Mixte 1963 : Mélange des genres dans les années 60 réussi

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3.5

Critique de Mixte, la première série 100% française d’Amazon Prime Video qui transporte les téléspectateurs au début de la mixité dans un lycée des années 60.

Amazon Prime Vidéo se lance enfin dans la création de fictions 100% françaises (Deutsch-les-Landes était une co-production allemande) et l’une des premières séries de la plateforme, Mixte 1963, a fait ses débuts la semaine dernière avec la première partie de la saison 1, puis la seconde partie a été mise en ligne ce lundi.

La série, créée par Marie Roussin (Borgia, Les Bracelets rouges), suit l’intégration de filles dans le Lycée Voltaire de Saint-Jean en Charente-Maritime, qui était exclusivement réservé aux garçons jusqu’à présent. Nous sommes au début des années 60, en 1963, une époque où les écoles ne mélangeaient pas les filles et les garçons.

Dès le départ, il est difficile pour ces filles de se faire une place dans cette école remplie de garçons qui ne les acceptent pas et les rabaissent à coup de remarques désobligeantes. Même certains membres du corps enseignant féminin sont contre elles, ce qui n’aide pas à leur intégration. La série tente ainsi de se faire le reflet d’une époque où le sexisme était flagrant et tente de traiter de la question de la parité. Elle traite également des questions de classes et d’inégalités sociales dans une France présoixante-huitardes.

Un passé qui reflète le présent

Ce qui est intéressant, c’est que même si la série se déroule presque 60 ans en arrière, le sexisme et les problèmes dénoncés dans la série font complètement échos à ce qui peut se passer aujourd’hui dans les lycées, mais aussi dans la société en général. Et évidemment, on voit le progrès qui a été fait en 60 ans parce que ce n’est plus pareil.

Il est donc possible pour les plus jeunes qui regardent la série de se voir dans certains personnages et pour la génération des baby-boomers, de voir représentée une époque qu’ils ont vécu même si on sent que la série n’est pas directement faite pour eux. Est-ce complètement juste ? Peut-être pas, mais il a une certaine authenticité dans les personnages qui est attachante.

Et avec intelligente, la série arrive à se jouer des codes des séries pour ados d’aujourd’hui parce que le vrai public cible sont les jeunes, pas nécessairement les baby-boomers qui ont pourtant vécus cette époque tout en restant de son époque. Alors évidemment, les clichés sont présents comme le beau gosse fils du boucher et sa sœur un peu naïve, le bad boy, le môme de l’assistance mal aimé, la jolie fille intelligente qui n’est considérée que pour son physique, ou encore la fille positive amusante ou le rondouillard adorable mais constamment embêté par ses camarades.

Et si les intrigues adolescentes ne sont pas toujours des plus recherchées, les reconstitutions de l’époque sont plutôt réussies et on a vraiment l’impression d’être dans les années 60. Les jeunes comédiens sont très bons dans leurs rôles et ils arrivent à nous toucher.

Une place pour les adultes

Les ados sont au cœur de la série et sont bien plus mis en avant, surtout dans la première partie de la saison mais la seconde partie laisse un peu plus de place aux adultes, ce qu’on apprécie grandement. Les intrigues concernant corps enseignant sont vraiment intéressantes, on pense notamment au mariage arrangé entre M. Bellanger, le surveillant général (Pierre Deladonchamps) et Jeanne l’infirmière du lycée (Maud Wyler) qui est lesbienne chose complètement tabou à l’époque. Cet arrangement avec Bellanger lui permet de cacher son homosexualité

La série traite également du divorce de la jeune prof d’anglais (Nina Meurisse), autre sujet tabou de l‘époque. Cela était mal vu d’être une femme divorcée dans les années 60, surtout si on vient d’une famille religieuse.

Mixte est une série pleine de charme, elle peut évidemment encore mieux faire parce qu’elle est par moment un peu trop manichéenne. Mais il y a une belle énergie dans le casting et on a envie d’en voir plus de certains personnages. Si une saison 2 est commandée, on espère un approfondissement des personnages, à l’image de la seconde partie qui commençait vraiment à montrer des personnalités plutôt que des stéréotypes. Il serait aussi intéressant de voir la série traiter d’autres sujets comme le racisme, très présent à l’époque, qui est à peine effleuré ici (quelques commentaires contre les pieds-noirs sont prononcés).

Crédit ©Amazon Prime Video

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