Changement de cadre pour l’homme aux griffes d’adamantium avec Wolverine Le Combat de l’Immortel. Ce nouveau décor permettra-t-il de redorer le blason du mutant canadien ? La critique acerbe et spoilerisante du Cerveau.

Fort de l’incompréhensible succès du premier film sur ses origines, Wolverine revient déchiqueter du vilain pas beau dans les salles obscures. Mais cette fois, changement de cadre, l’action se déroule au Japon. Ce nouveau décor permettra-t-il de redorer le blason du mutant canadien ? La critique acerbe du Cerveau

Once upon a claw

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Il était une fois dans un royaume fort lointain, aussi bien, géographiquement que culturellement, un bon roi. Il régnait sur sa contrée grâce à son énorme multinationale. Mais le bon roi était condamné. Avant de rendre l’âme à gauche, il envoya son fidèle bouffon, accessoirement meilleure amie de sa petite-fille la princesse, rechercher son vieil ami le preux chevalier en adamantium. Ce dernier, en retraite forcée, coulait des jours heureux dans une grotte du Yukon à exercer ses devoirs de chevalier, à savoir boire du Jack Daniels, chasser des grizzli et ne pas prendre de bain, comme un vieux loup sauvage. Les deux personnages se rencontrèrent, mais le canadien torturé refusa l’offre avant de, par la magie des répliques clichées, céder et suivre Guignol au royaume du Soleil Levant.

Une fois sur place, le roi lui proposa de l’aider mais mourut malgré les bons soins de la marâtre Vipère avant que Wolvie n’ai pu donner sa réponse. A l’enterrement du roi, la princesse est attaquée par des méchants ninjas. Mais le preux chevalier tout en poils la sauva in extremis. Nos deux héros fuirent dans la campagne profonde où ils apprirent à se connaître, tout en échangeant des fluides séminaux, et s’aimèrent passionnément. Jusqu’au jour où les méchants les retrouvèrent et kidnappèrent la princesse. Notre héros, fou de rage, partit dans une quête vengeresse, griffe au poing, pour la retrouver, accompagné par l’irritante mini-ninjette….

Big in Japan

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Le spectateur avisé l’aura compris, Wolverine : Le combat de l’immortel est un cliché. Une narration, des situations et des personnages stéréotypés au point d’en faire bailler Joseph Campbell d’ennui. Et encore, s’il s’était contenté de ça, le film aurait pu être un bon divertissement. Mais les incohérences et le vide qu’on nous renvoie constamment en plein visage empêche même ce modèle usé et sur-utilisé de fonctionner.

Cela dit, le challenge était de taille. Wolverine au Japon, même en comics, ça relève d’un sacré défi d’écriture. Justifier la présence d’un gaijin canadien assez bourru dans un pays où la délicatesse et l’art du combat est élevé au statut de chorégraphie élaborée, ça n’est pas à la portée de n’importe qui. Et c’est bien là le problème. Hugh Jackman, toujours aussi bon dans le personnage du mutant griffu, n’y trouve pas sa place.

Lost in translation

Toujours en décalage que ça soit dans les scènes de calme comme celle où Mariko lui apprend à se servir des baguettes, où même les scènes de combat contre des autochtones, qui savent bien évidemment utiliser un sabre tout en maîtrisant moultes arts martiaux, sans exception, Wolverine a la grâce d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Même dans le traitement de l’intrigue, la réalisation, l’esthétique, rien ne va. On oscille constamment entre drames familiaux dignes de Dallas et acrobaties ratées de ninjas du dimanche. De temps en temps on a quand même le droit à un petit focus sur Wolverine sous formes de flashbacks montés au hasard avec Jean Grey. Tout ça pour nous rappeler que c’est le personnage du film après tout. Avant de l’éclipser au profit des nippons bondissants pendant la prochaine heure.

Tout nous rappelle que notre personnage principal ne fait pas partie de ce monde. Mais qu’importe. Il taille son chemin à grands coups de griffes et en ressort quand même triomphant. On ressort donc de Wolverine : Le combat de l’immortel avec une histoire en lambeaux, des impressions en morceaux et quelques lamelles de frustration. Un mutant avec des griffes acérées, c’est bien dans un film contre des méchants. Pas contre des spectateurs dans une salle de ciné.

 

Wolverine Le Combat de l’Immortel – Bande-annoce


Crédits Images : ©20th Century Fox