Morgane : Frankenstein revisited

Découvrez la critique du film Morgane, avec Kate Mara et Rose Leslie, un Frankenstein des temps modernes qui peine par son manque d’audace

Hier est sorti dans les salles le film Morgane. Un film de genre réalisé par Luke Scott, fils du célèbre réalisateur de renom Ridley Scott, qui se lance pour la première fois derrière la caméra.

Un film de genre, teinté de thriller et d’horreur, dont la bande-annonce promettait frisson et horreur, ainsi qu’une intrigue sous fond d‘intelligence artificielle. Malheureusement, Morgane, arrive trop tard pour proposer quelque chose de nouveau dans le genre, surtout après Ex-Machina d’Alex Garland.

Morgane, c’est l’histoire d’une consultante (Kate Mara) qui est envoyée dans un lieu isolé et tenu top secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui s’y est déroulé. On lui présente alors « Morgane », à l’origine de l’accident, une jeune fille apparemment innocente qui porte en elle la promesse du progrès scientifique. À moins qu’elle ne se révèle être au contraire une menace incontrôlable.

Ex-Machina 2.0

Morgane c’est une expérience scientifique inspirée par le mythe de Frankenstein qui tourne mal. Une créature mi- humaine mi- synthétique, créée en partie grâce à des nano-bots, qui cherche à se comprendre et se connecter aux autres, mais qui possède quand même un penchant violent. Son extrême intelligence et son manque d’empathie feront d’elle un monstre sans pareil, avant la boucherie attendue et promise par la bande annonce du film.

Le film de Luke Scott portait la promesse d’un long-métrage de genre captivant, mais surtout intelligent. Malheureusement il peine par son manque de profondeur et d’innovation tant dans sa réalisation épurée que son intrigue au parcours balisé. Une intrigue et une mise en scène qui seront d’ailleurs constamment mises en parallèle à Ex-Machina, qui surfe sur les mêmes thématiques, et qui lui aussi propose une mise en scène minimaliste et épurée.

Sans vraie surprise

Les spectateurs aguerris et férus de films de genre verront tout de suite l’issue et la résolution de l’intrigue dès les premières séquences de Morgane. Notamment concernant le personnage de Lee Weather, frisant la perfection et extrêmement analytique. Ce qui n’empêche pas d’apprécier le voyage dans cette histoire de Frankenstein revisitée à l’ère des prouesses scientifiques, de la génétique et des recherches financées par des grandes corporations qui n’ont que d’intérêt pour le profit.

Frankenstein des Temps modernes

Morgane aurait pu être solide s’il ne proposait pas cette impression de déjà vu et s’il ne restait pas en surface vis-à-vis de ses nombreuses thématiques : tels que le paradoxe du bien et du mal, ce qui définit la personnalité de quelqu’un, l’éducation, l’empathie, où est-ce inné ? Qu’est l’humanité, et peut-on espérer d’un être créé de toute pièce d’être comme un humain ? Doit-on considérer ce dernier comme tel d’ailleurs, ou comme un produit dont on fera fis des émotions et de ses aspirations ? Des questions résolument inspirées par le mythe du Prométhée post-moderne, revisité ici façon science-fiction.

Des questions que Morgane ne fait qu’effleurer malheureusement, au profit de scènes gores et d’action, que ce soit en huis clos ou en pleine nature, attendues dans ce genre de film. Des scènes qui restent en soit réussies pour des confrontations entre Morgane et Lee au corps à corps assez impressionnantes, pour deux femmes qui s’affrontent dans une violence assez rare.

Divertissant

Les prestations du reste du casting, tentant de mettre en avant les liens qui unissent les humains et de définir l’humanité, restent correctes. Le Cerveau salue en particulier celle de Kate Mara, qui se donne dans certaines séquences d’action et qui arrive à incarner un être sans empathie et pragmatique, avec conviction. Ainsi que Rose Leslie ( Ygritte dans Game of Thrones) qui propose une prestation parfois surprenante, notamment quand son personnage est face à des situations de crises ou de choc. Morgane reste un film de genre cohérent et abouti, même s’il peine à proposer aux spectateurs fans d’horreur et de thriller, de l’inédit. Le film de Luke Scott possède quand même quelques qualités qui méritent qu’on se déplace en salles, pour un divertissement qui se laisse apprécier malgré ses défauts.