L’insoumise dans La Mare Aux Loups : Rencontre avec les auteurs

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Lors de son épopée au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, le Cerveau avait rencontré David Haziot et François Baranger pour parler de leur album L’insoumise, Tome 1, Les Eaux de Lune, BD historique, édité par La Mare aux Loups, jeune maison d’édition récemment créée.

Cela faisait longtemps que David Haziot, détenteur d’un prix de l’Académie Française pour sa biographie de Vincent Van Gogh et d’un Goncourt de la biographie pour son dernier ouvrage sur les Rouart, et François Baranger, peintre, sculpteur, portraitiste et dessinateur, n’avaient pas travaillé ensemble. En effet, leur dernière collaboration sur l’Or du Temps, une Bande Dessinée qui retrace librement le mythe d’Orphée et Eurydice durant l’Egypte Pharaonique, paru chez Dargaud, remonte déjà à 1989. Pourtant, ces deux amoureux d’Histoire avec un grand H sont de retour avec deux nouveaux projets.

En effet, les deux acolytes se lancent dans une nouvelle Bande Dessinée historique, L’Insoumise, relatant les aventures passionnées de la jeune et rebelle duchesse Clélia Marzari sur fond de guerres sous la Renaissance italienne, paru le 5 Février 2016 chez La Mare aux Loups; une toute récente maison d’édition créée par David Haziot, scénariste et ancien éditeur chez Autrement, et Chantal Droit-Hauser, ancienne ingénieure-chercheur chez EDF.

Le Cerveau vous propose de découvrir l’univers graphique et historique né de la collaboration entre David Haziot et François Baranger au travers de L’Insoumise, première Bande Dessinée de leur Mare Aux Loups, avec une rencontre qui revient sur le travail de ses auteurs, leur collaboration, inspiration…

DROITEVotre dernière collaboration remonte à 1989, sur l’Or du Temps. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans un nouveau projet commun ? De créer votre propre maison d’édition ?

David Haziot. L’idée de créer La Mare Aux Loups est partie avant tout de notre désir de refaire de la Bande Dessinée ensemble tout en étant complètement libres dans nos choix éditoriaux, ou de nos sujets. Nous voulions être capable de maîtriser tous les aspects de la création et de l’édition, jusqu’au choix de l’imprimeur, Lesaffre, situé en Belgique, ou du photograveur, César Graphic en l’occurrence. Dans la mesure où nous avions la volonté de raconter la Renaissance Italienne sous un aspect tant littéraire qu’esthétique, il nous fallait avoir les mains libres pour retranscrire fidèlement le soin apporté par François sur les cases de L’Insoumise.

François Barranger. Et puis, cela faisait plus de 20 ans que nous n’avions pas travaillé tous les deux ! Nous avions envie de nous y remettre, d’écrire, de dessiner ! Lorsque nous avons arrêté notre collaboration, nous avons emprunté des chemins différents et, chacun de notre côté, nous avons pu écrire sur d’autres sujets, envisager les choses sous un angle nouveau…

L’Insoumise, votre première Bande Dessinée parue aux éditions La Mare Aux Loups, possède une esthétique très particulière. Quelles ont été vos inspirations, vos motivations graphiques ?

F.B. Avec L’Insoumise, nous avions envie de nous adapter à la plastique de l’époque à laquelle se déroule l’histoire, c’est-à-dire au XVIème siècle, sous la Renaissance Italienne. Au-delà d’un simple critère de « beauté », l’esthétisme que nous avons choisi pour cette Bande Dessinée a également une fonction narrative.

D.H. La couleur est un langage, le dessin aussi d’ailleurs. Le style graphique que nous avons mis en place dans L’Insoumise est un instrument qui permet de raconter une histoire, celle de Clélia Marzari. Et je trouve que c’est une réussite : les cases de François sont magnifiques, très soignées… chacune d’elle est un véritable tableau en soit. Prenez, par exemple, la scène où de l’eau s’échappe des yeux des statues et engloutie le pavillon de Clélia : cela donne un tableau à la fois très onirique et impressionnant !

L’Insoumise raconte une histoire d’amour, celle de Clélia Marzari, jeune et rebelle,sur fond de guerre durant la Renaissance Italienne. L’Or du Temps nous contait déjà une histoire d’amour. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’explorer de nouveau ce thème ? Quelles ont été vos inspirations ?

F.B. En réalité, ces deux histoires sont très différentes, sans pour autant être dénuées de liens. Dans l’Or du Temps, nous nous sommes librement inspiré du mythe d’Orphée et Eurydice : le thème est celui de l’amour fou. Dans L’Insoumise, nous avons voulu explorer l’envers de cet amour fou, notamment l’enfer de la jalousie. C’est un hommage au mythe d’Othello sans être une reprise.

D.H. Mais on ne peut cacher notre inspiration pour certaines œuvres littéraires ou musicales dans L’Insoumise. Nous sommes grands amateurs de l’univers gothique et onirique d’œuvres telles que Le Château d’Otrante, d’Horace Walpole, par exemple. Mais on pourrait citer également, du côté des œuvres musicales, Le Lamento Della Ninfa, un Madrigal de Monterverdi que chantent des musiciens dans L’Insoumise. Il existe d’ailleurs un montage vidéo de ce chant réalisé avec des images de L’Insoumise.

Insoumise grande

 

La série de L’Insoumise se compose de deux volets : Les Eaux de Lune, déjà paru, et Marignan, prévu pour 2017. Pourquoi avoir décidé de diviser votre récit en deux tomes ?

F.B. Il nous était impensable de travailler L’Insoumise en un seul tome. Nous sommes très attachés à représenter l’histoire grâce à l’esthétique de cette Bande Dessinée. C’est pourquoi nous avons choisi de concevoir chaque case comme un tableau à part entière. Aussi, il était impossible de faire la part belle à chacune des peintures en les concentrant dans un seul tome.

D.H. Rien que pour le tome 2, nous avons prévu une représentation de la Bataille de Marignan avec des tableaux spectaculaires, à l’image de ceux de la Renaissance. Nous ne pouvions pas nous contenter d’un seul tome pour donner vie à ces fresques historiques.

L'insoumise droiteA la lecture de L’Insoumise, on ressent un soin tout particulier apporté aux décors et à l’ambiance de la Renaissance Italienne. Cela a du demandé beaucoup de recherches ?

D.H. En effet, nous avons effectués d’importantes recherches historiques pour mener à bien notre projet. Dans la mesure où le décor est acteur du drame, il n’était pas concevable de mettre de côté un travail de fond sur les structures des bâtiments, des édifices, des statues, mais aussi des vêtements et des coiffures de l’époque. Cela apporte une crédibilité au récit.

Le tome 2 de L’Insoumise, Marignan, est déjà prêt. Avez-vous prévu d’autres projets ensemble dans le futur ?

F.B. Je ne sais déjà pas comment je vais finir cette phrase, alors delà à prévoir plus tard, ça m’est très compliqué !

D.H. Et puis, si l’on sait comment se fini une phrase, on s’ennuie !

Crédit : ©Droits réservés

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