Jane the Virgin : L’immaculée conception sauce latino

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Retour sur le pilote de Jane the Virgin, diffusé hier soir sur la CW, une surprise légère pour un petite dramédie loin de ce qu’imaginait le Cerveau.

Jane the Virgin est une adaptation de télénovela vénézuélienne, Juana La virgen qui raconte, comme le veut son titre, l’histoire de Jane, une jeune américaine d’origine latino, toujours vierge à 23 ans, qui au détour d’un examen gynécologique se retrouve inséminée par accident. Enceinte, vierge, perdue, Jane va avoir un choix difficile à faire : garder cet enfant ou avorter.

Surprise

jane-the-virgin-18smA la lecture du pitch de Jane the Virgin, on ne misait pas un Kopeck sur ce nouveau Soap de la CW : encore un drama pour adolescente sur fond de propagande anti-avortement, éducolré par certains stéréotypes raciaux, histoire de générer le comique et toucher une cible grâce à l’ethnicité. Pourtant, Jane the Virgin a de quoi surprendre le spectateur. Moins niais qu’on le croirait, peu stéréotypé, le soap est une sacrée surprise.

Portée par Gina Rodriguez, la série étonne tout d’abord par ses séquences comiques. Si on s’attendait à un humour praline sauce teenagers, Jane the virgin a plus de sens et de rondeur dans le rire, voire même dans son intrigue qu’on aurait pu croire. D’une idée absurde, les scénaristes ont réussi à donner un peu de crédibilité, ce qui n’est pas pour déplaire, sans sombrer dans la facilité et la moquerie d’une catégorie éthnique, ni dans l’invraisemblance qui caractérise le genre des télénovela. Et ca fonctionne : personnages attachants aux apparences lisses mais avec une histoire, Jane the Virgin propose dans son pilote toutes les régles fondamentales du soap pour une dramédie qui s’annonce divertissante.

Vis ma vie de télenovela

Dans ce premier épisode de Jane The Virgin, nous faisons la connaissance de Jane, une jeune femme qui à 10 ans fait vœux de chasteté jusqu’au mariage. Un choix qui pourrait être la conséquence des croyances dues aux origines de la jeune femme, catholiques puisque latino, mais qui au fil du développement de l’histoire prend tout son sens. Car oui, Jane est issue d’une grossesse accidentelle, sa mère l’a eue à 16 ans. Et c’est la que ce pilote est intéressant : jouant avec les codes de son éthnie avec subtilité mais en la présentant aussi à travers 3 générations, de la grand-mère puritaine à la mère débridée, jusqu’à la jeune femme qui souhaite vivre l’Américan Dream conservateur avec son petit-ami détective.

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Qui parle de latino, parle fatalement de télénovela. Ces séries d’Amérique latine sur fond d’histoire passionnelles tordues et invraisemblables. Dans Jane the Virgin, on se moque du genre avec une voix off narrant l’intrigue comme si elle était diffusée en télévision. On se moque des télénovela oui, pour un pilote qui propose très vite beaucoup d’autodérision vis à vis de son sujet. Histoire de prouver que parfois, les hasards de la vie, souvent incroyables, et surtout en relations amoureuses, peuvent faire croire qu’on vit quelque chose qui n’arrive qu’à la télévision. La vie de Jane est un peu une télénovela, à l’image de celle qu’elle regarde avec sa mère et sa grand-mère chaque jour. Un parallèle avec un genre télévisuel qui est à la fois judicieux même si surfait, pour donner plus de vraisemblance à cette intrigue tellement ahurie.

CW mais pas que

photo-promo-du-pilote-de-jane-the-virginJane the Virgin étonne aussi par son ouverture face aux codes imposés par la chaîne qui la produit : en effet, en toute logique, la CW propose généralement des programmes légers, axés sur la romance pour un public aux hormones en pleine ébullition. Ici, l’héroïne est jolie mais n’est pas un canon de beauté dans la norme de la chaîne puisque latino, avec des courbes, proche de la réalité des jeunes femmes américaines que du top model sur les podiums. Elle est étudiante et travaille en tant que serveuse pour payer ses études, sans pour autant ressembler à Ugly Betty. Jane, la latino next door, comme il en existe beaucoup aux USA.

De plus la chaîne parle ouvertement d’avortement sans condamner l’acte en lui-même. Jane est face à un choix vis-à-vis de sa grossesse, sans être culpabilisée par l’idée de recourir à l’avortement, voire encouragée, même si on sait tous qu’au final elle finira par garder l’enfant. Dans une société américaine où le débat sur le sujet est rarement dépeint en télévision et où l’unique choix possible des héroïnes se résume à la grossesse ou l’adoption, force est de saluer l’initiative. Avec Reign, la CW semblait vouloir s’offrir une nouvelle image avec des héroïnes fortes comme modèles pour celles qui les regardent, dans Jane the Virgin, c’est aussi le cas, même si le traitement se fait toujours avec beaucoup de liberté et de légéreté, sans oublier les dreamy guys qui font rêver les petites teenagers, qu’il soit latinos ou caucasiens. La romance se doit d’être au rendez-vous. Une petite évolution peut-être vers une révolution des programmes de la chaîne ?

Crédit photos : © CW

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