Critique pour la nouvelle comédie de la Fox The Last Man on Earth ou une bonne idée mal exécutée. (Attention Spoilers).
Il existe des idées qui sont très bonnes pour un sketch, qui peuvent même devenir une comédie pour le cinéma. Mais est-ce qu’elles sont vraiment déclinables en séries télévisées ? Est-ce qu’elles possèdent assez de ressources pour raconter une histoire sur plusieurs épisodes sans lasser le téléspectateur ? Ce sont les questions qu’on peut se poser après deux épisodes de The Last Man on Earth, la nouvelle comédie de la chaîne américaine Fox.
Ici, Will Forte est Phil Miller, un trentenaire, seul survivant d’un virus qui a décimé l’humanité en 2019. Après avoir fait le tour des Etats-Unis pour se rendre compte qu’il est vraiment la dernière personne en vie sur Terre (parce que bien sûr, les USA représentent la Terre entière), c’est un cri de joie qu’il pousse. A lui toutes les libertés, plus aucune contrainte, plus aucune pression sociale. Cette partie de l’épisode est plutôt jouissive, avec plusieurs gags très drôles même s’ils ne sont pas toujours les plus fins. Nombreux d’entre nous se reconnaîtrons dans les pitreries de Phil. Si ce n’est dans l’acte exact, dans l’esprit de liberté et de « je fais ce que je veux quand je veux » qui est présenté. Puis, très vite, The Last Man on Earth, tourne à la mélancolie. La solitude, ce n’est pas aussi drôle que cela ne paraît après quelques mois. L’humour est toujours là, plus noir, presque dérangeant même, dans cette partie. La référence obligatoire à Seul au Monde est faîtes avec intelligence et dérision. Si Will se moque d’abord de Tom Hanks et son Wilson, il termine lui-même avec une dizaine de copains-ballons.
Le pilote, le premier épisode, installe très bien ce qui aurait pu être une excellente série, entre humour et tragédie, sur la solitude. Phil Miller était un personnage que Will Forte arrivait à rendre attachant, malgré ses grands défauts et son laisser-aller général, signe de sa dépression latente. Mais The Last Man on Earth tourne à la comédie romantique dès le second épisode, et c’est là que la série perd tout son intérêt.
Bad Romance
Le second épisode se concentre ainsi sur la rencontre et les premières disputes entre le dernier homme sur Terre et la dernière femme sur Terre. Et on retrouve ici tous les ressorts peu originaux des comédies romantiques. Pire encore, le personnage féminin est caricaturée. Si on peut excuser une part d’exagération au bénéfice de la comédie, The Last Man on Earth va beaucoup trop loin avec Carol. Surtout qu’elle n’a pas de qualité qui la rendrait plus sympathique. Non, Carol est simplement la caricature de la vieille fille psychorigide qui tient absolument aux règles de la civilisation telles qu’elle l’a connue, y compris le respect des stops même dans une circulation inexistante. C’est aussi une religieuse acharnée qui est persuadée que Dieu les a choisis pour sauver l’Humanité et repeupler la Terre. Ce qui voudrait dire que leurs enfants devront commettre l’inceste, mais ça les fou-religieux ça ne leur traverse jamais l’esprit.
Mais, il y a un mais, elle refuse d’avoir des relations sexuelles avec Phil tant qu’ils ne sont pas mariés. Où ils vont trouver un prêtre pour bénir leur union, Dieu seul le sait, mais un mariage semble important pour la demoiselle, qui bien entendue, adore les chats. Parce qu’on est pas à un cliché prêt dans la caricature.
Caricature
Et avec l’arrivée de ce personnage, Phil perd de sa sympathie, de cette petite nuance entrevue dans le premier épisode qui le rendait un peu plus sympathique et devient la caricature complète et imbuvable de l’homme de croc-magnon qui est content de vivre de bière, tequila, magazines pornos et dans la saleté. Ces signes de mal-être dans le premier épisode sont présentés comme un moyen légitime de vivre sa vie aux yeux de Phil.
The Last Man on Earth aurait peut-être dû éviter l’intrigue de comédie romantique. Mais alors, que raconter dans une série entière avec un seul personnage qui est tout seul au monde ? Et c’est bien là le problème auquel se confrontent Will Forte, Chris Miller, Phil Lord et Seth Cohen, et qu’ils ont souhaité l’éviter en intégrant ce personnage féminin. C’est peut-être une bonne idée, à terme, mais ce n’est pas très convaincant dans ces premiers épisodes.
Il faut pourtant laisser sa chance à The Last Men on Earth. Elle a un bon potentiel, à condition que les personnages gagnent en nuance très très vite et les problèmes qu’ils affrontent soient un peu plus important qu’un manque d’eau courante qui peut être résolu en une nuit. Le Cerveau ne cacherait pas non plus sur un humour un peu moins scato et des dialogues un peu plus aiguisés.
Crédits Image : ©Fox
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