Scream Saison 1 : Aïe Scream… Pourquoi ?

5

1.0

Critique du pilote de Scream, la série TV sur MTV. Une purge télévisée pour un remake raté… Pourquoi ?

Pour les trentenaires enfants des années 80-90, Scream est un symbole du cinéma. Une trilogie d’horreur atypique qui aura créé un culte sans pareil sur le grand écran et popularisé le cinéma de genre, notamment le Slasher. S’en est suivi un âge d’or de l’horreur  au cinéma avec par exemple les Souviens-toi l’été dernier, Urban Legend, The Faculty, et une démocratisation de l’horreur grand public. Un plébiscite mérité pour une franchise méta qui a su jouer des codes de son genre, critiquer l’adolescence d’il y a 20 ans, avec humour et dérision.

scream-la-serie-le-nouveau-masque-reveleHier soir, mardi 30 juin, MTV lançait le premier épisode de sa nouvelle série inspirée par Scream. Nouveaux personnages, nouvelle ville, nouveau masque, pour un nouveau tueur. Une idée qui semblait à la fois alléchante mais aussi casse-gueule. Et pour le coup, sacrément casse-gueule. Aucun acteur de la production originale, devant ou derrière la caméra, avec à la scénarisation et production : Jill Blotevogel à qui l’ont doit Ravenswood, ou Cendrillon 2. Un cv bien loin de ce qu’on imaginait pour l’écriture d’un slasher à la télévision. Un slasher, à redéfinir pour le petit écran, puisque le genre suit des codes fixes au cinéma. Un pari lourd, qui d’après ce pilote, ne semble pas être gagné.

Scream 2.0

Une petite ville des USA, des adolescents, des scandales sur le web, et un meurtre. Des jeunes 2.0 accros aux réseaux sociaux, aux vidéos online, aux scandales et buzz viraux. La séquence d’ouverture annonçait du lourd : une belle critique de cette nouvelle adolescence encore plus insouciante, étalant sa vie virtuellement dans le but d’exister, dans la veine du slasher 2.0 qui vient d’arriver dans les salles : Unfriended. On se dit qu’on aura cette belle critique de l’art et la réalité, des dérives d’internet et de la violence des jeunes, qu’elle soit sociale, physique ou virtuelle. On se dit que finalement Scream, la série, peut être intéressante, l’espace d’une séquence, avant de déchanter pour assister à une pâle copie de la séquence d’ouverture du premier film de la série.  Et là le désenchantement ne fait que commencer.

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Loin de Woodsboro

Une première victime qui nous renvoie directement à Woodsboro, nous rappelle son héroïne campée par Neve Campbell, Sidney, à Courtney Cox et David Arquette. Au trio légendaire de Wes Craven, inégalable. Et c‘est là que le bât blesse. les images se succèdent, comme dans les films… Au casting, de jeunes acteurs dont le jeu approximatif et surtout peu naturel n’aide pas à l’immersion, ni l’attachement. Surtout quand l’un deux n’est qu’une imitation de Randy… L’intrigue quant à elle, imitée et donc balisée au possible, n’aide pas le spectateur à trouver de l’intérêt dans ce pilote. Pire, elle l’exaspère. On s’ennuie. L’exaspération est bien la sensation maîtresse au visionnage, accompagnée par une question que tous les adolescents des années 90, ceux qui eux ont vécu le phénomène Scream, se poseront : Pourquoi ? Quel intérêt ? Surtout quand la seule bonne idée n’est exploitée qu’en surface. WHY GOD WHY ?

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Pourquoi ? Veut-on relancer une franchise pour critiquer notre temps ou juste faire appel à la nostalgie de toute une génération pour s’assurer une audience ?  Le Cerveau a envie de dire audience, vu le rendu qualitatif médiocre de ce pilote. On assiste tout le long de cet épisode, sensé exposer l’intrigue et ses protagonistes à une succession de frasques et de déconne entre ados 2015, inspiré par ce qu’on a déjà pu voir il y a plus de 15 ans. Le méta et le sarcasme légendaire à la trilogie Scream (on pourrait dire quadrilogie, mais le dernier opus étant un sacré flop, on fera fis de ce dernier) absent de l’équation, on a l’impression de voir une parodie à grand budget.

La légende du vieux tueur au masque… ou pas

scream tv series piloteSeul nouveauté, une mythologie pour le tueur au masque inspirée par une histoire typique du genre slasher : un nouveau ghostface qui se prend pour un autre tueur, sévissant 20 ans plus tôt, devenu maléfique suite à des harcèlements répétés. Tueur en série bizarrement obsédé par la mère de notre nouvelle héroïne : Emma. Là est la seule nouveauté de Scream, la Série. Sinon tout y est : police d’écriture pour les titres, codes visuels, revisite de séquences cultes (on pense au garage, à la séquence d’ouverture, aux discussions sur le campus)…. Un pompage sans gêne, mais surtout sans fond.

On pousse même le vice vers des références à d’autres franchises de l’horreur que les cinéphiles reconnaîtront : comme Souviens-toi l’été dernier ou Seven, quand Daisy reçoit un mystérieux paquet sur son porche. Références peu subtiles et surtout sans intérêt pour l’intrigue supposée se mettre en place. Le tueur au masque se veut un peu comme Jason, ou Freddy, puisque masqué à cause d’une difformité qui l’a rendu méchant…. Ok, mais encore ? Trouver un fil rouge pour ne pas sombrer dans une folie meurtrière gratuite d’épisode en épisode oui, mais pas calquée aussi facilement sur d’autres tueurs en séries légendaires. Un tueur d’ailleurs qui s’inspire d’un autre tueur bien réel mais pas du cinéma. Où est le méta, où est l’essence de Scream dans cette histoire ?

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Pourquoi ??

Si Scream au cinéma faisait référence aux films et trilogies cultes pour critiquer l’incursion de ce nouvel art dans notre vie et jouait des codes pour dérouter le spectateur, dans la série, les rares références à l’horreur ne sont là que pour nourrir l’ambition de ses scénaristes : on fait référence à ses consœurs télévisées, de The Walking Dead, American Horror Story, Bates Motel ou Hannibal, pour tenter de se vendre comme une héritière de ces pionnières de l’horreur, la vraie, à la Télévision. Mais ça ne marche pas.

Alors pourquoi ? Pourquoi à l’ère du tout remake a-t-on donné le feu vert à une purge télévisuelle comme celle-ci ?  On veut bien du recyclage, de la déclinaison de franchise culte du cinéma d’horreur à la télévision, au succès mitigé cela va sans dire, de Bates Motel, à Hannibal, mais on attend quand même un minimum de qualité, surtout quand on s’attaque à un monstre comme Scream. MTV s’est dit qu’accueillir un projet inspiré de la franchise de Wes Craven était peut-être une bonne idée pour s’assurer une audience teen après le succès de Teen Wolf. Enfin pas tout à fait puisque le network n’a pas osé caser sa série ailleurs qu’en case estivale. Reste à voir les audiences de la série au cours de sa diffusion. Peut-être qu’elle séduira ceux nés dans les années 2000, loin de l’œuvre originale, mais le Cerveau en doute…

Crédits photos :© MTV

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