Label 619 : Rencontre avec RUN, Mirion Malle et Florent Maudoux

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Florent Maudoux and the Freaks

Pour enchaîner suite à cette rencontre avec Mirion, le Cerveau a eu le plaisir e faire connaissance avec  Florent Maudoux, installé avec ses aquarelles, terminant une dédicace du dernier tome de sa série Freaks Squeele, A-Move & Z-Movie. L’occasion de revenir sur ses influences et ses oeuvres.

Freaks Squeel Tome 7Nous sommes au Festival d’Angoulême et, à cette occasion, avez-vous des personnalités que vous voudriez rencontrer durant le week-end ?

Si vous avez trouvé un moyen pour rencontrer Katsuhiro Otomo, je suis preneur ! (rires). Plus sérieusement, Otomo a été une personnalité très importante dans mon travail. Au-delà de l’influence qu’il a eu sur moi dans sa manière de raconter les histoires, très spécifique en matière de manga, il m’a enseigné la rigueur. Mais, si j’avais pu, j’aurais vraiment aimé pouvoir rencontrer Moebius. Si Otomo m’a apporté la rigueur, Moebius m’a donné l’ouverture d’esprit.

Avec A-Move & Z-Movie, vous arrivez au terme de votre série Freaks Squeele. Souhaitez-vous vous faire vivre cet univers au-delà de cette série et de ses spin-off ?

Je compte approfondir l’univers de Freaks Squeele au travers de ses personnages. Je trouve que mes Bandes Dessinées ne répondent pas à toutes les questions que peuvent se poser mes lecteurs concernant leurs origines. Par exemple, je fais référence à la jeunesse de Ange dans le tome 6, mais je ne parle pas de ses parents, d’où ils viennent, quels étaient leurs buts… Il y a plein de questions sur l’origine des protagonistes qui restent en suspens et auxquelles j’aimerai apporter des réponses. C’est pour cela que je me suis lancé dans un projet de roman qui aura pour vocation de développer leur histoire personnelle.

Qu’est-ce qui vous a conduit, à l’époque, à frapper à la porte d’Ankama pour éditer Freaks Squeele ?

Au début, j’avais été proposer mes planches à plusieurs maisons d’édition. Mais j’essuyais refus sur refus. Jusqu’à ce que j’arrive chez Ankama, où j’ai enfin trouvé chaussure à mon pied. Par rapport au format et au contenu que je proposais, c’était de loin la maison d’édition la plus appropriée. De plus, RUN avait lui aussi connu les mêmes types de refus dans sa carrière et souhaitait, avec le Label 619, proposer à ses lecteurs quelque chose de différent, que lui-même voudrait lire. En fait, ce sont ces envies mutuelles de comics, de manga, dans la narration ou le style graphique, qui ont forgé le Label 619. A l’époque, il y avait peu de production « métissées » en Bande Dessinée. Je pense que cela est dû au fait que le public n’était pas encore prêt à recevoir ce type d’œuvre. Trouver son public, c’est 50% de talent, 50% de chance.

Avec Freaks Squeele, vous avez exploré le domaine de la BD, mais également du jeu vidéo avec votre titre Call Of Cookie. Souhaiteriez-vous vous lancer sur un projet cinématographique ?

Il y a en effet un projet d’adaptation en cours, mais je préfère me concentrer sur ce que je sais faire, la Bande Dessinée. Un film représente un énorme investissement, que ce soit en termes de budget ou de temps. De plus, pour faire un film, il est nécessaire de trouver LA bonne personne, le bon collaborateur avec qui monter un projet stable et en accord avec mes attentes et mes envies. Je pense qu’il faut d’abord exister par soit même pour convaincre les autres, avoir la maturité de faire des choix. Pour le moment, je souhaite mettre l’accent sur mes projets papiers.

RUN et Florent Maudoux FIBD 2016

RUN, mutafukerz !

Alors que notre entrevue avec Florent Maudoux touche à sa fin, le responsable du Label 619, RUN, prend place ses côtés pour répondre à nos questions.

Nous sommes au Festival d’Angoulême et, à cette occasion, avez-vous des personnalités que vous auriez aimé rencontrer ce week-end ?

(Regard complice entre Florent Maudoux et RUN ) Si vous avez trouvé un moyen pour rencontrer Katsuhiro Otomo, je suis preneur ! – Rires. Je suis arrivé mercredi 24 Janvier au soir, du coup, je n’ai pas vraiment eu le temps d’y réfléchir. Le Festival est un évènement riche en rebondissements et en rencontres, et j’ai très peu de temps pour moi. Cependant, j’aimerai beaucoup pouvoir enfin voir Mégaboy : on n’arrête pas de se croiser sans jamais réussir à se retrouver !

Lorsque l’on est face à vos créations, on sent assez clairement une inspiration qui nous vient de la pop culture et du street art en général. Y a-t-il des artistes qui ont influencé votre œuvre dans ces domaines, ou d’autre ?

S’il y a bien une « sensibilité street » chez Mutafukaz, le street art n’est pas ma principale source d’inspiration. Lorsqu’on a mis en place les premières ébauches en 1997, j’étais entouré de nombreux artistes très différents : le collectif 123Klan, Dany Boy, Rolito… Ils m’ont permis de découvrir des styles graphiques qui m’étaient étrangers, d’expérimenter de nouvelles choses. On dépendait les uns des autres créativement parlant. Mon style a donc été influencé par un ensemble d’artistes en collaboration, une émulsion commune qui à créer chez moi un univers multi référencé et éclectique.

Mutafukaz_tome_5Vous venez de terminer votre série phare et emblématique, Mutafukaz. Avez-vous de nouveaux projets sur lesquels vous souhaitez travailler ?

Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir changé les choses avec Mutafukaz. Parfois, des admirateurs de la série viennent me voir pour me dire à quel point cette Bande Dessinée à changer leur manière de lire. Personnellement, je ne me préoccupe pas beaucoup de la réception de Mutafukaz, je préfère me concentrer sur Doggy Bags. Mais je n’en ai pas pour autant fini avec lui ! Au-delà des clins d’œil réguliers à Vinz ou Angelino dans Doggy Bags, j’aimerai explorer à nouveau les protagonistes et l’univers de Mutafukaz dans le futur. Par contre, je souhaite rester sur des projets graphiques, je laisse l’écriture de roman à Florent !

Un projet d’adaptation de Mutafukaz en film d’animation est en cours de production ; il est prévu sur nos écrans pour 2017. Quels sentiments retirez-vous de cette expérience d’adaptation au cinéma de votre BD ? Aimeriez-vous le voir transposé sur un autre support, comme le jeu vidéo ?

Lorsque le projet d’adaptation de Mutafukaz en film d’animation est né, j’ai eu l’impression de porter un costume trop grand pour mes épaules. Je ne me sentais pas légitime, mais je ne voulais pas manquer une opportunité pareille. On a donc commencé à travailler dessus avec le studio d’animation japonais Studio 4°C. Cette collaboration franco-japonaise a été une très belle expérience, aussi bien culturelle qu’artistique. On avait une relation pleine d’humilité partagée, de volonté de donner le meilleur de nous-même, tout ça avec la sensation d’être sur un réel pied d’égalité. C’était vraiment très enrichissant.

Je suis très enthousiaste à l’idée d’une possible adaptation de l’univers de Mutafukaz en jeu vidéo ! Je pense qu’une adaptation vidéo-ludique apporte plus de satisfaction qu’un film, puisque le plaisir s’étend sur la durée et permet au joueur de s’impliquer dans l’univers. Avec ce type de support, on peut faire se répéter une histoire différemment à chaque nouvel essai ou s’éclater à chercher des bugs pour se réapproprier les règles du jeu. Personnellement, j’avais adoré la fin de l’excellent Red Dead Redemption.

Le Label 619 possède un panel d’auteurs très variés. Comment faites-vous pour recruter de nouveaux artistes ? Quels sont vos critères ?

Mon principal critère de sélection, en dehors du talent et de l’univers graphique, c’est le feeling. Pour moi, c’est vraiment important que le courant entre les membres du Label 619 passe bien pour que chacun puisse travailler dans de bonnes conditions. Après, tout le monde est libre de proposer son travail au Label, même s’il m’arrive de contacter moi-même des artistes quand leur travail me plait, comme ça a été le cas pour Mirion.

Crédits : Droits Réservés

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