J.Edgar, comme vous l’avez compris est un biopic sur la vie de John Edgar Hoover, directeur et fondateur du FBI. Un acteur majeur dans la vie politique américaine, un précurseur, mais aussi un homme tourmenté par sa paranoïa et sa vie cachée.

1919, le jeune John Edgar Hoover intègre le Département de la Justice américaine.  Malgré les moqueries de ses collègues, le « John» ou Edgar comme l’appelle sa mère, rêve de créer un fichier national d’empreintes digitales, de laboratoires scientifiques et de révolutionner l’investigation policière. Lorsque le fils de Charles Lindbergh est enlevé, les méthodes de Hoover font leurs preuves. C’est ainsi que J.Edgar fonde le FBI qu’il dirigera pendant près de cinquante ans.

L’homme le plus puissant d’Amérique

Clint Eastwood nous offre à travers la prestation assez époustouflante de Léonardo DiCaprio un portrait assez réaliste d’un homme fascinant, détesté ou admiré qui d’une certaine manière a dirigé l’Amérique et fait trembler près de huit administrations présidentielles. Décrit par bon nombre d’historiens américains comme un patriote mais aussi un homme bizarre, ce génie a réussi à tenir pendant près de 50 ans la justice américaine et cela Eastwood ne l’oublie pas. Mais au lieu de le dépeindre comme un personnage charismatique et autoritaire, le réalisateur a préféré se focaliser sur l’humain, même si l’on déplore l’omission de son homosexualité (et aussi les rumeurs d’orgies, soirées où cet homme très puissant aimait se travestir en femme). Un homme qui a quand même révolutionné le monde de la police et la justice américaine, qui vers la fin de sa vie a développé une sacrée paranoïa obsessionnelle envers tout le monde, notamment vis-à-vis du communisme et la fameuse chasse aux sorcières. Il a même collaboré avec la Mafia à une certaines époque,  mais cela Clint Eastwood a préféré ne pas l’aborder, pourquoi ? Peut-être par peur de s’éloigner de l’intrigue d’origine.

DiCaprio méconnaissable

L’acteur blondinet idole des filles dans les années 90, connu pour avoir dansé sur un bateau qui a sombré sur les flots a disparu, c’est officiel.

Méconnaissable, vieilli, Leonardo nous offre une prestation qui lui vaudrait bien un oscar. A coup de flash-backs entre l’homme qui dicte ses mémoires à un dactylo et un Leonardo jeune en 1920, rêvant de cataloguer la population américaine, se cherchant auprès des femmes et de sa mère (Judi Dench), l’acteur semble habité par son rôle du début à la fin.

A la fois torturé, ténébreux, mûr, charismatique, maladroit, Leonardo nous offre une prestation variée et profonde d’un Hoover que l’on découvre grâce à lui sous un nouveau visage. Le mythe était avant tout un homme, clairement ce que Clint Eastwood voulait porter à l’écran. Un homme avant un génie. Le bon vieux Clint ne s’était pas trompé en lui offrant le rôle, l’un des meilleurs pour l’acteur jusqu’ici qui n’a plus à prouver son talent.

50 ans d’histoire, 50 ans d’enquêtes

50 ans d’histoire défilent en moins de deux heures, que ceux qui ont un minimum de culture américaine reconnaitront. Pour les autres, c’est l’occasion de revenir sur des évènements qu’on ne connait souvent que de nom, comme la traque de Dillinger, l’assassinat de John Kennedy et celui de Martin Luther King. Le réalisateur nous offre un portrait d’un demi siècle d’évolution des moeurs, des techniques d’investigation, la naissance des laboratoires scientifiques, de créations de réseaux d’informations secrets… Un film poignant par lequel on se laisse porter, surtout si l’on est féru d’Histoire. Un seul bémol : 50 ans d’histoire et tant d’omissions qui auraient put rendre ce biopic encore plus profond, un poil dommage ! A voir absolument.

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 Crédits Photo: Keith Bernstein © 2011 Warner Bros Entertanment Inc