Hannibal : Délicieusement Macabre (Spoilers)

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4.5

On l’attendait depuis un petit moment et elle a mis du temps à se dévoiler en images promotionnelles et autres trailers,  Hannibal a été diffusée hier soir sur les écrans de NBC. Une préquelle horrifique de qualité pour une série qui renouvelle son genre. Miam !

Inspirée par Dragon Rouge, le livre de Thomas Harris, Hannibal est une idée aux apparences peu originale de Bryan Fuller (Pushing Daisies). Un reboot centré sur un personnage culte qui fait froid dans le dos et qui aura marqué l’histoire du Cinéma. Réalisée avec goût et mesure par David Slate (Twilight Chapitre III : Hésitation, 30 jours de Nuit, Hard Candy), qui est aussi producteur exécutif de la série, Hannibal se dévoile à travers un pilote de grande qualité.

Le pilote, dans sa première moitié, est centré sur Will Graham (Hugh DancyThe Big C) qu’Hannibal et son passe-temps « particulier ». Une série qui expose clairement son aspect sombre dans ce pilote sans jamais sombrer dans le gore gratuit ni mettre mal à l’aise le spectateur. La musique, les couleurs et l’esthétisme d’Hannibal prouvent son caractère particulier et différent de la plupart des cops-show américains. On est loin de la mécanique des Experts, de NCIS ou de Bones, pour un pilote rafraîchissant qui renouvelle à sa manière son genre.

Profiler

Souvenez-vous de Profiler, l’autre série dramatique de NBC du même genre créée par Cynthia Saunders  en 1996. Elle suivait Samantha Waters, une psychologue devenue profileuse du FBI qui avait la particularité de voir ce qu’il s’est passé sur le lieu des crimes. Will Graham est comme Samantha. Première séquence à l’esthétisme léché, on découvre le don de cet agent du FBI pas comme les autres : l’homme est capable de revivre dans les moindres détails un meurtre. On pourrait croire que la série emprunte un concept similaire et assez proche de Profiler mais elle s’en distingue par son exécution et surtout son aspect plus sombre. Quand l’une n’avait que des flashs de l’exécution du meurtre, Will Graham, lui, revit l’assassinat dans la peau du meurtrier, non sans mal ni séquelles. Le profiler ici est instable, associable, torturé alors que l’autre arrivait, malgré son état de proie d’un tueur en série, à vivre une vie relativement normale avec ses collègues, sa meilleure amie et sa petite fille. Will est un solitaire qui ne se connecte qu’avec des chiens abandonnés trouvés sur le bas côté de la route.

Différent

A la différence de The Following qui est très axée sur la violence et le gore sans pudeur, Hannibal  expose les choses avec goût. La subtilité de la réalisation couplée à la musique et la sobriété des acteurs rendent ces scènes violentes, servies avec mesure, nécessaires et moins touchantes qu’on pourrait le croire.

Ce qui rend  aussi ce pilote de série intéressant est l’empathie quasi directe du spectateur avec son personnage principal, qui contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, est loin d’être lisse. Le héros qui offre le titre à la série et qui deviendra Hannibal Lecter, n’est pas vraiment le héros de l’histoire, éclipsé par Will Graham. Ici, cet agent du FBI pas comme les autres, entre l’autisme et le génie, est un personnage fascinant que l’on n’aurait pas imaginé trouver dans une préquelle dédiée au tueur en série le plus iconique de l’histoire du cinéma.

Bon appétit bien sur

On ne découvre l’homme qui deviendra Hannibal qu’à la moitié de ce pilote, qui se présente à l’écran dans une scène où notre cher bon vieux (ou jeune) psychopathe s’attèle à la dure tache de déjeuner. Une scène lyrique et ironique sur fond de musique baroque à l’image de ce psychopathe légendaire et cannibale. Nous savons qui il est, mais les autres non. Un secret de polichinelle entre le spectateur et le tueur qui génère tout de suite un attachement presque malsain avec ce dernier.

Noir, énigmatique et pragmatique, le Dr Lecter incarné par Mads Mikkelsen est bien loin de celui d’Anthony Hopkins mais tout aussi proche du roman. Ce que l’on aime dans ses premières scènes, ce sont les allusions subtiles à ce serial killer en devenir à travers certains échanges ou objets, séquences de cuisine, qui font écho au hobby cannibale de ce psychologue pas comme les autres. Dès scènes de vie quotidienne banales détournées qui génèrent non seulement l’effroi mais aussi la fascination face à la froideur d’Hannibal. Des scènes qui se veulent comme des références directes au triptyque cinématographique qui a inspiré cette oeuvre du petit écran.

Duo équilibré

Bryan Fuller, le créateur de la série fait honneur à la légende sans mimétisme mais une véritable revisite du mythe pour une série préquelle bien plus proche de l’œuvre littéraire qui a inspiré Le silence des agneaux que le film. Un concept alléchant qui est à la hauteur des attentes du spectateur et qui ne déçoit pas contrairement à Bates Motel. Hannibal s’est appropriée le mythe du cannibale iconique pour une revisite personnelle qui, on l’espère fortement, ne perdra pas sa saveur au fil des épisodes.

HANNIBAL : Bande annonce


Crédits Images : NBC

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