Les revenants : lente déception

9

2.5

Critique de la fin de la première saison des Revenants par un Cerveau déçu.

Après un démarrage en trombe, Les revenants, nouvelle série fantastique de Canal +, avait lancé un grand espoir, celui de voir une série française ambitieuse réussir sur la durée. Si la série réussit à développer une forte mythologie, elle a un des défauts propres à beaucoup de séries ambitieuses comme celles-ci : Les revenants n’arrive pas à maîtriser, aussi rapidement, la transition des évènements intimes à ceux de plus grande ampleur. Le moment de ce passage,  avec le ventre mou des épisodes 5 et 6, laissait croire que la cause était définitivement perdue. Les deux épisodes finaux ont-ils réussi à redresser la barre ?

Equilibre rompu

Si au début les évènements étaient suffisamment intimes et que l’échelle était restée la même, la série n’aurait pas eu de difficultés à tenir le rythme. Mais le passage à l’échelle de la ville, avec une panne électrique d’envergure, pose des problèmes importants. Le naturalisme et le réalisme c’est bien, mais il faut garder de la cohérence et un équilibre lorsqu’on pose des enjeux dépassant le cadre intime.

Pléthore de pistes non explorées

L’arrivée de ces éléments surnaturels massifs semble rompre l’équilibre qui marquait les premiers épisodes. La ville est enfermée dans une boucle spatiale sans que l’on sache vraiment ce qui se passe (ce qui est le principe) mais on a l’impression d’être dans une pièce de théâtre absurde où plus rien n’est contrôlé. On ne saisit plus les enjeux et on commence à perdre de l’intérêt pour les aventures de ces protagonistes. Plusieurs pistes sont lancées et aucune n’est véritablement explorée. Le tournant fantastique pris dans le septième épisode laisse place à de nouveaux éléments qui ne sont pas explorés à leur tour ou carrément annulés. Ça part dans tous les sens, dans trop de sens. La disparition de Serge dans l’épisode 7 est annulée dans l’épisode 8 sans qu’elle n’ait été vraiment utilisée et on aurait pu s’en passer.

Sexe et nudité inutiles

Parmi les exagérations et intrigues semblant forcées, on trouve aussi Julie : une medium qui a la particularité de communiquer avec les morts… pendant ses actes sexuels.  Dans la catégorie sexe gratuit dont on aura pu se passer, elle est bien placée. Tout comme les deux sœurs qui semblent avoir un appétit sexuel dévorant, en particulier l’aînée (ou plutôt la jumelle qui n’est pas une revenante) dont le physique détaillé est connu de millions de Français sans que ça n’ait rien apporté à l’intrigue. Et ne parlons pas de l’anatomie de Simon qui aura fait jaser les réseaux sociaux.

Conclusion frustrante

Si la fin est poignante et retrouve, au moment de la séparation, la force du pilote avec Julie et la mère de Camille accompagnant cette dernière et Victor parmi les revenants, la multiplicité des pistes  non explorées et sans suite pose des problèmes de consistance. Sans compter que Pierre, présenté initialement comme un revenant, semble ne pas être traité comme tel.

Séries d’incohérences

Autre invraisemblance : pourquoi une ville de plusieurs milliers d’habitants comme Tignes est-elle seulement représentée par une poignée d’habitants ? La gendarmerie semble avoir oublié l’existence des autres habitants en dehors des concernés initialement par les premiers revenants. Sont-ils cloîtrés chez eux ? Et à la fin, meurent-ils noyés comme la horde de revenants morts 35 ans plus tôt ? Et quid de la ville qui est dans une boucle spatiale, isolée du reste de la planète ? Cela ne semble pas choquer les personnages qui le découvrent et n’en parlent à personne. On a l’impression que le septième épisode n’a strictement servi à rien alors qu’il lançait des pistes intéressantes qui n’ont pas été utilisées.

Cliffhanger décevant

Avec un cliffhanger un peu mou du genou, Les revenants, dont la deuxième saison est en préparation, a eu un parcours quelque peu cahoteux après des débuts prometteurs. Au lieu de se concentrer sur le cadre intime et personnel, ce qui est fait avec brio quand la série va dans ce domaine, on assiste à une accélération non contrôlée des enjeux et de la perspective sans qu’on comprenne vraiment ce qu’il se passe. Tandis que le cliffhanger ne réussit pas à couper le souffle. Espérons que la série renouera avec ses bonnes bases avec sa deuxième saison. La série a été suivie en moyenne par 1.445.000 abonnés à Canal +, soit 23.3% de pda abonnés, faisant de la série la création originale la plus suivie de l’histoire de la chaîne.

Crédits photo ©Canal +

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