Après avoir fait un carton dans les années 90, les Tortues Ninja reviennent dans Ninja Turtles, une pub pour jouets divertissante.

Si vous avez grandi dans les années 90, vous connaissez obligatoirement les Tortues Ninja grâce au dessin animé éponyme. Joie des petits, enfer des parents au vu de la flopée de produits dérivés des chevaliers d’écailles et de vinyle, personne n’y a échappé. Et quand bien même vous auriez vécu dans une grotte pendant leur diffusion, le générique français est devenu un classique de nostalgie que tout le monde connait. Donc quand un film avec les personnages en images de synthèse a été annoncé, c’était la folie dans les chaumières. Qui le réalise ? Jonathan Liebesman ? Celui à qui on doit Battle : Los Angeles et La Colère des Titans ? Et Michael Bay est producteur ?

Quatre tortues d’enfer dans la ville

Ninja turtles illus2April O’Neil est une journaliste frustrée. Obligée par sa chaîne Channel 6 de couvrir des sujets sans importance, elle rêve DU sujet, le gros titre qui la fera connaître et qui fera d’elle une véritable journaliste d’investigation. Alors qu’elle rentrait chez elle un soir à vélo (parce que c’est une citoyenne responsable et écologique), elle tombe sur un braquage perpétré par le clan du Foot, gang gangrenant New-York par leurs méfaits. Mais cette fois, il y a quelque chose de différent. Une ombre se meut rapidement et met un terme aux sombres dessins des malfrats, en balançant une bonne partie dans l’Hudson. Effarée, April tente de filmer le justicier mystère, sans succès. Cependant, il laisse derrière lui un étrange symbole que la journaliste semble connaître. Quel est donc ce vigilant qui ose s’opposer au gang le plus dangereux de New-York ? Et est-il vraiment seul ?

Soupe de tortues

De prime à bord, Ninja Turtles semble être une nouvelle insulte à notre enfance made in Michael Bay. Megan Fox en April O’Neil, c’est comme croiser Mademoiselle Bille-en-tête du Bus Magique danser au strip-club du coin pour arrondir les fins de mois. Les Tortues sont plus que jamais des raisons de cauchemars chroniques tant leur physique est effrayant (ces nez…) malgré l’effort du numérique. De plus, leurs comportements sont d’un cliché… Certes il est acquis que chacun est censé avoir sa personnalité propre mais là on est à la limite de l’insupportable : Leonardo est juste et droit, Raphael un gros bourrin trop dark et rebelle, Donatello ne dit rien sauf pour sortir du blabla geek volontairement incompréhensible (parce qu’il est trop intelligent n’est ce pas) et enfin Michelangelo est de loin le side-kick rigolo le moins convaincant et le plus tête-à-claques du monde. Certes ils sont censés être des adolescents (Teenage Mutant Ninja Turtles = Adolescents Mutant Ninja Tortues) mais un peu de profondeur aux personnages, ça ne coute pas plus cher que faire sauter un building pour arranger les problèmes érectiles de Michael Bay.

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Au niveau du scénario, on est plein délirium tremens une fois de plus. Quatre tortues génétiquement modifiées qui apprennent les arts martiaux avec un rat mutant pour se battre contre un groupe de terroristes menés par un vilain japonais pas beau, une journaliste qui se rend compte que l’ancien partenaire de son père (qui est à l’origine des Tortues) est en fait un méchant qui veut empoisonner la ville pour vendre le remède au plus offrant… Bon, certes on ne demande pas à avoir un scénario original quand on va voir un film comme Ninja Turtles mais une fois de plus, se creuser les méninges est un acte gratuit, tout du moins aux dernières nouvelles.

Le Père Noël n’existe pas

TEENAGE MUTANT NINJA TURTLESSeulement voila, là, le Cerveau doit s’avouer vaincu. Les Tortues Ninja, de leur création à nos jours, n’ont été qu’une vaste mascarade dont nous avons tous été victimes. A l’origine, les Tortues ont été créées pour parodier les comics de l’époque avec des super-héros qui devenaient parfois n’importe quoi. Mais ce délire entre potes devient populaire et, victime de son succès, se voit adapté au grand et au petit écran. Après 3 films avec des Tortues en latex immonde et au scénario écrit sur une serviette de bar (ainsi qu’une comédie musicale mais ça…), le jeune public en redemande et le fameux dessin animé qu’on connaît tous est réalisé… pour des raisons marketing. En effet, pourquoi arrêter d’exploiter une licence aussi juteuse ? Donc pour résumer, peu importe la version des Tortues Ninja que nous connaissons, même l’innocente série des années 90, le but a toujours été mercantile, au détriment d’une production de qualité (sauf quelques comics un peu dark où Raphael se fait brûler le visage au 3ème degré et Michelangelo devient Shredder).

Lucide, enfin presque

Il arrive cependant que le film fasse preuve d’un légère lucidité en rappelant à travers le discours de certains personnages que le concept de quatre tortues géantes faisant du kung-fu est complètement stupide. C’est rigolo, ça montre qu’il fait preuve de second degré. Une fois, deux fois, trois fois… Au final, on comprend bien que le réalisateur veut montrer qu’il a de l’autodérision. Mais le second degré à l’abus force le spectateur à voir le vide entre les planches et décrédibilise totalement le film. Dommage, face à ce qui aurait pu être la seule porte de sortie.

Critiquer Ninja Turtles pour son manque de fond, c’est même plus tirer sur les ambulances, c’est les défoncer à coup de lance-roquette. Mais une fois qu’on contextualise à nouveau dans l’histoire des Tortues Ninja, force est de constater… qu’il s’y inscrit parfaitement. Donc difficile de se mettre d’accord sur quoi en penser. Y aller en y voyant un divertissement Bayesque semble être la démarche la plus saine. Y voir une révolution donnant ses lettres de noblesse à la franchise ? La déception risque d’être grande. Non, Ninja Turtles est juste un vide-cerveau à voir entre potes pour rigoler un bon coup. Mais si le spectateur veut garder intact le souvenir qu’il a du dessin animé de son enfance, le film est sûrement à éviter.

Ninja Turtles : bande annonce

Crédits : ©Paramount