Avec Creed, Ryan Coogler a réussi son pari : réaliser une suite digne de ce nom à la franchise Rocky.

Le titre annonce la promesse. Creed c’est l’héritage de Rocky. Promesse très bien tenue par Ryan Coogler, le réalisateur. Creed, c’est donc l’histoire d’Adonis Johnson, fils du défunt Apollo Creed, meilleur ennemi de Rocky Balboa. Grâce aux conseils de l’ancien grand champion, il devient boxeur professionnel.

Creed est une saga culte des années 80. C’est dire si le défi était grand de créer un film à part entière mais qui s’intègre tout de même dans la lignée de ses prédécesseurs. Pari complètement réussi. On Creed le digne héritage de Rocky illu 1bascule dans une nouvelle époque avec un nouveau boxeur : Adonis Johnson, le fils d’Apollo Creed. Mais on reste aussi dans la mythique sexalogie de l’Etalon Italien. Les clins d’oeil aux Rocky des années 80 sont nombreux et distillés avec intelligence. On retrouve dans Creed les ingrédients du mythe Rocky. La structure du film est similaire au tout premier Rocky, avec un jeune adulte en manque de repères, doté d’un fort caractère mais aussi d’un bon fond et qui trouve dans la boxe le moyen d’échapper à sa condition sociale. Mais il n’est pas question ici de faire un exact copié/collé du tout premier film de la saga. L’histoire parvient à se développer grâce au talent des deux acteurs principaux.

Un duo d’acteurs complémentaire

On replonge avec délice dans l’univers de la boxe et surtout dans le monde de Rocky Balboa, interprété par un Stallone transfiguré. L’acteur possède son personnage à la perfection. Il prend plaisir à l’interpréter et cela se sent à l’écran. Rocky, c’est comme un meilleur ami dont on n’a pas pris de nouvelles depuis longtemps. On appréhende les retrouvailles mais après quelques minutes d’ « entrevue », on retrouve tout de suite l’attachement qu’on a pour lui. Il se met immédiatement dans la peau de ce bon vieux Rocky, seul survivant de son époque : Adrienne, Mickey et Paulie tiennent désormais leurs réunions de famille au cimetière. Il coule des jours heureux à s’occuper du Adrian’s, son restaurant, en attendant son heure, parfaitement conscient que le temps passe sur lui aussi. La performance de Sylvester Stallone dans Creed a été, à juste titre, récompensée par le Golden Globe du Meilleur Acteur dans un Second Rôle, dimanche soir.

Michael B Jordan Creed le digne héritage de Rocky Illu

Michael B. Jordan : un futur grand

Il est secondé tout au long du film par Michael B. Jordan. Le duo fait des étincelles à l’image de Chris Lloyd et Michael J. Fox dans la trilogie Retour Vers le Futur. Les deux acteurs se complètent malgré leur différence d’âge alternant l’émotion et l’humour extrêmement bien dosé. Michael B. Jordan se met au diapason de son illustre aîné, en jouant juste. Au fil du film, le spectateur se prend d’affection pour ce jeune homme déterminé qui trouve en Rocky le père qu’il n’a pas connu. Il intègre totalement les valeurs de Rocky : travailler dur et plus que les autres pour être le meilleur, apprendre à ne jamais renoncer car après tout : « c’est pas fini tant qu’il n’y a pas la cloche » et se comporter dans la vie comme sur un ring : se battre contre l’adversité. Ce nouveau personnage d’Adonis Creed pourrait devenir le rôle iconique de Michael B. Jordan, comme Rocky a été un de ceux de Sylvester Stallone. Le passage de témoin se fait en douceur et le spectateur finit par s’attacher à Creed comme il l’avait fait il y a 30 ou 40 ans pour Rocky. Il serait d’ailleurs dommage que ce Creed ne soit qu’un one-shot.

Le parfait méchantTony Bellew Creed le digne héritage de Rocky Illu

Au niveau des acteurs, mention spéciale à Tony Bellew, très convaincant dans le rôle du champion en titre arrogant et suffisant, à la hauteur de ses illustres prédécesseurs Carl Weathers (Appolo Creed, Rocky et Rocky II), Mister T (Clubber Lang, Rocky III) ou le plus célèbre de tous, Dolph Lundgren (Ivan Drago, Rocky IV). Son côté mauvais garçon d’Everton avec son accent cokney à couper au couteau en version originale rappelle à la fois le footballeur Wayne Rooney et le personnage du Gitan de Brad Pitt dans Snatch de Guy Ritchie (2000)  A noter que c’est un véritable boxeur  avec un palmarès plus qu’honorable. Reste à voir si l’essai sera transformé pour une reconversion dans le cinéma à l’image de l’ancien footballeur Vinnie Jones.  

Une réalisation qui replonge dans l’ambiance

Si le jeu des deux personnages principaux est bon, le film fonctionne également grâce à la réalisation de Ryan Coogler. Le spectateur se prend au jeu de la progression du jeune boxeur. Il sent la sueur, le sang et les courbatures des boxeurs grâce aux techniques de réalisation de Coogler qui reprend à la perfection les « codes » des premiers Rocky. Grâce à un rythme rapide et des plans serrés, on vit les entraînements et les combats comme à la grande époque de l’Étalon Italien. On se retrouve au premier rang du ring, encaissant les mêmes coups que les boxeurs. Coups que Michael B. Jordan a réellement pris, comme Sylvester Stallone avant lui.  Sur le plan technique, on retiendra également l’originalité avec laquelle les différents boxeurs sont présentés tout au long du film. Mais là-dessus, comme sur l’évolution des personnages, le Cerveau n’en dira pas plus pour garder l’effet de surprise.

Une BO en adéquation

Ce qui caractérise également la saga Rocky, c’est bien sûr sa bande originale mythique. Pour Creed, la bande originale est fidèle à ce que l’on attend pour un Rocky. Certes, les titres emblématiques sont restés au vestiaire. Pas de Eye Of The Tiger par exemple. Mais, la musique « moderne » remplit tout à fait sa double mission : garder le spectateur dans l’ambiance et le rythme du film.

En résumé, du véritable fan de la saga au novice complet en matière de Rocky, en passant par le simple amateur de noble art (qui devrait découvrir quelques références cachées aux combats de boxe de « la vie réelle »), tout le monde repartira avec ce qu’il est venu chercher dans Creed : sa part d’héritage.

Creed : Bande Annonce

Crédit Image : ©Warner Bros