Evasion est une vraie déception pour la réunion de Stallone et Schwarzenegger. Un film avec beaucoup trop de clichés et qui se prend beaucoup trop au sérieux.

Evasion Stallone et Schwarzenegger en prison - Stallone

Ray Breslin (Stallone) est un ingénieur spécialisé dans la conception de prisons ultrasécurisées. Il teste lui-même l’efficacité de ses bâtiments en se faisant enfermer puis en s’évadant. Contacté par une société privée souhaitant tester un concept révolutionnaire de prison hi-tech, il se retrouve prisonnier. Piégé dans ce complexe ultra-moderne, harcelé par un directeur impitoyable et son gardien corrompu, Ray découvre une conspiration pour le faire disparaître à jamais. Sa seule chance de survie : une alliance avec Emil Rottmayer (Schwarzenegger), un co-détenu ayant lui aussi un secret. Pour avoir une chance de s’évader, ils vont d’abord devoir se faire confiance.

Il existe des idées qui, sur le papier, font rêver. Stallone et Schwarzenegger ensemble à l’écran, dans un film d’évasion, comme son titre l’indique en fait partie. Cependant, le passage à l’écran est bien décevant. Evasion est plus d’une heure d’ennui avec quelques bagarre parfois sympathiques, des méchants bien sadiques et surtout des clichés à ne savoir qu’en faire.

Sécurité minimale

Evasion Stallone et Schwarzenegger en prison - Schwarzy

Evasion réussit l’exploit de cumuler les défauts dans tout ce qui compose un film. Son scénario est parfois bancal, avec quelques moments particulièrement surprenant d’incohérences et de facilités dérangeantes. On sera surpris, plus d’une fois, que des prisons de haute sécurité ne fouillent pas leur prisonnier et leur cellule, surtout quand ils reviennent de l’infirmerie. Pourquoi personne n’a l’idée de séparer les deux prisonniers qui complotent sans aucune discrétion, reste un mystère. La prison de super-haute-sécurité pour super-vilains super-dangereux pour la bonne vieille société est très très jolie, mais n’est pas si sécurisée que ça, quand on y réfléchit puisque les détenus ont toutes libertés de se balader, manger ensemble et se faire des copains. Des détenus qui n’ont pas l’air si méchant que ça. Ou doit-on prendre en compte le fait qu’ils prient Allah dans leur prétendu méchanceté ? Le fait d’être musulman justifie-t-il à lui seul, dans l’imaginaire du scénariste, le fait qu’on est un méchant pas beau ?

Autre question importante : si on voulait tant s’en débarrasser pour toujours, pourquoi pas tout simplement tuer Breslin, plutôt que de l’envoyer dans une prison conçu avec ses rapports, alors que son métier est de s’échapper de prison ? Bon d’accord, on aurait pas eu de film, ce qui aurait peut-être été mieux ainsi, mais trouver une autre justification aurait peut-être était intéressant, non ?

Je suis méchant parce que… ?

Sans trop spoiler, le traître de l’histoire est d’une évidence alarmante, c’est forcement le monsieur qui aime l’argent et a les dents qui raillent le parquet, le twist final sera deviné très vite, et le tout est cliché à souhait. Le patron de la prison, malgré une bonne interprétation par Jim Caviezel n’apporte absolument rien à ce type de personnage. Aucun fraîcheur, aucune nouveauté. Juste le bon vieux sadique qui n’a absolument aucune raison d’être sadique, mais c’est une obligation dans ce genre de films messieurs, mesdames, donc il l’est. On a droit aussi au médecin de la prison, inutile, alcoolique, qui doit quand même se référer à un bouquin pour se souvenir de son sermon d’Hippocrate.

Oh, et juste histoire d’être bien badass, Stallone brûle une page de la Bible. C’est pas bien ça monsieur ! Remarquez ça change du prêtre américain qui lui a brûlé des Corans dans notre réalité.

Je suis inutile mais je fais trop bien dans le film

Cependant, le plus grand défaut du film est bien de sortir de la prison. Mikael Hafstrom avait dans ses mains de quoi créer un film anxiogène, angoissant, voire claustrophobique. Malheureusement, dès qu’on s’approche de ce sentiment dans les rares scènes particulièrement difficiles comme celles du waterboarding ou de l’enfermement dans la HotBox, il décide de nous laisser respirer gentiment et nous sort carrément de la prison. Tout ça pour montrer comment l’équipe de Breslin va tenter de le sortir de là. Des scènes qui servent parfaitement à rien au vu des rôles de Amy Ryan et 50 cents. Oui le chanteur…qui est expert informatique ici….va comprendre la logique…. “Get rich or die typing mothafucka”. Les deux sont particulièrement inutiles dans ce film et se contentent de dire qu’ils ne savent pas où est Breslin. Deux ou trois fois dans le film. Sur le même ton. Ils auraient pu le chanter pour la dernière fois, ça aurait été amusant, au moins. On aura rarement vue personnages aussi dispensables depuis Xzibit dans X-Files 2.

Evasion Stallone et Schwarzenegger en prison - 50 cents

Ces défauts ne sont pas aidés par une réalisation très scolaire et sans aucune surprise, qui se voudrait audacieuse par certains moments, mais sans jamais oser dépasser une limite imaginaire. Une réalisation souvent centrée sur les yeux de Stallone et Schwarzy, sûrement pour montrer le talent extraordinaire de leur équipe de maquilleurs pour cacher les rides.

Ôde aux Doublures

Evasion Stallone et Schwarzenegger en prison - baston

Ce manque d’audace se retrouve aussi dans les sujets qu’Evasion aborde. Si Hafstrom cite et montre parfois les méfaits de la CIA, des prisons haute sécurités, et des sites d’enfermement pas très légaux de terroristes et autres criminels qu’aucun gouvernement ne veut, il n’ose jamais aller au fond des choses. Reste donc un goût d’inachevé, de potentiel gâché par une timidité bien malvenue avec ce sujet, le genre, et surtout les deux acteurs.

Alors que retenir d’Evasion ? Stallone et Schwarzenegger qui se tapent dessus, puis sur les autres, pas ou peu de one-liner (pour un film d’action, c’est plus que décevant), un Schwarzy qui prie en allemand dans la seule scène où il est effectivement un bon acteur, et bien sûr les deux hommes qui tirent sur tout ce qui bouge, courent, pas mal de bagarres, le tout en plan large pour qu’on se rendent pas compte que les deux sexagénaires ne sont plus capables d’en faire autant mais que c’est leur doublure qui font l’effort et, le tout entre deux expositions très longues. Il y aussi Vincent D’Onifrio avec un superbe accent parfaitement ridicule en V.O qui vaut peut-être le détour. Il est bien le seul à avoir compris ici qu’un film comme ça ne doit pas être fait ni jouer au premier degré.

Au final, le grand défaut d’Evasion est de se prendre beaucoup trop au sérieux. Il vaut mieux éviter le film, même si c’est le première fois qu’il réunit, à rôle égal, Stallone et Schwarzy. Mais pour les intéressés, Evasion peut aussi servir pour un jeu d’alcool où on compterait les clichés de scénarios, dialogues, musiques et réalisation, les incohérences dans le scénario et les hasards qui font si bien les choses. Attention tout de même au coma éthylique.

Evasion : Bande-annonce

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