Caïn : brainterview de Bruno Debrandt et Julie Delarme

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la série Caïn est de retour sur les écrans Français ce soir, vendredi 3 avril, à 20h55 sur France 2. Les acteurs Bruno Debrandt et Julie Delarme répondent aux questions du Grand Cerveau !

Caïn, Le flic à roulette le plus cynique du paf et sa co-équipière badass, Delambre, sont de retour pour la troisième saison de Caïn ce soir sur France 2. Le Cerveau est parti à la rencontre de Bruno Debrandt (Engrenages) et Julie Delarme qui incarnent respectivement les personnages de Fred Caïn et Lucie Delambre à l’écran.  Dans une ambiance décontractée et bon enfant, les deux acteurs se confient sur leurs personnages, les enjeux de cette nouvelle saison et leur relation à l’écran. Brainterview.

Pour nos lecteurs qui ne connaissent pas la série Caïn, pouvez-vous nous la présenter rapidement ?
Bruno Debrandt : c’est une série policière pas tout à fait comme les autres puisque le personnage principal est en fauteuil roulant et qu’il a une caractéristique très singulière, puisqu’il est imprévisible. Il est comme un enfant : impertinent, agaçant, orgueilleux… et il est affublé d’une partenaire extraordinaire qui, dans la saison 1, lui est présentée comme la énième stagiaire qu’on a essayé de lui coller et qu’il a écroué, homme ou femme. Celle-ci va résister, titiller la curiosité de Caïn et finalement, ils vont être partenaires. Ce couple de flic évolue dans la SRPJ avec un commandant et ami, Moretti, et un bleu, un officier qui les rejoint en saison 2.  La singularité de Caïn c’est de ne pas vouloir faire du procédural. C’est interroger toute l’humanité. C’est le prétexte à la série policière. Ça nous permet d’interroger toutes les couches de la société, tous les climats, tous les milieux, l’intime, la moral, les valeurs. On s’amuse avec les codes et les principes policiers.

Bruno, parlez-nous du personnage de Julie. Julie, parlez-moi du personnage de Bruno ? 
cain-brainterview-de-bruno-debrandt-et-julie-delarme-illustration1Julie Delarme : le personnage de Caïn est quelqu’un qui se dissimule derrière une espèce de provocation parfois un peu rude et qui manie l’ironie pour un peu désamorcer toute les situations.  C’est un flic à l’instinct irréprochable mais il porte aussi quelque chose de sombre en lui. Il aime la mise en danger, il est déraisonnable, macho, solitaire.  Il a la singularité d’être handicapé mais de savoir très bien faire oublier son handicap. Il a un charisme qui lui permet aussi de subjuguer tous les suspects qui peuvent croiser sa route. Tout ça va nourrir une certaine admiration de la part de mon personnage… Grâce au duo qu’il va former avec Lucie il va s’ouvrir un peu plus à l’autre.

Bruno Debrandt : Au départ, elle est fabriquée pour être un faire-valoir de cet égo sur patte qui est Caïn. Elle était une jeune fliquette avec un manque de confiance,  beaucoup de timidité.   Au début elle va y aller sur la pointe des pieds mais on voit déjà qu’elle a énormément de répondant, qu’elle a un background personnel, des failles qui vont éveiller la curiosité de Caïn mais aussi de tout le SRPJ. On va voir le personnage grandir en très grande confiance on va découvrir ses qualités, ses habilités, qu’elle est un petit peu à cheval mais c’est aussi une façon pour elle de faire le mieux qu’elle peut. On a va découvrir son intimité, sa grande puissance, ses capacités de séductions énormes, sa combativité, elle va rencontrer des tas de personnages qui vont nous laisser découvrir qu’elle a une vie amoureuse, qu’elle est complexe, pleine de paradoxes. Ce qui la définit n’est pas forcement ce qui définit son intériorité et donc, elle va devenir une espèce d’âme sœur, d’alter-ego  au personnage de Caïn.

Julie, le personnage de Lucie est un peu le garde-fou de Caïn, est-ce que les rôles vont s’inverser dans cette nouvelle saison ?
Julie Delarme : elle est plutôt le sidekick. Elle se faisait un peu mal mener en saison 1. Là, un lien, une complicité est telle entre eux qu’on est plus dans cette mise à l’épreuve constante comme dans la saison 1. Maintenant on est plus dans le fait de s’intéresser à ce qui se passe intimement  en chacun.  C’est la dessus que les héros peuvent faire le clair en eux.

Bruno Debrandt : il y a maintenant une mise à l’épreuve beaucoup plus sensible et émotive.

C’est ce qu’on peut attendre de cette nouvelle saison ?
Julie Delarme : la complexité est plus intérieure qu’extérieure pour les personnages principaux. Cette année les enjeux émotionnels sont tels qu’on touche à l’intimité de chacun ce qui n’avait pas été le cas dans les saisons précédentes. On était plus focalisé sur des enquêtes et vu que cette saison il a y un fil rouge, ça nous permet  d’avoir une continuité dramaturgique sur chacun des personnages.

Y-a-t-il eu des moments plus difficiles ou plus intenses à filmer dans cette saison 3 ?
cain-brainterview-de-bruno-debrandt-et-julie-delarme-illustration2Julie Delarme : plus intense justement parce qu’il y a une fragilité qui est nécessaire.  A chaque fois qu’il y a des enjeux psychologiques forts, qu’on va un peu explorer les failles, c’est d’autant plus excitant pour un acteur. Ça touche presqu’au tragique parfois. C’est assez vertigineux.

Bruno Debrandt : on reste dans le même cadre, c’est toujours Caïn, c’est une série qui se veut divertissante, on ne rentre pas dans le drame mais par contre on découvre d’avantage ces personnages fabriqués au fur et à mesure des saisons. Leurs intimités, leurs intérieurs, leurs maisons, leurs familles, leurs amoureux etc. Une part importante était déjà donnée dans les 2 premières saisons. On a un feuilletonnant très important qui va aller jusqu’au tragique puisque au-delà de créer un espèce de fil rouge sur la saison, c’est l’intimité des personnages qui est interrogée avec le fils de Caïn qui a une vie privée un peu compliquée et qui va emmerder son père jusqu’à se retrouver impliqué dans une criminalité. Du coup, il y a une sorte de rassemblement de l’équipe autour de ce drame. Il va y avoir des dommages collatéraux et ils vont se retrouver avec des perturbations très importantes qui font qu’ils vont s’impliquer d’avantage alors que normalement dans ces situations là, la procédure décrète que dès qu’on est impliqué, on doit se retirer et là, non.

Julie Delarme : On n’est plus strictement dans le cadre professionnel. Un membre du clan SRPJ est touché et l’enjeu affectif est décuplé par rapport à une enquête lambda.

Bruno Debrandt : et toutes les entorses avec lesquelles Caïn s’amuse d’ordinaire, là, il va les appliquer à son propre compte sauf que ça ne se fait pas du tout.  Ce qui donne des enjeux d’écriture extrêmement puissants. Jusqu’où peut-on jouer avec ces codes-là : une fois qu’on a fait beaucoup d’entorses, comment on revient sur le terrain ?

Comment vous êtes-vous mis en condition pour ce rôle, Bruno ?
Bruno Debrandt : j’ai fait un stage de 3 jours à Garches. C’était très important pour moi de faire oublier mon handicap c’est-à-dire je voulais absolument ne pas être démasqué avec un fauteuil roulant comme étant un prétexte, un jeu. On a invité un conseil technique, Fabrice Malaval qui est très vite devenu un complice de chaque jour. Fabrice, qui lui est dans une situation d’handicap, oppose en permanence des questions sur l’appropriation du handicap. Comment le faire exister véritablement tout en faisant en sorte que ce ne soit pas le thème principal de la série ?    A force de vivre 80 jours par an sur un fauteuil, je me le suis vraiment approprié, c’est-à-dire je me déplace constamment avec. Il m’arrive même de passer des journées avec, d’en rêver. Mon centre de gravité change, mes jambes ne fonctionnent plus pareil. J’ai un travail à faire physique et psychologique. C’est vraiment un exercice particulier qui laisse des traces.

Comme dans toutes les séries tv policières avec un duo homme/femme comme Bones & Booth dans Bones, Castle & Beckett dans Castle, Mulder et Scully dans X-files,  Alors…Quand est ce que va pécho ??
Julie Delarme : (rires) si seulement nous le savions !

Bruno Debrandt : c’est le Gimmick de la série, Clair de Lune c’était ça, le « vont-ils ? Vont-ils pas ? » On ne sait pas mais même s’il le faisait, est-ce que ça changerait quelque chose dans leurs rapports ?

Julie Delarme : ils aiment bien flirter avec cette ambiguïté d’une romance possible. Ils ne savent pas vraiment bien ce qu’ils veulent et ils aiment bien aussi en jouer…

Bruno Debrandt : et pas seulement parce qu’ils se laissent prendre au piège, c’est ça qui est très amusant.

Avez-vous une série préférée ? Pourquoi ?
Bruno Debrandt : indéniablement, Breaking Bad.  Et Luther qui est une série remarquable, il y a pas mal d’écho avec Caïn.  Californication et Boss aussi.

Julie Delarme : récemment, c’était True Detective et j’aime pas mal aussi l’irrévérence de Californication, les dialogues sont assez bien ciselés.  Mais ma série culte c’est Six Feet Under. C’était la référence absolue. Je garde un souvenir très ému de la dernière saison, bouleversante.

Crédits photo : © François Lefebvre

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