Du rire, du Vampire, de Peace & Love et  du gothique, Dark Shadows sort dans nos salles aujourd’hui comme un des meilleurs chefs-d’oeuvre de Tim Burton. On ne le pensait pas capable de faire mieux ou aussi bien que les désormais cultes Spleepy Hollow, Les Noces Funèbres ou Mars Attack qu’on se rassure, le bon vieux Burton a encore de quoi nous surprendre !

Le film, écrit par John August et Seth Grahame Smith, relate l’histoire de Barnabas Collins de retour parmi les siens après deux cents ans dans un cercueil. En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas et commencer une nouvelle vie en Amérique. Vingt années passent et Barnabas (Johnny Depp) a le monde à ses pieds, au tout au moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant et c’est un séducteur invétéré … jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le coeur d’Angelique Bouchard (Eva Green). C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant. Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…

Outre Tombe & Peace mon frère

L’intrigue est simple, un vampire, une famille, une sorcière, une malédiction, du macabre, de l’occulte… On aurait pu blâmer le réalisateur de revenir à ses premiers amours et la facilité en adaptant sur grand écran la série éponyme des années 60, mais Dark Shadows est bien plus qu’un exercice facile. Quand l’univers Burtonien rencontre le peps et les couleurs des Seventies, on ne peut qu’acclamer ce long métrage de près de deux heures qui fonctionne de bout en bout. Le personnage de Barnabas, noble d’un ancien temps, est clairement le personnage le plus burlesque de cette comédie, de retour dans une autre époque, non sans rappeler le choc anachronique de certains Visiteurs (1993) . Ce Vampire, qui a bien évidemment tout du vampire contrairement à certains adolescents qui font fureurs sur le grand et le petit écran, du costume jusqu’aux griffes, va être le prétexte pour nous offrir des scènes hilarantes à travers ses découvertes modernes et le choc face à l’évolution de la société américaine en 200 ans. Un conte lyrique et gothique baignant complètement dans la nostalgie d’une époque mythique et surfant sur la vague de l’engouement vintage. Un choc visuel présenté par le réalisateur dans les couleurs qu’on lui connaît, dans une période de l’histoire américaine dont il se moque ouvertement, pour notre plus grand plaisir.

Une histoire de famille

Le film s’ouvre sur les mots du père de Barnabas « la plus grande des richesses est la famille. » En effet, la famille est la véritable héroïne de ce long métrage. L’institution suprême, celle qui vaut toutes les richesses et toutes les malédictions du monde et que rien ni personne ne peut briser. Les liens du sang (une belle ironie vu l’état vampirique du patriarche qui revient deux siècles plus tard sauver sa famille et son héritage) et les liens amoureux comme toile de fond de cette comédie anachronique familiale. Ceux qui connaissent la série qui a inspiré ce film crieront à l’hérésie, certes, puisque ce long métrage relève clairement de l’adaptation libre, les autres se délecteront de la fantaisie du Maître Burton qui nous offre à travers certaines scènes le plaisir de retrouver une famille atypique, avec ses étrangetés, ses secrets, son manoir, sa malédiction, ses trésors cachés. Une famille attendrissante qui d’ailleurs rappelle fortement la Famille Addams.

Dangereuse & délicieusement Sexy

Outre le cast prestigieux de Dark Shadows, à savoir Michelle Pfeiffer en matriarche, l’acteur fétiche du réalisateur, l’habituée Helena Bonham Carter ou la très demandée Chloé Moretz , Eva Green est l’autre star de ce film. Cruelle sorcière énamourée de Barnabas, Eva Green incarne la tentation et la cause de tous les maux de cette famille. Une prestation sulfureuse de l’actrice qui restera à coup sûr dans les annales, dans la peau d’une roturière reconvertie en business-woman, sorcière sournoise et amoureuse que rien n’arrête.

Dark Shadows, un long métrage plein d’humour élégant, drôle, très porté sur le second degré et la dérision, haut en couleurs et rythmé. Un bon divertissement made in Burton qui vous donneront les crocs, même au bout de deux heures ! Qu’on se rassure, le Cerveau suspecte une suite, la dernière scène a de fortes effluves d’ouverture vers un Dark Shadows 2, qui sait ?

Bande annonce

Crédit photos : ©Warner Bros 2012