L’édito : Les séries télé, nouvel opium du peuple

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Un constat évident s’impose : les séries télé rendent accroc. Une vraie drogue dure distribuée par ces nombreux dealers que l’on appelle communément chaînes télévisées. A la différence près qu’on n’organise pas de conventions en l’honneur de la cocaïne ou de la méthamphétamine.

Plusieurs genres, plusieurs publics, plusieurs effets. Tout d’abord une forte dépendance. Car le principe même de la série est de créer des suites à n’en plus finir, provoquer des sueurs froides et livrer un suspense torride via d’inévitables cliffhangers. Et les symptômes qui en découlent sont nombreux : téléchargements et lecture intensive d’épisodes, multiplication des posts sur les forums, le tout ponctué d’une impatience chronique.

Des séries, plus de séries, encore des séries. On comprend pourquoi les productions enchaînent les projets à la limite de la profusion. Et ce n’est pas en vain compte tenu de la demande, qui n’a jamais été aussi forte. Parfois même, cela dépasse tout simplement l’entendement tellement les concepts se multiplient, pour la bonne et simple raison que la fabrication de feuilletons devient une fin en soi. Le tout au détriment de toute créativité, malheureusement, et du bon goût en général. Aussi, CBS et BBC se bousculent pour avoir chacun leur version de Sherlock Holmes, ABC et la CW auront deux Belles et deux Bêtes… de là à savoir laquelle des deux sera la plus poilue… Comme si finalement, tous ces caïds et le cartel de la substance télévisuelle se disputaient leurs territoires et les quelques millions de clients potentiels. Internet étant, à ce titre, un moyen exponentiel idéal pour distribuer la marchandise au rabais.

Il faut dire qu’il y a des concepts qui marchent. Tout simplement parce que, révélation quand tu nous tiens, les séries, on en a besoin ! Elles ont cette faculté de combler un manque, quel qu’il soit, pourvu que l’on se laisse aller. Pour les éternels célibataires qui cherchent désespérément l’amour ? Il y a How I met your mother. Pour les dégoutés de l’espèce humaine ? Il y a la science-fiction, les voyages spatio-temporels, comme pour assouvir une envie de dépaysement et de se sentir moins seul dans l’univers avec Doctor Who, l’équipe SG1 et le Battlestar Galactica. Peur des terroristes ? Heureusement, Jack Bauer est là ! Sauf bien évidemment, s’il est retenu dans les bouchons, ou qu’il a une envie pressente, ce qui n’arrive jamais en 24 heures voyons.

Quand un mec découpe toute sa famille et une dizaine de prostituées de passage, pas de craintes, les Experts arrivent et le chopent en 45 minutes. Rassurant non ? A l’instar des campagnes électorale fondées sur le problème de l’insécurité, le feuilleton policier fait des petits et bientôt se décline en autant de versions qu’il y a de ville. Les Experts Miami, Manhattan, Las Vegas, Los Angeles, Vaison la Romaine, Rambouillet…etc… En France aussi, après extinction de nos commissaires Navarro et Moulin (commissaire à rien), on repique allègrement la formule. Sauf qu’à la place, on a Profilage, R.I.SSection de recherche avec…Jean-Pascal ! On a beau vouloir imiter les produits américains, il ne faudrait pas les couper avec n’importe quoi. Surtout pas avec un Horacio Caine en carton-pâte.

Autant d’illusions qui nous font oublier qu’au bout du compte, comme toute drogue, quand l’effet prend fin, le retour sur terre est difficile et la rechute parfois inévitable. Chez Brain Damaged, pour vous éviter l’overdose fatale, on vous guide, vous conseille. Tous les produits sont testés, passés en revue avant injection. Et à la rédac, c’est chacun son trip, sans jamais être bad. Alors vous aussi, si vous avez de la bonne, n’hésitez pas à faire tourner !

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