Lincoln, un biopic qui éclaire les derniers mois du mandat du 16e Président des États-Unis, au coeur des méandres politiques qui ont mené vers la ratification de l’amendement qui a aboli l’esclavage. Un  nouveau chef-d’oeuvre historique pour un biopic pas comme les autres.


Le film commence au cœur du Congrès, en fin de mandat et avant la proclamation d’investiture du second de Lincoln au début de l’année 1865, quatre ans après le début de la Guerre de Sécession. Ayant acquis une victoire écrasante face aux démocrates, Lincoln n’a qu’un seul objectif : ratifier un 13ème amendement à la constitution américaine qui abolira l’esclavage et de ce fait mettrait un terme au conflit entre les Confédérés et l’Union.

Lincoln ce grand homme

Lincoln, dans la peau de Daniel Day-Lewis est des plus réalistes et fidèles aux descriptions d’époque. La prestation de l’acteur, nommé à plusieurs reprises dans diverses cérémonies est à saluer, tant par le charisme modeste transmis à l’écran que dans les traits les plus sombres du président. Un Daniel Day-Lewis presque méconnaissable qui se donne complètement dans son personnage. A ses côtés, pléthore d’acteurs de renom comme Sally Field en Mary Todd Lincoln, Première Dame des Etats unis. Tommy Lee Jones est de même au top de sa prestation dans la peau de Thaddeus Stevens, républicain radical et membre du Congrès. David Strathairn, Joseph Gordon-levitt, James Spader, Hal Holbrook, Lee Pace, dans la peau du général de l’Union, Ulysses S. Grant nous offrent de même des prestations qui resteront dans l’histoire du cinéma. Un casting des plus impressionnants où aucun acteur ne prend le dessus sur l’autre, risque qui peut être pris lorsqu’on choisit autant de comédiens de renom dans un film. Dans Lincoln, chacun est sa place et reste à sa place.

Le film, contrairement à ce que l’on pourrait croire, se concentre plus sur le processus politique que l’homme, personnage désormais iconique et historique de l’histoire américaine. L’homme avec sa grandeur est bien sûr dépeint, mais en retrait vis-à-vis du processus de l’abolition de l’esclavage. C’est là que réside l’intelligence de Spielberg, qui, au lieu de faire un portrait épique sur la personnalité du président le plus marquant de l’histoire américaine, a préféré se concentrer sur la politique gouvernementale et les consensus à cette époque qui restent relativement très similaires aux processus politiques modernes.

Politics all the way

La force de ce long métrage réalisé par Steven Spielberg d’après un scénario de Tony Kushner, réside dans la précision des faits et du contexte historique qui a permis la ratification qui changea l’histoire de ce pays. Le film va bien plus loin que l’œuvre de Doris Kearns Goodwin Team of Rivals, socle de départ pour l’adaptation de ce biopic inédit de ce président dont la vie fut adaptée à plusieurs reprises à l’écran.

Fidèle à l’héritage du pays, le réalisateur et le scénariste ont tenté de représenter ce pan de l’histoire avec précision que ce soit dans les décors, les costumes, les acteurs choisis pour la floppée de personnages du passé, personnalités majeures que ce soit en politique ou sur les champs de batailles. Réalisme, jusqu’aux dialogues issus de documents historiques, ou discours connus du président, ainsi que d’autres prononcés dans la Chambre des Représentants.

Une autre vision

La vision de Spielberg pour ce biopic est clairement différente de ses précédents travaux. Une  fiction historique inspirée par un Grand de l’Histoire qui ne se veut pas comme un documentaire  ou une biographie sur grand écran, mais comme un hommage à un amendement qui a changé la destinée d’une catégorie ethnique d’un pays sous le joug de l’esclavage. Le film se veut aussi comme une ode à ce qui fait l’essence de la culture américaine, à savoir le jusqu’au-boutisme. Lincoln est allé jusqu’au bout pour faire ratifier cet amendement, que ce soit en détournant les us politiques, face aux détracteurs de son camp ou de l’opposition, sans lâcher prise tout au long du processus. Lincoln, c’est un hommage, au-delà de l’homme politique, à tous ces personnages de l’histoire qui ont changé la donne, sans jamais tourner le dos à l’idéalisme qui les animait, avec ces valeurs nobles et respectables. Une célébration d’un homme respectable et respecté, avec ses faiblesses, sa personnalité loufoque, et surtout la réalité de son implication dans la ratification d’une loi qui a mis fin à une barbarie qui durait depuis plus d’un siècle. Lincoln, au-delà d’être un grand homme, était surtout un homme avec ses qualités et ses défauts et cela Spielberg le montre bien.

Servi par bien évidemment une réalisation parfaite, une musique pittoresque et un casting de choix, Lincoln est sans nul doute l’une des plus grandes réussites de Spielberg. A voir absolument.

LINCOLN BANDE ANNONCE VOST

Crédit photos : © 20th century fox film 2012