Dracula : Pilote électrisant qui respecte la légende

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3.5

Le célèbre Comte de Transylvanie, Dracula, s’est installé hier soir avant le retour des frères Grimms sur NBC. Alors hérésie ou légende qui reprend vie ? La critique.

Avant de crier à l’abomination et d’envoyer les commanditaires de NBC au bûcher comme des hérétiques pour oser s’attaquer au mythe de Dracula à la télévision, on se calme. Dracula a débarqué hier soir avec un pilote qui donne les crocs, sanglant et électrifiant. Amis gothiques et vampiriques, créatures de la nuit et autres amateurs de chair fraîche, vous allez être servis.

Créée par Cole Haddon scénariste de comics (The Strange Case of Mr. Hyde) et produite en partenariat avec Sky living pour une diffusion anglaise, Dracula s’expose dans un pilote relativement bon, qui respecte la légende du célèbre vampire de Transylvanie. On débriefe.

Mordant

Dracula Jonathan Rhys Meyers NBC critique pilote image interneContrairement à ce qu’on a pu voir sur les vampires à la télévision, adaptations souvent très libres du  mythe originel de ces créatures buveuses de sang, comme par exemple avec True Blood – ou le festival de la fesse chez les vampires, comme on aime l’appeler chez Brain – et Vampire Diairies, Angel et Buffy, Dracula de NBC se démarque. Dans ce pilote, on retourne à l’essence et l’origine du mythe en revisitant le roman de Bram Stocker, adapté au cinéma dans le film culte de Francis Ford Coppola.

Plus adulte et plus axée sur le mythe originel, Jonathan Rhys Meyers est Dracula, un poil mélo (c’est Jonathan Rhys Meyers….faut pas pousser), parfois lent, mais Dracula quand même. Dans cette version, le Comte, qui sommeillait depuis plusieurs siècles dans une tombe de fer se voit ramené à la vie par Van Helsing en personne. Dans quel but ? Celui de venger sa femme en démantelant et détruisant une confrérie obscure et puissante basée à Londres : l’Ordre du Dragon. Le même ordre qui a tué sa femme avant qu’ils ne le transforment en créature de la nuit.

Dracula : Justicier des Enfers

Si certains noteront des libertés flagrantes dans cette relecture du mythe de Dracula sous la plume de Cole Haddon, on note un respect pour les personnages, symboles et thèmes principaux de l’œuvre littéraire dont il s’inspire.

Tout en exposant la légende et ses protagonistes, Mina Murray, Jonathan Harker, Lucy Westenra, Reinfield… Ce pilote prend le temps de revenir aux thèmes de ce roman aux multiples motifs : comme la véritable nature du pouvoir, de l’humanité, les conséquences de la modernité et des débuts de l’industrialisation à l’époque Victorienne. Si, ici, le Comte de Transylvanie se présente comme un riche industriel américain, brillamment incarné par Meyers dont l’accent d’Outre Atlantique est presque parfait, l’intrigue se déroule intégralement dans la ville de Londres, et non dans le château de Dracula.

Dracula Jonathan Rhys Meyers  RM renfield NBC critique pilote image interne

Dracula, businessman

Dracula est donc Alexander Grayson, secondé par son fidèle R.M Renfield, cette fois ci afro-américain (Nonso Anozie, le Xaro Xhoan Daxos de Game of Thrones), qui se présente pour la première fois à la Noblesse Londonienne. Une présentation illuminée qui nous rappelle étrangement une scène du film Le Prestige illustrant l’illusion lumineuse de Nikola Teskla à la même époque. Une soirée qui marquera les antagonistes de cet anti-héros, ainsi que les personnages principaux que l’on retrouvera dans les épisodes qui suivront. Une présentation qui explique aussi au spectateur l’objectif de Dracula : détruire ceux qui l’ont détruit, venger sa destinée, en jouant la carte de l’homme d’affaire pour mettre fin à l’industrie pétrolière dont les ficelles sont tenues par cet Ordre obscur.

Sex,  Blood and Steampunk

Dracula Jonathan Rhys Meyers NBC critique piloteQui dit Vampires et époque victorienne, dit Steampunk. Et Dracula de NBC n’échappe pas à la règle.  Avec des personnages inédits, comme Lady Jane Weatherby, une femme obscure au sex-appeal indéniable qui n’échappera pas au charme irrésistible de Dracula, avec ses robes extrêmement sexy pour l’époque. Si pour certains l’accoutrement de Lady Jane peut sembler un poil improbable d’un point de vue purement historique, il reste compréhensible puisqu’il illustre, à sa manière, la remise en cause de la sexualité de la femme à l’époque victorienne, un des thèmes largement discuté dans le Dracula de Bram Stocker.

Sur la  faim

Côté visuel, la scénographie et esthétique de ce pilote est assez bonne même si contestable. Toujours dans la veine du steampunk, quand Alexander est Dracula, l’ambiance est plus noire, plus factice et surtout plus steampunk que le Londres victorien assez plausible de la série. Une ambiance sombre et surnaturelle et certains ralentis qui nous rappelle celle du film Van Helsing (non ce n’est pas une bonne chose), ou celle à coup de séquences bullet-time à la Abraham Lincoln Chasseur de Vampires. Et c’est bien dommage, car le contraste entre les deux environnements dans lequel Dracula évolue est tellement flagrant qu’il ternit la qualité scénaristique et visuelle de ce premier épisode, soutenu par la musique angoissante et baroque de Trevor Morris (Les Tudors, la Chute de la Maison blanche, Immortels).

En somme, Dracula a tout pour signer un autre succès du network, qui se refait une image notamment grâce à Hannibal , The Blacklist ou Revolution. Une série sous fond de sang, de sexe, conspiration et intrigue surnaturelle surfant sur une légende qui fascine depuis plus d’un siècle, au potentiel indéniable. On attend la suite, les crocs acérés.

Crédits photos : ©NBC

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