A Single Shot nous entraîne faire une virée dans la campagne de l’Amérique profonde. Tabac à chiquer, pick-up et shotgun sont aux rendez-vous pour un thriller efficace.

Qui n’a jamais rêvé d’un film sur les bûcherons (tiens le bûcheron est à l’honneur cette année sur les planches) qui peuplent le Nord de l’Etat de New-York sans que ça finisse par un groupe de jeunes débiles se faisant courser par un malade mental ? Ou même en documentaire signé Chasse & Pêche ? Réjouissez-vous, David M. Rosenthal a entendu vos prières et vous offre A Single Shot ! Une histoire angoissante avec des gens vrais, dans un cadre vrai. Et c’est bien là que réside l’horreur.

Big Mistake

a-single-shot

Dans le magnifique Etat de New-York (la campagne, pas la ville), vit John Moon (Sam Rockwell), un homme sans histoire. Ou plutôt si. Résidant seul dans un mobile-home tombant en décrépitude, il n’a de cesse de vouloir reconquérir son ex-femme, Moira (Kelly Reilly), partie quelques mois plus tôt avec leur fils Nolan. Seulement John n’a pas de travail et est trop fier pour reprendre l’ancienne ferme de ses parents. Il vit de pêche et de braconnage, jusqu’au jour où, chassant le cerf, il abat par mégarde une jeune femme. Une fois le traumatisme passé, il va enquêter sur l’identité de cette personne avant de trouver chez elle une boite pleine de billets. Il la récupère mais ne sait pas que cet acte va les entraîner  lui et le village dans lequel il vit, dans une histoire sordide de trahison, de meurtres et de terribles confessions.

When you’re strange

A Single Shot, c’est donc l’histoire d’un homme. Pas d’un héros, ni d’un personnage stéréotypé qui veut sauver le monde ou révolutionner la société. Un type lambda qui essaye de tenir sa vie en place avec les cartes qui lui ont été données, sans oublier de rester humain, c’est à dire d’avoir des défauts. Il veut faire plaisir à sa femme mais ne l’écoute pas vraiment, il est un peu beauf mais a un bon fond. Il a beau être serviable et poli, il vit reclus en dehors du village, comme si, au final, il ne voulait pas faire partie de cette communauté. John Moon est un homme entre deux planètes. Il est perdu et pourtant il refuse qu’on l’aiguille. Il est toujours là pour régler les problèmes des autres, mais quand c’est lui qui en a, même ses meilleurs amis sont repoussés. Enfin, s’ils le sont vraiment…

Bullet Point

A-Single-Shot-image

A Single Shot, c’est donc l’histoire d’une erreur. Un bête accident qui va précipiter tout ce petit monde qui allait si bien dans une histoire cauchemardesque. Une simple balle tirée au mauvais endroit au mauvais moment. Un deus ex machina sous forme de cartouche que John Moon va vivre comme une malédiction. A force de vouloir protéger son butin récemment acquis et sauver sa famille en morceaux, il va déterrer des vieilles histoires de famille, se mettre son monde à dos et vivre dans la crainte permanente que ceux qui le poursuivent le rattrapent. Un thriller haletant se met donc en place avec son cortège de scènes crispantes. John Moon a beau être qui il est, le spectateur s’attache à lui et vit les situations avec lui.

Immersif

La simplicité du traitement et le réalisme des situations en font un film prenant à l’ambiance oppressante. Cette dernière est d’ailleurs subtilement contrebalancée par l’austérité et le calme dégagés par le cadre forestier dans lequel l’action prend place. Les magnifiques paysages de la campagne américaine sous un temps nuageux apaisent en même temps qu’ils stressent puisque l’absence de civilisation aux alentours ne fait qu’augmenter le sentiment de solitude que John Moon (et donc le spectateur) peut ressentir.

A Single Shot est un film poignant par son humilité, et arrive à angoisser le spectateur autant qu’un film d’horreur proclamé et à gros budget. Les personnages y sont entiers, le cadre sublime et l’intrigue simple mais efficace. Ça ne sera sûrement pas le blockbuster ultra-rentable de l’année, mais il a le mérite de faire avec peu de moyens ce que les grands essayent de réaliser à gros coups de billets. Rosenthal, à l’instar de son héros, semble tirer à l’aveugle mais nous atteint en pleine humanité, au risque de finir comme John, croulant sous le poids de sa culpabilité, celle de nous avoir fait apprécier un film indépendant.

A Single Shot – bande annonce


Crédit photos : ©droits réservés