Critique du film Interstellar, magnifique odyssée de Cristopher Nolan dans une autre galaxie mais qui garde aussi les pieds sur Terre et joue sur l’émotion humaine.

interstellar-epique-et-profondement-humain-cooperInterstellar suit un groupe d’explorateurs qui part en mission. La mission la plus importante de l’histoire de l’humanité : franchir les limites de notre galaxie pour savoir si l’homme peut vivre sur une autre planète… Au centre du film, on trouve Cooper (Matthew McConaughey) un père de famille veuf qui s’occupe de sa fille et de son fils adolescents. Ancien ingénieur et pilote, Cooper est aujourd’hui agriculteur et tient une ferme avec son beau-père Donald (John Lithgow). Un métier demandé dans un monde où nourrir les gens est devenu la priorité parce que les ressources se font de plus en plus rares. Il n’y a plus de force armée et les ingénieurs ne sont plus demandés pour leurs compétences. Cooper voulait être astronaute et explorer l’univers et quand la NASA lui propose de partir en mission pour sauver l’humanité et assurer un avenir pour sa famille, il ne résiste pas à la tentation de partir. Cependant, il doit laisser sa famille derrière lui ce qui est un déchirement, surtout avec Murphy, sa cadette.

Depuis Mud (ou même Magic Mike) Matthew McConaughey est clairement dans une seconde phase de sa carrière. Une carrière qui a explosé et qui n’est pas prête de s’arrêter. Son rôle dans Dallas Buyers Club l’a sacré d’un Oscar hautement mérité, celui-ci l’envoie littéralement dans les étoiles. Cependant, il n’est pas certain que Anne Hatthaway soit l’actrice parfaite pour son rôle. Contrairement à McConaughey, elle ne brille pas.

Epique et humain

Avant d’être un film sur l’espace et la découverte d’un autre monde, Interstellar est un film profondément humain. Sur l’humanité en général mais surtout à propos d’êtres humains en particulier qui tentent de se sauver eux-mêmes. Un instinct de survie qui va au-delà des limites. Cooper doit sauver la race humaine mais il doit aussi sauver sa famille. On a comme une double lecture avec un film qui se regarde non seulement à l’échelle interplanétaire mais aussi à travers les yeux de Cooper et de sa fille. C’est comme si on avait un blockbuster et un film indépendant combiné qui va aller au fin fond de l’espace mais qui va également suivre ces personnages à l’échelle humaine.

Et au centre de l’histoire, on a cette fille, Murphy, un petit génie qui est source d’espoir pour son père. Une fille (Mackenzie Foy) qui va grandir et devenir une femme accomplie (Jessica Chastain). La relation entre Cooper et Murphy est tout aussi importante que la mission de l’équipe de trouver une planète viable dans une autre galaxie. Certes on a un côté réduit mais en même temps, c’est à travers cette famille que l’attachement émotionnel se fait. De plus, l’émotion générale du film est mise en exergue par la musique de Hans Zimmer. Les silences dans l’atmosphère sont aussi très lourd de sens sans jamais donner un côté trop angoissant.

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Un réalisme assumé

Christopher Nolan a vu les choses en grand avec Interstellar. Visuellement, Nolan a réussi un tour de force. Les images sont sublimes mais ne sont pas surfaites. Le souhait du réalisateur était que son film soit réaliste et en ça, il a réussi. Le choix de filmer en 35mm y est peut être aussi pour beaucoup. Il a basé son scénario – écrit à quatre mains avec son frère Jonathan Nolan- sur des faits scientifiques avec l’aide de Kip Thorne et non de la pure science-fiction qui n’a aucun sens. C’est en ça qu’on imagine que tous les événements du film pourraient réellement arriver dans le futur même si on en est très loin, comme une véritable projection. Le film est découpé en plusieurs parties, presque en acte avec une première partie sur terre d’environ 45 minutes qui établie les personnages puis on part rapidement dans l’espace et on vit avec l’équipage. Un équipage composé de quatre astronautes. Cooper, Le Dr Amelia Brand (Anne Hathaway), l’astrophysicien Romilly et le scientifique et co-pilote Doyle (Wes Bentley).

L’Amérique, sauveuse de l’humanité

interstellar-epique-et-profondement-humain-cooper-brand-romillyInterstellar n’est pas exempt de défauts. C’est vrai que le fait qu’il y ai peu de CGI donne un petit côté « old school » et on n’a pas forcément l’impression de voir un film de 2014 mais encore une fois, le choix de Nolan fonctionne. On connaît son penchant pour le réalisme à tout prix, cela est donc tout à fait lui et il ne se contredit pas dans sa vision des choses. On sent aussi l’influence de 2001 : l’odyssée de l’Espace. Un reproche que l’on peut faire à Interstellar, c’est son côté amériricano-américain. Les Etats-Unis qui partent seuls en sauveurs de l’humanité sans l’aide de personne. Ceci devient un peu ennuyant. Heureusement qu’on est happé par l’histoire et qu’au bout d’un moment, on ne remarque plus ce détail. Un autre reproche qu’on peut faire au film c’est que si l’essentiel se base sur la relation père fille, d’autres personnages comme les astronautes Romilly et Doyle manquent de développement mais on s‘attache tout de même à eux, en particulier à Romilly interprété avec justesse par David Gyasi.

Tout au long des 2h50 du film, on se demande comment se terminera la mission et si les personnages s’en sortiront en vie ou non. On gardera le silence là-dessus pour ne pas gâcher la surprise mais rien n’est sûr parce que tout peut basculer à tout moment. Si la vie sur Terre est condamnée à disparaître, certaines personnes restent optimistes quant à l’avenir de l’humanité et c’est ce qu’on aime dans ce film qui est avant tout une histoire à visage humain qui n’est à aucun moment submergée dans une technologie exagérée.

Interstellar – Bande-annonce

Crédits ©Warner Bros