Heroes Reborn : Suite stéréotypée et compliquée (critique)

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Critique du reboot de Heroes, Heroes Reborn, une suite un peu bâtarde de la franchise culte de NBC qui ne convainc pas.

Jeudi soir, NBC proposait le retour d’une série culte du début de ce siècle, Heroes créée par Tim Kring. Un reboot qui n’en est pas vraiment un, à l’ère de la resucée de franchises à tout va. Un retour compliqué pour une série qui s’était éteinte dans la douleur après avoir offert des débuts légendaires.

Heroes Reborn ne renaît pas de ses cendres, telle un Phoenix. La mini-série se positionne très vite dans cet épisode en deux parties intitulé « Awakening », comme une suite un peu bâtarde et mutante d’une série qui n’a pas su tenir sur la longueur. Une saison inattendue avec un nouveau casting, 5 ans suivant les évènements de la série mère, qui ne donne vraiment pas envie de crier « Yataaaaaa ».

Nostalgie, quand tu nous tiens

heroes reborn noah bennetSi la nostalgie est l’élément primordial lorsque l’on écrit un reboot, Heroes Reborn ne fonctionne quasiment que sur cela. Du fan-service pur, avec des références à n’en plus finir aux personnages d’antan, comme Claire, notre bonne vieille Cheerleader, servies à tout va.

L’annonce du retour de personnages important de la mythologie de Heroes (Hiro Nakamura, Mohinder Suresh, Angela Petrelli, Matt Parkman, Noah Bennet…), et retour dans des lieux mythiques comme Primatech à Odessa, toujours dans cette perspective de placer le spectateur en terrain connu, a l’effet escompté : on est content, ravis de retrouver Heroes Reborn, avant le désenchantement qui suivra.

Le thème de la série d’ailleurs, que l’on entend dès les premières secondes de ce double épisode d’ouverture, n’aide pas ce sentiment de fan-service, puisqu’il est resservi à outrance en une heure et demie, à chaque référence du passé, ou usage de super-pouvoir. Si dans les premières minutes, la mélodie fait son travail, au bout d’une demi-heure, le spectateur est lassé par cette overdose mélodique et ce manque de renouvellement, même sonore.

Des personnages stéréotypés

Quant aux personnages, le sentiment de déjà vu ne fait que s’amplifier au fil des séquences. Le summum étant atteint avec Miko qui nous rappelle étrangement Hiro. Si les scénaristes n’ont pas poussé le vice jusqu’au mythique « Yataaaaaaa », Miko est un peu un personnage bâtard avec son sidekick, excuse pour faire revenir la culture Kawaï japonaise si indissociable du succès de Heroes. Le fond étant atteint avec le pouvoir de cette jeune fille : Miko se matérialise en héroïne de jeu vidéo, dans la veine de World of Warcraft ou Skyrim. Si les graphismes font rire par leur manque de qualité, l’intrigue elle, dépite, pour finir un peu comme une mauvaise blague, au milieu de l’intrigue principale, avec ce destin commun prédit aux Evo(s), ces personnages aux supers-pouvoirs, celui de sauver le genre humain.

Le personnage de Zachary Levi ne convainc pas non plus, puisque monolithique à souhait. Ce chasseur d’Evos accompagné de sa femme pourrait être détestable s’il n’était pas aussi lisse et stéréotypé. On retrouve bien évidemment côté héros, le petit nerd au lycée amoureux de la jeune fille populaire à qui il va révéler son secret. « So Cliché »… Heroes Reborn regorge de personnages sans rondeurs et surtout déjà vus, qui ne renouvellent en rien l’esprit de Heroes, et qu’on va avoir du mal à approfondir avec le peu d’épisodes prévus.

Trop de conspiration tue la conspiration

heroes reborn critiqueL’autre gros défaut de Heroes Reborn est cette intrigue laborieuse qui peine à se mettre en place avec cohérence dès les premières minutes. Intrigue qui non seulement réfère aux évènements de la série d’origine, mais aussi au préquelle de cet été, Dark Matters, websérie autour de personnages que l’on retrouvera bien évidemment dans ce premier épisode en deux parties. Préquelle qui met en place beaucoup d’éléments utiles à la compréhension de ce qui se passe un an après l’attaque terroriste d’Odessa.

Le développement de cette dernière au fil des séquences est brouillon, au second plan, face à beaucoup de séquences longues présentant les nouveaux personnages de la franchise. Voulant jouer de complexité sur fond d’intrigue de conspiration, inspirée des dernières saisons de Heroes, ça ne marche pas. Et c’est là que le bât blesse. On ne comprend pas grand choses à moins de connaître la série sur le bout des doigts, surtout 5 ans après sa fin. Le Cerveau n’imagine pas la complexité que peuvent ressentir les spectateurs qui n’ont pas pris le temps de regarder Dark Matters avant de se lancer dans Reborn.

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X-Men du pauvre

Autre sentiment de déjà vu et ratage est cette intrigue simple, qui aurait pu être efficace si rappropriée et adaptée correctement, est la thématique de la lutte entre Evos et humains. Une lutte qui nous fait penser, minute après minute, à la franchise et saga X-Men au cinéma, revue version Heroes Reborn. Si la référence est bienvenue étant donné que Heroes s’est toujours voulue comme une héritière de l’univers des comics, reprendre une thématique propre à une franchise de comics culte sans la renouveler, offre un sentiment de plagiat et de manque d’imagination de la part des scénaristes de la série, qui n’aide pas ce reboot.

Heroes Reborn est bien la preuve que certains reboots feraient mieux de rester dans les tiroirs, surtout quand la qualité de la série revisitée a décliné vers sa fin. Heroes Reborn est la preuve qu’à moins de renouveler complètement une franchise sans chercher avant tout à jouer sur la nostalgie et contenter ses fans, un reboot ne fonctionne que rarement, surtout face à d’autres drama fantastique comme Sense 8. Ce qui nous fait franchement redouter les suites annoncées de séries cultes comme X-Files ou Twin Peaks. En espérant que la série culte de Lynch soit l’exception qui confirme la règle.

Crédit photos : ©NBC Universal

 

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