Dallas : le chef-d’oeuvre de JR (spoilers)

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Retour sur la saison 2 de Dallas et critique du final. Alors, qui a tué JR ? (spoilers)

La deuxième saison du revival de Dallas s’est terminée cette nuit sur TNT. Si la saison 3 n’est pas encore commandée, ce final a semé de nouvelles graines de discorde entre la falsification des preuves pour faire tomber Cliff Barnes pour le meurtre de JR et la découverte par Elena que JR avait spolié son père.

Qui a tué JR ?

Mais la question dont tout le monde attendait la réponse est bien évidemment celle de l’identité du tueur de JR. Comme certains fans l’avaient pressenti « seul JR pouvait faire tomber JR », pour citer son fils John Ross. Les scénaristes ont fait coïncider la maladie de Larry Hagman avec le sort de JR. L’aîné des Ewing savait qu’il lui restait peu de temps à vivre en raison d’un cancer du pancréas. Il a anticipé sa mort de quelques jours et demandé à son détective et « meilleur ami qu’il n’a jamais mérité », Bum, de voler le revolver de Cliff et de le tuer en faisant accuser, à terme, son éternel rival. Pressentant l’alliance objective qui allait naître entre Cliff Barnes, Harris Ryland et le Gouverneur, il a décidé de protéger sa famille en mettant un terme à la guerre entre les Ewing et les Barnes. Mais est-ce que ce sera vraiment le cas ? Réponse, le Cerveau l’espère en tout cas, l’année prochaine.

Le chef-d’oeuvre de JR

Le « chef-d’œuvre » annoncé de JR en était effectivement un : réussir à faire tomber Cliff Barnes pour son meurtre, obtenir l’arrestation de Harris Ryland (Mitch Pileggi dans un rôle parfait de méchant) pour le trafic de stupéfiants qu’il dirigeait, faire en sorte que John Ross et Christopher soient maintenant majoritaires au sein même de Barnes Global, voilà qui nécessitait du temps. Patrick Duffy connaissait l’intégralité du plan de JR et bien lui en a pris de le demander au scénariste : il savait exactement comment interagir avec les autres personnages en adéquation avec ce que savait Bobby.

Un plan parfaitement exécuté

L’exécution du plan était parfaitement maîtrisée avec un équilibre entre nostalgie et regard vers l’avenir. Car si on a eu droit à du fanservice avec le retour de plusieurs personnages marquants comme Gary et Valene, leur fille Lucy et Ray, il n’a jamais été fait au détriment de l’intrigue. Dès que leur présence n’a plus eu d’utilité, les scénaristes les ont écartés pour se concentrer sur le plan de JR pour faire tomber Ryland et Barnes et protéger les Ewing. Le fait que Pam, la mère adoptive de Christopher et ex-femme de Bobby, soit bien morte depuis 25 ans, a un rôle important : cette page de l’histoire de la série est définitivement tournée et on arrêtera d’attendre le retour qui n’aurait jamais eu lieu de Victoria Principal.

On a beau pouvoir reprocher à Dallas ses histoires compliquées, télescopées, le plan improbable de JR –on est après tout dans un soap-, les acteurs remplissent parfaitement leur mission. Ils arrivent à rendre cet univers crédible, ce qui n’est pas une petite victoire. Si l’émotion des personnages est celle des acteurs dès qu’il s’agit de la mort de JR, Ken Kercheval continue à surprendre. Malgré les péchés de son personnage, responsable de la mort de ses deux petits-enfants, de toutes les machinations qu’on a pu voir, de sa conspiration avec Harris Ryland, on éprouve presque de la peine au moment de son arrestation pour un crime qu’il n’a pas commis. Quand on l’entend s’écrier « Je n’ai pas tué JR !», on comprend qu’il dit la vérité.  Avant de le détester à nouveau lorsqu’il refuse « d’échanger une prison mexicaine pour une prison américaine » et de reconnaître la conspiration.

Nouveau différend en vue ?

Mais Dallas c’est avant tout une saga qui traite de différends entre plusieurs familles sur plusieurs générations. Si le conflit entre les Barnes et les Ewing est enterré pour le moment, on semble se diriger vers un conflit entre les Ramos et les Ewing : Cliff Barnes apprend à Elena que les terres familiales que son père a cherché à exploiter en vain, au point d’en mourir tellement ça l’obsédait, avaient été échangées par JR qui avait gardé les bonnes terres pleines de pétrole. On tient ici un potentiel nouveau conflit comparable à celui entre Digger Barnes et Jock Ewing, à une différence près : on ne sait pas si Elena tiendra responsables les Ewings des péchés de JR dont ils ne sont sans doute pas au courant. Mais si Elena devient bien la représentante de Cliff Barnes au sein de Barnes Global, les tensions seront exacerbées.

Comme Barnes le dit ensuite, il est possible que lorsque Pamela découvrira que son père a été piégé par Bobby, JR et Bum pour le meurtre, un conflit entre les Barnes et les Ewing de troisième génération naisse. Mais nous n’en sommes pas encore là, surtout que Cliff est responsable de la mort de ses petits-enfants. Mais chez les Ewing, « le sang est plus épais que l’eau ». Est-ce que ce sera le cas aussi pour Pamela ?

John Ross, héritier de JR

Dallas c’est aussi plein d’aphorismes, de citations choc.  John Ross est le digne héritier de son père dans ce domaine. On lui doit quelques phrases marquantes, même si elles font pour certaines, clichés, comme « Love is for Pussies » (L’amour c’est pour les fillettes), « Seul JR pouvait faire tomber JR » ou « Mon père a fait tomber trois sénateurs, deux gouverneurs et un vice-président et il m’a appris tout ce que je sais. Votre tête ira très bien sur le devant de ma cheminée, gouverneur. » On notera que l’épitaphe sur la tombe de JR est celle que Larry Hagman a toujours dit vouloir sur celle de son personnage : « Le seul deal qu’il a jamais perdu. » La dernière phrase de la saison est d’ailleurs prononcée par John Ross, alors qu’il s’apprête à passer la nuit avec Emma et tromper Pamela : « Je veux en payer le prix, mais ne dis rien à ma femme. » Comme son père lui a dit avant de mourir, il est bien son fils, de la tête aux pieds.

Les cas Drew Ramos et Emma

Cette saison de Dallas a cependant quelques défauts : l’intrigue autour de Drew Ramos  était irritante. Chaque série a son/sa frère/fils/sœur/fille qui est une tête à claque et toujours à l’origine de nombreux problèmes. Il est le Declan Porter (Revenge), le Kim Bauer (24 Heures Chrono) de Dallas. Au contraire, Emma a évolué au fil de la saison, d’une apparente neurasthénie agaçante à une capacité de manipulation sans faille, elle aussi digne héritière de son père. Le plus curieux du côté des Ryland était la relation malsaine entre Harris et sa mère. Le fait que l’interprète la mère de Mitch Pileggi était à peine plus âgée que lui avait même lancé sur le net toutes les rumeurs d’inceste entre eux tant elle était possessive.

Quelles perspectives pour Elena et Christopher ?

La relation entre Elena et Christopher, qui bat de l’aile, redeviendra sans doute intéressante si la saison 3 est commandée (un « à suivre » marque l’optimisme des producteurs) : elle était très routinière et on prenait parti pour la dynamique John Ross / Pamela plutôt que pour le couple bien établi : les rôles étaient inversés par rapport à la première saison.

Le Cerveau attend la nouvelle du renouvellement : Dallas version 2012 a réussi à saisir l’essence des meilleures années de la série originale. La nouvelle saison ne sera pas comme celle-ci dans l’ombre de JR, ce personnage qui a marqué l’histoire de la télévision comme peu d’autres. Les nouveaux épisodes seraient alors le baptême du feu pour John Ross, mais il a bien appris les leçons de son père. On ne devrait pas trop se faire de souci de ce point de vue.

Crédits photo ©TNT

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