Critique de X-Men : Apocalypse, dernier opus du préquelle triptyque à la franchise X-Men des années 2000. Un film moyen, qui réussit tout juste son hommage aux années 80, mais pas le reste. La critique (avec des spoilers dedans, bien évidemment) 

Aujourd’hui, mercredi 18 mai sort en salles le dernier opus de la franchise de super héros des studios de la 20th Century Fox,  X-Men : Apocalypse. Une énième déclinaison de la franchise à succès Marvel des studios, rebootée en 2011 avec X-Men : First Class et par la suite en 2014 avec X-Men : Days of the Future Past. Peut-être celle de trop ?

Râ ou Apocalypse, à vous de choisir

x-men-apocalypse-images-uneL’histoire de ce troisième opus issue de la saga préquelle aux X-Men des années 2000, est celle d’Apocalypse, le tout premier mutant de l’Egypte Antique, qui a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d’années et désillusionné par le monde qu’il découvre, puisque les hommes ont pris le contrôle sans idolâtrer de faux dieux, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l’humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l’humanité d’une destruction totale.

Terrain connu… trop connu

Voici donc un film avec un potentiel indéniable, une mythologie déjà installée, traitée et connue de son réalisateur. Malheureusement, fier de marcher en terrain connu et de rejouer avec ses acteurs et personnages favoris, Bryan Singer se contente de faire le travail basique et attendu dans X-Men : Apocalypse. Fidèle au matériel du comics qu’il adapte ici à l’écran, des quatre cavaliers au grand vilain méchant Apocalypse, tout en passant par Magneto – dont on découvre encore une nouvelle facette – le réalisateur se perd dans une volonté de vouloir offrir encore plus d’effets visuels et d’action au spectateur, introduire de nouveau mutants comme Phoenix, ou certains connus mais plus jeunes, tout en racontant l’histoire d’un comics culte de la saga X-Men.

X-Men  Apocalypse raven moira hank  jeune critique

Qu’on ne se méprenne pas, X-Men : Apocalypse reste fidèle à l’univers X-Men installé et aux précédents opus. Il reste cohérent dans l’évolution de certains personnages, comme celui de Mystique ou du Professeur X, mais manque de profondeur et de logique dans un film long de plus de deux heures. Les longueurs sont d’ailleurs ce qui empêcheront le spectateur de réellement adhérer à cette intrigue facile, mais au potentiel indéniable, à côté duquel passe complètement le réalisateur et ses scénaristes.

A côté de l’essentiel

magneto X-Men  Apocalypse critiqueCar oui, si X-Men : Apocalypse traite d’une thématique nouvelle, loin de la sempiternelle dénonciation du racisme, thème récurrent de la franchise des X-Men, il manque de la traiter correctement. Un thème classique du monde des comics et super héros : à savoir si les mutants sont en fait des dieux, et si la race humaine devrait leur vouer un culte au-delà de les considérer comme une race supérieure. Car oui Apocalypse serait celui qui se prenait pour Râ et qui inspira la Bible. Imbu de sa supériorité, il profite de la faiblesse des mutants, leur offre plus de pouvoir comme par miracle, comme le Père…  Et c’est tout. Pas d’avis de la population humaine, pas d’échange avec les humains d’ailleurs au-delà de Moira, de retour après 20 ans aux côtés du Professeur X, et surtout, pas de discussions entre les mutants sur leur éventuelle nature déiste… Tout ce qui importe c’est de retrouver les personnages dans le but de stopper cet individu et d’empêcher la fin du monde, dans des ressorts dramatiques connus de la franchise, vus et revus malheureusement, comme la sempiternelle rédemption de Magneto, raisonné par Mystique.

Réalisation un peu kitch

Ce qu’on a aimé dans X-Men : First Class et Days of the Future Past, était la réalisation sobre et raisonnée, sans surdoser les effets spéciaux, se voulant à la fois comme un témoignage d’une époque et une volonté d’inscrire le fantastique des comics dans une réalité historique commune. Ainsi la crise des Missiles de Cuba en 1962 ou l’Assassinat de JFK donnaient une plus-value à cette saga fictive fort appréciable, et plus de rondeur aux intrigues dignes de blockbusters.

X-Men--Apocalypse-raven-mystique-et-apocalypse-critique

Dans X-Men : Apocalypse, on se contente d’offrir un véritable condensé des années 80, avec sa musique, ses costumes, ses références à Star Wars (avec une pointe de sarcasme sur le 3ème opus d’une trilogie), Michael Jackson, ACDC, ou le célèbre jeu d’arcade Miss PacMan, entre autres, sans pour autant inscrire cette intrigue dans une réalité historique. On a même droit à une nouvelle séquence, fort appréciable, sur fond de Sweet Dreams, d’Eurythmics où Vif Argent sauve les mutants du Manoir du Professeur X, (puisqu’il arrive au bon moment) comme un condensé d’une époque chérie de tous en une séquence, à presque nous en faire oublier qu’elle est déjà vue, puisque ressemblant fortement à celle au Pentagone dans X-Men : Days of the Future Past.

Pas assez

affiche Professeur X X-MenSi les trentenaires seront ravis de replonger dans l’univers de leurs enfance, les références ayant l’effet d’un tendre doudou qui nous câline, malheureusement, elles ne suffisent pas. Surtout, elles donnent un côté kitch et presque drôle à un film dont les effets spéciaux et costumes, notamment ceux d’Apocalypse et ses disciples, n’aident pas la crédibilité. Oui, parlons un peu d’Apocalypse et de son costume ridicule, son univers violacé, et son maquillage hyper-prononcé entre l’Egypte antique et une armure aéro-spatiale futuriste, faisant de lui un vilain plus que caricatural. Tornade et son iroquoise nous font penser à une jeune Tina Turner du pauvre, sans parler des autres… A trop vouloir offrir des effets spéciaux, Singer en a fait tellement trop que ça en devient vers la fin indigeste, notamment avec la 3D. Bref, qui a dit que les années 80 pouvaient se passer au cinéma en tout sobriété ? Pas Bryan Singer.

Si les deux films qui précèdent X-Men : Apocalypse avaient réussi tant bien que mal à imposer une certaine cohérence et immersion dans leur époque, les sixties et les seventies, ici, les scénaristes se sont complétement ratés : focalisés sur l’hommage en bonne et due forme à une époque chérie par les fans de pop-culture, ils ont oublié ce qui avait fait le succès de ce reboot de franchise : à savoir ses sous-lectures et thématiques intéressantes autour de la différence, le racisme et l’assimilation inscrites dans une réalité de l’Histoire américaine et internationale. Pire, le film rate une nouvelle thématique qui aurait pu offrir une nouvelle vision de cet univers. Outre l’hommage aux années 80, Bryan Singer oublie de donner plus de rondeur et de profondeur à son cinquième opus de la franchise et fait marcher le spectateur en terrain balisé, over-the-top et parfois même risible. Et c’est bien dommage.

X-Men : Apocalypse – Bande annonce

crédits photos : ©Twentieth Century Fox Film 2016