Le film The Bling Ring dévoile une face cachée de Sofia Coppola : un humour mordant. La réalisatrice signe ici une fable féroce sur une jeunesse dorée en mal de sensations fortes.

Les voleurs portaient des Louboutins. Voilà le nouveau morceau auquel s’attaque Sofia Coppola. The Bling Ring retrace l’épopée d’une bande d’adolescents volant dans les maisons huppées des stars entre 2008 et 2009. Comment trouvent-ils leurs adresses ? Sur Internet. À leur actif, plus de trois millions de dollars d’objets dérobés
Inspirée par l’histoire vraie du gang des Bling Ring, Sofia Coppola prend ici le pouls de ce monde étrange des nantis, qui noient leurs ennuis dans l’ivresse du vol. The Bling Ring s’ouvre d’ailleurs sur une scène de cambriolage. On y voit, ces Robins des bois des temps modernes à la sauce égoïste, un garçon et quatre filles dont l’étonnante Emma Watson, en pleine action.
Et pourtant, ces cinq voleurs vivent largement à l’abri du besoin avec des parents désabusés, démissionnaires ou permissifs. L’école est une sinécure pour eux et leur passe-temps se résume peu ou prou à éplucher dans les magazines les marques portées par les stars … avant de se servir dans leur domicile.

« Sans choses, je n’existe pas »

Grosse teuf pour le Bling Ring

« Je prie les choses et les choses m’ont pris. Elles me posent, elles me donnent un prix. Je prie les choses, elles comblent ma vie. C’est plus ‘je pense’ mais ‘j’ai’ donc je suis », chantait Jean-Jacques Goldman. Et ses paroles trouvent une résonance particulière dans ce film, où la bande d’adolescents est obsédée par la superficialité et la gloire. En ce qui concerne la bande sonore du film, il n’est pas question de variété française, mais plutôt de titres Hip Hop entrainants.
Dans The Bling Ring, les stars sont érigées en demi-dieux. Leurs objets sont considérés comme des reliques. Et les créateurs, comme des prophètes. La réalisatrice pose un regard sarcastique sur ces jeunes dans un style nerveux. Et le tout agrémenté de répliques ridicules et surréalistes. Grinçant, dérangeant voire déstabilisant, The Bling Ring ne laisse pas indifférent.

Jeunesse narcissique

Mais le film ne se veut pas si simpliste. Ni jugement ni diabolisation. Il s’agit de mettre le doigt sur une société en dérive, dominée par les réseaux sociaux.
The Bling Ring est le miroir d’une société désemparée aux valeurs fragilisés. Une génération narcissique qui associe Facebook et Twitter à un journal intime. Une génération qui a courbé l’échine devant l’autel de la consommation.

The Bling Ring – bande-annonce