Nombreux sont ceux qui attendaient avec impatience le retour de Peter Jackson à la franchise qui lui a donné ses lettres de noblesse. Le Hobbit : un voyage inattendu, un grand retour en Terre du Milieu qu’on attendait depuis plus d’une décennie. Verdict : vivement 2013 !

Pour tous ceux qui ne sont pas familiers avec l’œuvre de Tolkien préquelle au Seigneur des Anneaux, ni son imaginaire, Le Hobbit se passe 60 ans plus tôt. Bilbon est bien évidemment plus jeune, et comme le veut  les habitudes de sa race, casanier, coulant des jours paisibles et heureux dans la Comté et sa demeure : Cul de Sac. Gandalf, ami de sa famille qu’il n’a pas vu depuis tant d’années, l’invite à rejoindre une expédition de nains tentant de récupérer Erebor, leur Montagne (et accessoirement leur trésor) aux mains d’un terrible Dragon du nom de Smaug… Réticent à l’idée, il rejoint cependant l’aventure, celle qui donnera naissance à la plus grande épopée jamais imaginée au 20ème siècle.

There and back again

Il est facile d’aller voir Le Hobbit : un voyage inattendu prédisposé à être blasé sans s’attendre à grand-chose vu l’exploit réalisé en 2001 lors de la sortie du premier opus du Seigneur des Anneaux. Nombreux sont ceux qui clameront le manque de nouveauté ou la simplicité de l’histoire. Mais qu’on ne se m’éprenne, aucune déception n’est à prévoir pour ce premier volet de la trilogie. Peter Jackson réussit l’exploit de maintenir la barre très haut. L’univers et l’esthétique qui ont conquis le spectateur et l’Académie des Oscars il y a dix ans sont de retour, tout en gardant l’émotion et l’innocence caractérisés dans l’esprit de la franchise cinématographique ou littéraire. Prises de vue en décors naturels et effets numériques fluides et contrôlés, la Terre du Milieu imaginée par J.R.R Tolkien reprend vie sur grand écran dans le moindre détail et une intensité inimitable, portée par la partition hors normes et majestueuse du grand Howard Shore.

La communauté des Nains

Peter Jackson, tout en étant fidèle à lui-même dans Le Hobbit, réussit à nous faire voyager en liant brillamment la trilogie à sa préquelle, tout en s’appropriant l’ouvrage du Maître.

Comme pour le Seigneur des Anneaux, on remarque avant tout un grand respect de l’œuvre, qui parfois étonne par l’exactitude tant dans le ton que la forme. L’esprit festif de Le Hobbit avec ses comptines joyeuses, tant chez les nains que chez les Orques ou les Trolls sont au rendez-vous bien évidemment pour le plus grand plaisir des connaisseurs. L’innocence qui caractérise l’œuvre n’a pas été dénaturée par son adaptation à l’écran et c’est ce qu’on aime, surtout quand on sait qu’elle a été écrite pour les plus jeunes et non les adultes. Là où Peter Jackson réussit son pari réside dans sa capacité, grâce aux annexes de l’auteur, de nourrir l’histoire de cette expédition déjà très riche avec un aspect un peu plus sombre, adulte et épique. Des additions et arrangements qui se mélangent naturellement au récit avec beaucoup d’intelligence, notamment l’arc épique imaginé pour Thorin Ecu de chêne qu’on apprécie vivement.

Une trilogie pour un livre aussi succinct que The Hobbit annonçait une extravagance de la part des studios et de Jackson. On est loin de l’extravagance, qu’on se rassure, même si certaines scènes tirent sur la longueur, surtout celles d’exposition, qui se déroulent juste avant l’anniversaire de Bilbon dans la Communauté de l’Anneau.

 

Fraternité

Bien évidemment les symboles et motifs essentiels de l’univers Tolkien sont transposés à l’écran de façon similaire à la franchise du Seigneur des Anneaux. Symboles comme l’héroïsme et le dépassement de soi, la fraternité, l’amitié et l’acceptation de l’autre, peu importe sa race, dans un  effort et un but commun. Symboles qui tendront la perche à certains pour justifier certaines critiques négatives notamment face à certains discours chevaleresques qui pourraient offrir une impression de déjà vu. Des symboles qui font partie intégrante de l’esprit de l’œuvre imaginée par l’auteur de la franchise et non Peter Jackson.

Une recette inimitable

Si Le Hobbit est une réussite sur le fond, il n’en reste pas moins un long métrage qui a ses défauts. Défauts peu nombreux qui sont caractérisés essentiellement dans son filming. Si la projection n’était pas en 48 images par seconde, format tant redouté depuis son annonce, la réalisation reste assez proche de celle du Seigneur des Anneaux, dans une qualité HD qui ravira les fans. Certaines scènes de paysages seront assurément reconnues (placement de produit pour l’office du Tourisme Néo-Zélandais garanti), même si parfois trop brillantes pour celles tournées en plein jour. Les scènes de nuits et en forêt sont en revanche maîtrisées. Certaines scènes de batailles, particulièrement dans la Montagne Solitaire sont cruellement difficiles à suivre, tant dans la rapidité et la succession d’images que dans leur aspect très cinématique de jeu vidéo. Des scènes très rapides qu’on imagine encore plus difficiles à voir en HFR. Des défauts certes, mais contrebalancés par des scènes visuellement étonnantes, comme la bataille des géants de pierres ou la rencontre entre Bilbon et Gollum, plus jeune et haute définition, aussi schizophrène que joueur pour une séquence bientôt culte.

En nourrissant son scénario d’autres arcs narratifs pour tenir sur un long métrage de cette durée, sans dénaturer l’œuvre avec sa «touch» inimitable qui ont fait le succès de la trilogie il y a 10 ans, Peter Jackson rempile pour le plus grand plaisir des amateurs de la franchise. Une transposition de  Le Hobbit et l’univers de Tolkien à l’écran qui ne déçoit pas le Cerveau, avec ses codes et son imagerie maitrisée. Ne reste plus qu’à se soucier des petits défauts à régler pour la suite dans un an qui s’annonce aussi épique, elfique et féerique que ce premier opus. Rendez vous en 2013.

Le Hobbit : Bande annonce

Crédit photo : ©Warner Bros 2012