Margin Call : la critique par le Cerveau du film de J.C. Chandor.

Margin Call, premier film de J.C. Chandor, traite de la crise financière de 2007 et de ses nombreux produits toxiques. Comment une grande agence, comparable à Lehman Brothers, pourrait-elle sauver sa peau après que ses pratiques l’aient menées dans une tournade infernale ? Cette question est au coeur du film. et plus simplement, pour ceux qui  ne comprenne rien à la finance : comment se débarrasser des produits toxiques avant un krach annoncé sans que les marchés ne s’en rendent compte ?

Synopsis

Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…

Wall Street et la crise de 2007 pour les nuls

Margin Call avait une difficulté intrinsèque au scénario : rendre compréhensible des problèmes financiers, autour de produits toxiques auxquels personne n’a jamais vraiment rien compris, même ceux qui travaillaient dessus. Mais cet écueil est évité : dès qu’il s’agit de parler de la catastrophe imminente, les principaux supérieurs hiérarchiques ont tendance à parler en termes simples, parfois métaphoriques. Belle manière de souligner que eux non plus, au fond, ne comprennent pas grand chose

Au casting on retrouve Kevin Spacey, Paul Bettany, Zachary Quinto, Jeremy Irons, Demi Moore, Penn Badgley, Simon Baker, Staney Tucci. Cette poignée d’acteurs maîtrise parfaitement leurs personnages sous la menace d’une chute évidente. Il faut notamment saluer la prestation de Zachary Quinto, star montante du cinéma depuis ses débuts télévisés, qui est l’une des faces de l’humanité dans ce film. Comme son personnage, le téléspectateur est effrayé de voir la catastrophe arriver et arrive à se mettre à sa place grâce à un très bon jeu. Si Demi Moore a un petit côté figuration, d’autres arrivent à tirer leur épingle du jeu comme Kevin Spacey ou Simon Baker.

Wall Street est un théâtre

Mais si le scénario permet une lecture de la crise « pour les nuls » on n’échappe pas à un film totalement cynique représentant très bien l’esprit des marchés financiers avant et pendant la catastrophe de 2007 : on se débarrasse de tous ces produits le plus rapidement possible, quel qu’en soit le coût. L’idée de faire se dérouler le film sur 24 heures est intéressante et l’espace relativement clos fait penser à une pièce de théâtre dans laquelle les traits humains, les qualités des uns et des autres sont sinon caricaturés, du moins poussés dans leurs derniers retranchements.

Et c’est là que le bât blesse : le film se déroule tellement en vase clos qu’on n’arrive pas à voir, concrètement, la façon dont la cascade infernale se produira. De la même manière que les cours de la bourse sont présentés aux non-spéculateurs sans aucune pédagogie. Oui, la société de ces spéculateurs risque de s’effondrer. Mais on a seulement le regard de ces personnages, coupés de toute réalité. Et l’humanité représentée disparaît, emportant avec elle une partie de l’intérêt de ce film.

Bande-annonce


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