MacGyver saison 1: Remake en carton (critique)

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1.5

Critique du pilote de MacGyver qui s’est dévoilé hier sur les écrans de CBS. Une revisite ratée et stéréotypée, pour un véritable remake en carton ridicule loin de faire honneur au vrai MacGyver.

Tout le monde connait MacGyver. Pas besoin de présenter le héros des années 80, roi de la débrouille et du « life-hacking ». Le génie du système D, de l’imagination, et des situations risquées.

MacGyver, c’est la série qui a révélé Richard Dean Anderson. Celui qui aux yeux de tous est, et restera, Angus MacGyver, même après 10 ans de lead dans la série de science-fiction Stargate SG-1. Une série culte avec laquelle beaucoup de trentenaires d’aujourd’hui ont grandi, célébrant l’ingéniosité, l’intelligence et la débrouille, à une époque où tout était possible.

Entre série d’espionnage et d’aventure avec des touches d’humour et des intrigues travaillées, MacGyver aura duré 7 saisons sur les écrans d’ABC, de 1985 à 1992. Elle aura été un véritable succès aux USA bien-sûr, mais aussi en Europe et en Australie. Un véritable culte de la Télévision, pour un personnage qui est entré dans la culture populaire comme le mec le plus débrouillard des temps modernes : celui capable de faire avec un trombone, un réchaud, une tente et des fils, une véritable montgolfière.

Carton-pâte

En 2016, voilà que CBS décide de faire revenir MacGyver sur les écrans, après deux téléfilms et un spin-off : Young MacGyver en 2002 (que tout le monde a déjà oublié). Un remake au temps des remakes à foison, histoire de profiter de la vague nostalgie des années 80, et faire des économies.

Une espèce de procédural  générique qui reprend la recette originale de la série culte, avec de nouveaux personnages, et un nouveau MacGyver interprété par Lucas Till, sosie raté de Richard Dean Anderson. Diplômé de MIT, on fait connaissance avec ce dernier lors d’une séquence d’espionnage dans une soirée très 007, où il est chargé de récupérer une arme bactériologique. Mais dans cette version 2016, MacGyver n’est pas tout seul, il est accompagné d’un acolyte « gros bras » interprété par George Eads, et d’une spécialiste de l’informatique chargée de l’aider dans ses missions, qui en début d’épisode, n’est autre que sa petite copine.

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Pas de back-story pour les personnages, même pour ce nouvel Angus et son équipe faisant partie d’une l’agence gouvernementale : la DXSI (et non de la fondation Phoenix, qui ne sera créée qu’en fin d’épisode et qui restera gouvernementale). Une équipe chargée de mission diverses, qui dans ce pilote est de retrouver cette arme bactériologique. Entre la petite copine agent-double qui sera remplacée par une nouvelle recrue issue de prison (et grand génie du hack informatique), les comparses d’Angus sont toujours à ses côtés et vont s’appuyer sur l’ingéniosité de notre bon nouveau MacGyver pour réussir leur mission. Et c’est là que le bât blesse.

Les tutoriels de Mac

macgyver-le-nouveau-pilote-du-remake  atastrophe remake en cartonLes tours de MacGyver étaient réussis à leur époque car ils étaient toujours basés sur des principes scientifiques et d’ingénierie assez simples à reproduire dans la vie réelle, si l’on comprend leurs principes. Dans cette revisite version 2016, on reprend les codes de la série originelle : à savoir le célèbre couteau suisse, allié indécrottable de notre bon vieux spécialiste de la débrouille (et ce jusque dans le générique, qui est une belle hérésie, cela dit en passant), et des explications en voix-off. Si pendant 7 saisons, le MacGyver de Richard Dean Anderson ne narrait pas toujours ses exploits en système D – même si ce dernier intervenait très souvent en voix-off – dans cette nouvelle version, ce qui saute aux yeux est à quel point les scénaristes ont tenu à être hyper-détaillés dans la description des exploits de MacGyver.

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Close-up sur les outils, description écrite de ces derniers et explication en voix-off constante par Lucas Hill. Chaque exploit de MacGyver est expliqué pas à pas, un peu comme certains tutoriels de DIY sur YouTube, ou comme si l’on prenait le spectateur pour un gros débile qui n’a aucune base de l’électronique ou de bricolage. Sur six bricolages (de l’aimant, au parachute en passant par comment récupérer une empreinte ou une bombe fumigène) tout est expliqué pas à pas, comme si les scénaristes avaient envie de prouver que leurs propres bricolages étaient véridiques. Sans imaginer que peut-être, de jeunes spectateurs impressionnables seraient inspirés à les reproduire, malgré leur dangerosité.

Caricatural

macgyver-missil-clin-d'oeil-ridiculeMais ce n’est pas la seule chose agaçante de ce remake ennuyeux et stéréotypé. Les méchants sont caricaturaux tout comme son intrigue sur fond d’espionnage. Les clins d’œil à certaines photos cultes de MacGyver (comme celle avec le missile sur l’épaule) sont loin d’être habiles, et les punchlines de certains, comme l’hackeuse ou l’acolyte de MacGyver, sont affligeantes. Des punchlines qui viennent s’ajouter à des scènes d’actions sur-vitaminées et dopées à bloc, puisqu’en un épisode, on compte une explosion de bateaux, une cascade en avion, une course poursuite en camion militaire et hélicoptère, le tout dopé par des scènes de combats de corps à corps à foison. L’action, c’est bien, mais sans en faire des tartines.

Les années 80 c’est fini depuis longtemps

Tout le long de l’épisode, à défaut de s’ennuyer, on se rend compte que ce n’est pas une revisite ou même un hommage, mais bien un copié collé de la formule originelle en 2016, en oubliant que notre époque est bien loin de celle des années 80.

MacGyver a connu un énorme succès à une époque où la technologie s’immisçait dans la vie quotidienne de manière fulgurante. Et voir un personnage dompter ces machines diverses et variées était impressionnant. Surtout que ce dernier prônait des notions de tolérance et de non-violence tout en vivant ses aventures avec humour et simplicité. MacGyver n’aime pas les armes, c’est pour cela qu’il est l’as de la débrouille. Le problème, c’est que nous ne sommes plus à cette époque. Le DIY a envahi nos vies, surtout grâce à internet, le life-hacking n’impressionne plus, et tout le monde est un peu un MacGyver quand l’occasion se présente de résoudre ou réparer quelque-chose.

Mauvais Sosie

Le MacGyver de Lucas Till n’est qu’un sosie raté et sur-joué de MacGyver, parfois trop sûr de lui, parfois trop arrogant. Il n’a pas le talent ni le jeu de son prédécesseur qui semblait à la foi confiant mais naturel, et surtout aussi simple que ses débrouilles. Le nouveau devient même presque insupportable en fin d’épisode.

En bref, MacGyver version 2016 est bien l’hérésie que le Cerveau aurait ne pas aimé voir dans cette rentrée Séries TV US.  Un pilote qui cherche l’action à tout va, beaucoup trop rythmé, sans respiration et qui ne prend pas le temps de poser les bases de la série pour les épisodes à venir, qui auront tout de l’intrigue de la semaine sur fond d’enquêtes et de missions rocambolesques, boostées à l’informatique.

Un bon vieux procédural classique qui sera à coup-sur agrémenté d’un fil rouge autour de l’ancienne amante et agent-double du héros. On marche non seulement en terrain balisé, mais les spectateurs n’auront qu’une seule envie après avoir regardé ce pilote : d’un vrai retour à la source. Un retour au VRAI MacGyver, en visionnant les épisodes originels : un héros drôle, attachant, intrépide, extrêmement débrouillard, mais surtout, culte.

Crédits photos : ©CBS / ABC

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