Découvrez l’avis du Cerveau pour Blade Runner 2049, suite du film culte de SF de Ridley Scott sous l’œil de Denis Villeneuve. Une œuvre visuellement sans pareille pour une véritable déception scénaristique. La critique.

Quand est-ce qu’on laissera les films cultes tranquilles ? Telle est la question que se pose le Cerveau après avoir vu Blade Runner 2049.  Pourtant l’idée d’étendre l’univers du film de Ridley Scott, Blade Runner, adapté du roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, dystopie noire et esthétisée comme jamais, était intéressante sur le papier.

blade-runner-2049-photo-ryan-gosling-photo harrison ford promoL’univers de Blade Runner étant déclinable à l’infini, les thématiques autour de cette histoire profonde et intéressante, notamment en termes d’humanité, d’ultra-consumérisme et d’avilissement de certaines catégories de la société, étaient bienvenues. Surtout quand le réalisateur originel s’est impliqué dans le projet.

30 ans plus tard

Revenons au pitch avant d’expliquer « le-comment-du-pourquoi-que-ça-ne-marche-pas-30-ans-plus-tard »: Blade Runner 2049 se déroule donc en 2049 (No way !), la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bio-ingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies…

Œuvre d’art

Blade Runner 2049, une idée encore plus excitante à l’annonce du nom derrière la caméra : Denis Villeneuve. Le réalisateur friand de SF qui s’est brillamment illustré dans Premier Contact et son univers original et lyrique, minimaliste, fait un magnifique travail à la caméra. Un merveilleux travail même, reprenant l’univers marqué de Blade Runner, celui des années 80, dans les couleurs froides, chaudes, et ses machines rétro-futuristes.

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On est ébloui dès les premières scènes jusqu’à la dernière, pour ces images sublimes qui font honneur à la franchise et au film originel. Entouré par une équipe de perfectionnistes, et de son directeur de la photographie Roger Deakins (Sicario, Premier Contact) le cinéaste fait de ce film un pur objet artistique d’une beauté inégalée.

Tribute

Dans cette suite, on ne dénature pas le travail de Ridley Scott, on l’étend visuellement, l’honore et le célèbre dans des images qui frisent l’œuvre d’art contemporaines. Le Cerveau ne va pas mentir, Blade Runner 2049 est visuellement une belle réussite. Une sublimation du film originel, qui respecte son héritage mais qui se permet aussi d’inscrire une couleur propre à Denis Villeneuve, qui possède son propre style et esthétique.

blade-runner-2049-photo-ryan-gosling-Un style qui se marie à merveille avec l’héritage de Scott. Une beauté un poil cassée par la bande originale du duo Hans Zimmer et Benjamin Wallfish, entre tambours et mélodies électro-saturées qui peinent à rivaliser avec le travail de Vangelis sur le film originel, pour une image comme jamais vue en SF.

Un peu -beaucoup- convenu

Si Blade Runner 2049 est un bel objet visuel et un film stylisé, scénaristiquement on ne peut pas dire que c’est bon. C’est même décevant. Vendu comme un film d’action, ce qui pouvait faire peur à certains, cette nouvelle itération du monde futuriste que nous connaissons, sans Tyrell, est presque convenue, lente, et peu recherchée.

En effet, cette suite de deux heures et demi, sans compter le générique (accrochez-vous bien c’est très long) souffre d’un script léger et pas assez recherché. Ce n’est qu’une suite sans réinvention avec de nouveaux personnages, un nouveau « Tyrell » qui se prend pour dieu (aucun lien avec Loras – ceci était le moment vanne GoT gratuite – ne nous remerciez pas), un nouveau réplicant qui se pose des questions sur son état, et une nouvelle antagoniste. Une antagoniste réplicant stéréotypée et plus que risible à certains moments, ce qui n’aide pas un scénario lui-même convenu et surtout balisé.

Androïde, IA… sans surprises

Peu de surprises, notamment pour ceux qui connaissent l’univers Blade Runner, et qui s’attendaient à de nouveaux enjeux et thématiques, surtout à l’aube des androïdes et autres intelligences artificielles dans notre réalité. Le spectateur est avant tout bercé par l’image, sans pour autant être impliqué dans l’histoire.

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Ryan Gosling porte la majorité du film à lui seul, accompagné de son « produit », une intelligence artificielle dont il est amoureux du nom de JOI (Her est déjà passé par là, avec brio, dommage de ne pas aller plus loin). Le film passe à côté de tout ce qu’un univers de science-fiction futuriste peut proposer pour remettre en question notre mode de vie, à l’heure du changement climatique ou de l’hyper-consumérisme. Problème, la SF ce n’est pas que visuel, elle DOIT remettre en question notre réalité ou humanité. Ce qui n’est pas le cas dans Blade Runner 2049.

Papy Ford

blade-runner-2049-photo-ryan-gosling-photo harrison fordEt c’est bien dommage. Car si on se laisse très vite emporter par l’univers et l’esthétique de ce nouveau Blade Runner, on attend bien plus d’une suite d’un mastodonte de la science-fiction, qu’une presque redite de ce qu’on a pu voir, ou vu ailleurs sur grand écran. La recherche identitaire au cœur de Blade Runner 2049, avec ce questionnement sur les origines de K, est la colonne vertébrale d’un film qui aurait pu être tellement plus.

Quant à Harrison Ford, il faudra être patient avant de le voir. L’acteur iconique de la SF prend son temps avant d’arriver à l’écran, entre scènes d’expositions et contemplation, et ne va pas vraiment changer les choses ou mouiller la chemise au-delà d’une confrontation tout en poings avec Ryan Gosling. Une confrontation dans une scène décalée et visuellement recherchée, qui ne change rien à l’intrigue. Au-delà de cette séquence, on retombe dans la contemplation et une lenteur avant la scène finale. Comme si le but premier de ce film était la réinterprétation visuelle plus que narrative.

Laissons les cultes reposer tranquille

Alors qu’on imaginait Blade Runner 2049 comme l’une des rares réussites à l’heure des préquelles, suites et autres reboots ou remakes, et malgré une vision cinématographique qui frise la perfection, le film est un long (très long) métrage bancal, tiraillé entre son envie de friser l’art contemporain rétro-futuriste et celle de faire un film de science-fiction sans trop chercher l’exploit.

Entre l’hommage et un scénario balisé, le Cerveau ne peut pas dire que cette suite est l’exception qui confirme la règle : celle qu’un film culte est culte parce qu’il existe des raisons propres à son style ou intrigue, mais aussi une époque, et que jamais une suite (ou remake, ou reboot, ou préquelle) ne pourrait égaler sa grandeur. Qu’on laisse ces cultes en paix.

Blade Runner 2049 : Bande Annonce VOST

Crédit photos : ©Sony Pictures.