

Clichés racistes

Kimmy+and+Fernando+2L’autre choix de mauvais goût est de faire de l’ex-mari de Kimmy un latino à l’accent fort douteux, un séducteur argentin stupide et sans scrupules. Si dans les années 80 et 90, l’accent passait vues les mœurs de l’époque, où les stéréotypes faisaient rires, aujourd’hui, l’accent ridicule de Fernando apparaît comme du racisme éhonté. Un accent qui souligne l’origine de cette manœuvre sensée renouveler la famille américaine bien blanche et proprette et éviter de se faire accuser de discrimination, en intégrant des latinos dans le casting récurrent. A l’heure des Oscars So White et autres minorités qui ont enfin une place à la Télévision, sans pour autant être des stéréotypes, l’écriture de La Fête à La Maison 20 Ans après semble être restée coincée dans les années 90, un peu comme ses scénaristes.

Loin du culte, proche de la parodie

Quant aux enfants, les nouveaux héritiers de la saga, un seul sort véritablement du lot, entre les caricatures que sont Ramona et Jackson. Le petit Max est un tourbillon de fraîcheur, même si parfois, il nous rappelle Michelle. Il est non seulement mignon, mais possède sa propre écriture et ses propres catchphrases. Seul personnage qui fonctionne et fait rire, il remonte un peu le niveau, au milieu de tous ces flashbacks et autres intrigues niaises et soporifiques, digne d’une production Disney Channel…et encore !

Que dire pour conclure ? Qu’une fois de plus ce remake/suite nous prouve que cette ère que nous vivons actuellement en Télévision ferait mieux de se terminer. Faire revivre des franchises à succès dans le but d’en refaire des cultes n’est qu’une utopie, puisque tous les derniers exemples de remakes et autres reboots, de Heroes Reborn à X-Files, ne font que confirmer que la nostalgie ne suffit pas pour refaire une bonne série. La recette d’une bonne série, qu’on le sache, n’existe pas. Ce qui la rend réussie et culte est, entre autres, son contexte, son époque, son écriture, et son originalité. En 2016, La Fête à La Maison 20 Ans après n’est qu’une pauvre parodie ratée de La Fête à La Maison, série de notre enfance qui reste dans le cœur de beaucoup. Le Cerveau vous recommande de ne pas vous faire du mal pour rien, et attend avec impatience que cet engouement de la nostalgie se tasse.

Crédits : © Warner / Netflix

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