Laurence Anyways est le troisième film réalisé par le jeune réalisateur québécois Xavier Dolan. Après J’ai Tué Ma Mère (2009) et Les Amours Imaginaires (2010), Xavier Dolan signe Laurence Anyways, un film mature qui traite de la transsexualité mais surtout de l’amour et de l’acceptation.

Dans Laurence Anyways, on suit Laurence Alia (Melvin Poupaud) un professeur de littérature dans un lycée à Montréal qui vit l’amour parfait avec Fred, la femme de sa vie. Mais il est temps pour lui de devenir la personne qu’il a toujours été au fond de lui : une femme. Cette annonce va faire l’effet d’une bombe et son couple va subir les conséquences de ce changement. On le suit alors sur plusieurs années de la fin des années 80 à la fin des années 90. Un véritable voyage durant lequel Laurence et Fred vont affronter les regards et les préjugés de leurs familles et d’une société loin d’être tolérante.

Réalisation ambitieuse

Pour la première fois, le réalisateur est resté derrière la caméra, avec ce troisième film, les gens l’attendaient au tournant après ses deux premières réalisations réussies. Avec Laurence Anyways Dolan a vu les choses en grand, peut-être en trop grand du haut de ses 23 ans. C’est un réalisateur très ambitieux et cela se voit à travers l’écran. Sa réalisation est extrêmement léchée, peut être un peu trop. On sent qu’il a travaillé chaque plan, chaque cadre, presque comme des tableaux. Le film durant près de 2h40, il a des longueurs et des répétions mais le plus important c’est l’histoire. Ces longueurs peuvent perdre le spectateur et ennuyer par moment. Sa réalisation peut être un peut trop prétentieuse parfois au détriment d’une belle histoire qui n’a pas forcément besoin d’autant de métaphores visuelles. Le sujet est intéressant et il est plutôt bien traité. Il pousse le spectateur à voir plus loin et à essayer de comprendre ce qu’est la transsexualité. Dolan cherche à briser les tabous, les clichés et les amalgames souvent faits sur les transsexuels ou transgenres.
La musique du film traverse les époques et épouse avec justesse les différentes ambiances du film puisque l’on passe de la fin des années 80 aux années 90. Avec des artistes comme The Cure, Depeche Mode, Duran Duran mais aussi de la musique classique comme Beethoven ou encore Sergei Prokofiev, la musique fait office de personnage à part entière du film. C’est un véritable voyage à travers la transition du personnage principal mais surtout de son histoire d’amour avec Fred, l’amour de sa vie.

Un jeu délicat

Melvil Poupaud est tout en nuance. Il est difficile au début de voir la femme en lui mais au fur et à mesure, le spectateur est immergé dans le monde de Laurence et finit par comprendre ce personnage même si pour beaucoup il est difficile de s’identifier, on ne peut être que touché par lui. Melvil Poupaud incarne Laurence avec délicatesse. Nathalie Baye incarne une mère aimante qui aime son fils coûte que coûte même si bien sûr elle a du mal à comprendre, elle ne le laisse pas forcément paraître. L’actrice est très juste dans son interprétation de cette femme triste et qui semble renfermée sur elle-même. Le film est aussi porté par Suzanne Clément dans le rôle de Fred qui fait un travail incroyable en interprétant cette femme qui va se retrouver dans une drôle de situation avec la transition de l’amour de sa vie. Un rôle qu’elle a travaillé à la perfection.

L’identité

Ce sujet est venu à Xavier Dolan lors du tournage son premier film. Le film fait aussi la distinction entre orientation sexuelle et genre. Laurence est attirée par les femmes, le personnage se sent femme mais n’est pas attiré par les hommes. C’est la première chose que Fred pense quand elle découvre la vérité. Elle lui demande s’il est attiré par les hommes. Laurence va devoir affronter le regard des gens à une époque où la transsexualité est considérée comme une maladie mentale. Elle va aller jusqu’au bout, se montrer telle qu’elle est sans se cacher, elle va être sa propre personne sans se soucier des qu’en-dira-t-on. Une vraie femme courage. Le changement d’identité de Laurence se reflète aussi sur Fred et elle se pose alors des questions sur sa propre identité, sa relation, ses sentiments et surtout les sentiments de Laurence.

Laurence Anyways est un beau film qui traite d’un sujet délicat, très mal compris par la plupart des gens mais c’est avant tout l’histoire d’un amour à la fois passionnel et impossible entre deux êtres qui vont avoir du mal à s’aimer comme ils le voudraient et dont les vies ne vont cesser de s’entremêler. Xavier Dolan est un très bon réalisateur qui a parfois tendance à en faire trop alors que parfois il pourrait faire dans la simplicité. Ses sujets sont forts, intéressants et bien traités.

Laurence Anyways – Trailer

Crédits photos ©MK2