Entre hommage à et actualisation d’un humour anglais qu’on croyait disparu, Absolutely Anything marque un passage de flambeau de l’ancienne garde Monty Pythesque à la nouvelle génération.

22 ans après Le Sens de la Vie, les Monty Python, icônes démiurges de l’humour britanniques, se réunissent pour ce qui sera probablement la dernière fois. Sous la direction de Terry Jones, ses 3 compères Terry Gilliam, John Cleese et Michael Palin rassemblent ce qui leur reste de folie et d’absurdités pour le déverser allègrement dans un feel-good movie hilarant porté par un casting et une ambiance 100% britannique comme on les aime.

Pegg saves the Queen

absolutely anything illus2Neil Clarke est un prof remplaçant dans une petite bourgade britannique. Sa vie se résume à son chien Dennis, ses élèves turbulents, son proviseur tyrannique mais surtout à la romance cachée qu’il cultive pour Catherine, sa voisine du dessous. Mais ce dont Neil est loin de se douter, c’est qu’à des années lumières de cela, le Conseil Intergalactique décide de mettre la Terre à l’épreuve afin de définir si ses habitants sont dignes de les rejoindre. Pour ce faire, ils choisissent un terrien au hasard et font de lui un dieu vivant pendant 1 semaine. Bien évidemment, le pauvre Neil n’a aucune idée du tour que le destin va lui jouer en le sélectionnant pour représenter l’espèce humaine.

Cohérence absurde

Derrière ce scénario inspiré de L’Homme qui pouvait accomplir des miracles de H.G. Wells pouvant jouer les parodies british paresseuses de Bruce Tout Puissant se cache une profondeur donnée par son contexte ainsi que sa réalisation qui place immédiatement Absolutely Anything à des années lumières du film de Tom Shadyac. Avant de s’attaquer au symbolisme entourant le film, il est particulièrement agréable de retrouver la patte absurde des Monty Python au grand écran, s’essayant aux codes du cinéma grand public (contrairement au format sketch des comédies britanniques des années 80-90 qui serait plus difficilement passé de nos jours). Cette excuse scénaristique de l’omnipotence du protagoniste est l’occasion de réaliser tous les délires possibles en imaginables sortant des esprits malades des Monty Python. Ce qui donne lieu a des scènes d’une absurdité hilarante comme Simon Pegg transformant son collègue en saucisse avant de manquer de le manger ou petit déjeunant et discutant avec son chien. Ces situations s’enchaînent naturellement sans tomber dans la lourdeur de certaines comédies américaines avant d’aboutir à un festival jouissif de n’importe quoi. Et ça bien entendu, le Cerveau ne le dira jamais assez, est dû au génie de ses géniteurs.

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Monty Tout Puissant

absolutely anything illus3Lorsqu’on dépasse les performances amusantes de Simon Pegg et Kate Beckinsale, on ne peut que saluer aussi les voix en version originales des Monty Python incarnant les extra-terrestres omnipotents. Plus que des véritables rôles, ils sont ici tels leurs personnages pour transmettre à la nouvelle génération de comédiens et comiques anglais (pourtant déjà bien installés dans le coeur des fans grâce à Edgar Wright entre autres) les rennes d’un humour anglais absurde ayant fait les beaux jours du vieux continent face à l’entertainement américain. La preuve en est de la présence du regretté Robin Williams au casting qui s’en est donné à coeur joie dans son ultime rôle en doublant le chien de Neil, tirant ici une révérence irrévérencieuse comme lui seul aurait pu le faire. Et afin d’appuyer cette résistance de l’humour anglais face à l’américanisation, le personnage grotesque de Grant joué par Rob Gribble cherchant obstinément par tous les moyens à séduire Beckinsale (argent, gloire voire violence) ne finit que par se ridiculiser par ses propres actes et perdre le coeur de la belle face à la maladresse et l’humour de Neil, malgré ses pouvoirs.

Absolutely Anything, non content d’être sûrement la dernière oeuvre en commun des Monty Python en plus d’être celle de Robin Williams (dont la date de sortie du film célébrera le premier anniversaire de sa disparition), est une comédie rafraîchissante et pleine de bonne humeur avec un casting de choix et une réalisation plaisante. Il ne s’agira sûrement pas l’oeuvre la plus reconnue des humoristes par le public mais reste néanmoins une très belle façon de tendre la main aux nouveaux venus tout en se retirant de la scène. Salut les artistes.

Absolutely Anything : Bande-annonce

Crédits : ©OceanFilms