Comédie pêchue de la rentrée, PRIDE débarque dans les salles obscures avec une grosse dose de bonne humeur à consommer sans modération.

Dans la famille des associations improbables, le Cerveau demande PRIDE. Les cinéphiles avertis auront pas mal vu de team-up étranges à travers les âges du cinéma : cow-boys et extra-terrestres, Lincoln et vampires, nazi et dragons… Mais il reste encore assez d’imagination chez certains scénaristes pour nous pondre quelque chose d’encore plus inattendu. Surtout quand il s’agit d’un histoire inspirée de faits réels. Donc, chers Hannibals Lecteurs, prenez votre plus beau parapluie, votre plus flamboyant TARDIS et votre thé le plus fin, car le Cerveau vous emmène en 1984 au Royaume-Uni, pendant la grève des mineurs durant laquelle un groupe de gays et lesbiennes vont venir se greffer.

Pits & perverts

PRIDE illus1Eté 1984 au Royaume-Uni. Alors que l’annuelle Gay Pride battait son plein au centre de Londres, le jeune Mark se rendit compte que le service d’ordre encadrant la marche avait drastiquement diminué et que le gouvernement de Thatcher se faisait de plus en plus discret sur la question LGBT. Intrigué, il fit le lien avec l’actualité nationale : Thatcher ayant décidé de fermer le bassin minier du Pays de Galles, de nombreux mineurs s’étaient mis en grève et contenir le mouvement nécessitait l’attention d’une grande partie des forces de l’ordre.

Reconnaissant ici une situation d’injustice face à laquelle lui et sa communauté ont été confronté toute leur vie, Mark fonde LGSM (Lesbians and Gays Support the Miners) pour soulever des fonds et leur venir en aide. Sauf que voila, même si le Royaume-Uni est le berceau du punk et de l’émancipation culturelle rapide, certaines régions restent à l’époque assez imperméables à ces « nouvelles moeurs » et l’aide de LGSM dérange plus qu’elle n’arrange…

God save the queers

Avant de continuer, il faut savoir que cette partie du Cerveau est particulièrement sensible à 3 critères quand il s’agit de films : l’écriture, le jeu des acteurs et la bande originale. Et pour que PRIDE décroche la note maximale, ces trois aspects du films se doivent d’être réussis. Et pourtant, avec un casting composé en majeure partie d’inconnus, mis à part un Bill Nighy magistral comme à son habitude, le pari était grand. Chaque personnage transpire l’humanité et semble être à sa place comme s’ils étaient nés pour incarner ces rôles. L’empathie est immédiate et malgré la situation de chacun, le spectateur ne peut empêcher de rire, pleurer, chanter ou hurler avec eux. Ce qui amène le deuxième point important lié à l’écriture.

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Pour son premier script, Stephen Beresford effectue un tour de force avec des dialogues qui font mouche à chaque instant. Les quelques incrédules qui doutent encore de la pertinence du scénario se laisseront envoûtés (pour ne pas dire enrôlés) par les discours de Mark et les histoires de ses compagnons. Enfin, la bande originale extraite de la mouvance pop-rock 80 britannique est un régal pour les oreilles et il est difficile de résister à l’appel de la danse.

Bisounours power ?

PRIDE illus3Sauf que voila, certains raleurs et réfractaires pourront facilement reprocher à PRIDE de simplifier la réalité en appuyant sur le côté positif et festif de l’événement, tant il semble être traité avec légèreté. Il y a deux écoles dans le milieu des scénarii historiques romancés : ceux qui comme PRIDE assument le fait d’être un objet cinématographique grand public et ceux qui se complaisent dans un réalisme terre à terre parfois trop défaitiste.

De nombreux exemples de la deuxième catégorie sont à retrouver dans le cinéma français avec notamment La Marche ou La Rafle. PRIDE veut volontairement être un film qui file la banane et il le fait à 100%. Certes les choses n’ont sûrement pas été si faciles à l’époque, certes il y a quelques facilités d’écriture, mais à quoi bon réaliser un film s’il est fait pour s’attacher entièrement au réel ? Il faut se rappeler ce que disait le père dans Big Fish : Mieux vaut un doux mensonge qu’une triste réalité.

PRIDE est à voir absolument. Oublions la rentrée morose, l’actualité déprimante et la tristesse du quotidien. Ce film, en plus d’être un témoignage délivrant un magnifique message d’espoir, est une dose explosive de bonne humeur à consommer sans modération. Parce que le cinéma, c’est ça aussi : prendre le temps de s’arrêter et se laisser aller au bonheur qu’un film veut nous insuffler. Le Cerveau le recommande chaudement, vous pouvez y aller les yeux fermés. Enfin non pas trop parce que sinon vous ne verrez rien. Et ça serait assez dommage. Même si la bande originale est dingue. Mais avec les images c’est mieux quand même.

PRIDE : Bande-annonce

Crédits : ©Pathé