Cinquième film en compétition à Gerardmer, The Man in the Orange Jacket est un film letton sur le clivage entre classe ouvrière et bourgeoisie sur fond de révolution permanente. Au sens littéral comme au figuré.

Qui n’a jamais rêvé de tuer son patron ? Non, ne répondez pas, c’était rhétorique, juste une façon comme une autre d’introduire The Man in the Orange Jacket, thriller social et psychologique tout droit venu de Lettonie. Pour l’occasion, le Festival du film fantastique de Gerardmer revêt les couleurs de la lutte des classes dans le froid hivernal proche des paysages baltes.

Internationale

The man in the orange jacket illus3Personne n’échappe à la crise. Pas même les ouvriers d’une petite usine en Lettonie qui est obligée de fermer ses portes. Mais l’un d’entre eux refuse de se laisser faire. Il s’introduit chez son ancien patron et le massacre, lui et sa femme, à coups d’outils venus de son ancienne vie. Après avoir entreposé les corps, il s’installe dans la grande demeure et commence à vivre la vie de palace, loin de toute civilisation. Mais la solitude pèse, parfois et l’immensité de la maison, composée de longs couloirs et de sombres étages devient petit à petit le réceptacle de sa folie. Comment ne pas être sûr que quelqu’un ne viendra pas le tuer à son tour ?

Laissez la peur du rouge aux bêtes à cornes

Le propos premier de The Man in the Orange Jacket, à savoir la revanche du prolétariat sur la bourgeoisie, n’est clairement que la forme du film. Il est le postulat de départ et forge le reste du film, à travers la perspective du tueur. l’ouvrier qui usurpe la place du riche bourgeois, alors qu’il ne connaît pas le codes pour vivre dans un monde qui n’est pas le sien (le Cerveau en veut pour preuve la scène au restaurant), mais l’aspect psychologique, la réflexion sur la folie de la solitude de nantis, bien qu’un brin déterministe, reste la plus intéressante.

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La lutte finale

Plus le temps avance, plus l’immense demeure dans laquelle notre « héros » s’installe devient une source d’angoisse constante. Possédant les reliquats de la vie de l’ancien propriétaire, rien ne lui appartient et quand un inconnu débarque pour acquérir un mystérieux coffre, l’ancien prolétaire ne sait quoi répondre. Malgré ses efforts pour se fondre dans le moule qu’il convoite, il reste tout le temps en décalage et n’arrive pas à se glisser dans la peau d’un riche. La culpabilité et la peur de se faire attraper le rongeant, il devient de plus en plus paranoïaque, son comportement changeant en conséquence. Le tout jusqu’au climax final… Qui n’arrive pas. Ou du moins pas comme on l’attend. Et là réside le véritable échec de The Man in the Orange Jacket : sa fin est tellement inattendue et sortie de nulle part qu’elle ne colle pas avec le reste et laisse le spectateur sur sa faim. Tant pis pour la révolution permanente.

Malgré une mise en scène minutieuse et une ambiance oppressante réussie, The Man in the Orange Jacket pèche par son manque de rythme et surtout par sa fin qui en décevra plus d’un. Le film aurait pu être cohérent et délivrer un message, certes convenu, mais fort vu le traitement et la forme. Vraiment dommage.

The Man in the Orange Jacket : Bande annonce

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