Cristela : la surprise de la rentrée

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3.0

Critique de la comédie Cristela bonne surprise de la rentrée série 2014.

Cette année, dans ses comédies, ABC joue la carte de la diversité et tente d’ouvrir la discussion raciale aux Etats-Unis. Après Black-ish qui s’interesse à une famille afro-américaine, voici Cristela, avec une héroïne americano-mexicaine. La jeune femme souhaite devenir avocate, mais cela clashe avec les valeurs familiales. Si on n’évite pas le cliché du latino un poil misogyne – la petite fille n’a pas le droit de jouer au foot, et doit devenir pom-pom girl, même si Cristela tente d’encourager l’enfant – certains autres sont évités. Voire justifiés par la série qui s’amuse des clichés sur les Latinos. Comme le dit la mère ”Ce n’est pas parce que tous les techniciens de surface sont latinos que tous les latinos sont techniciens de surface”. Et ce n’est surtout pas là le problème, Cristela doit faire face à une réalité économique et c’est là que le problème vient avec sa famille. Quand Cristela veut vivre son rêve américain, sa famille bien est plus pragmatique et souhaite surtout réussir à payer ses factures.

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La problématique raciale est bien mise en place aussi, avec humour et sans fausse pudeur et ne va pas par quatre chemins. Elle est aussi plus crédible que dans Black-ish. Ici, le spectateur est plus susceptible d’avoir vécu ou d’avoir dit ces remarques qui relève d’un racisme ordinaire dont un non-immigré aura rarement conscience. Et dans les remarques les plus racistes, là encore, on est dans des situations que trop courantes et malheureusement pas exagérées pour la comédie. La réplique ”Je suis née à Dallas, je suis américaine”, va parler à tous ceux qui, comme Cristela, ont été invités à retourner dans leur pays, que ce soit à travers une “blague” ou plus sérieusement. Si certaines références sont purement latinos, et ne vont pas forcément être comprises par un public autre que latino-américains, la majorité de ce pilote est très accessible à tout le monde malgré sa dimension raciale.

Réaliste

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Le tour de force de Cristela est de pointer ses problèmes sérieux sans jamais perdre son humour. Ici point d’indignation ou de leçons données. Les réactions des personnages fassent au racisme ordinaire sont très réalistes. Ce n’est pas la première fois qu’ils y font face, ce ne sera malheureusement pas la dernière, autant répondre avec une bonne répartie humoriste que prêcher ou s’énerver, ça ne sert à rien. L’indignation furieuse, quand on fait face au racisme tous les jours, ça fait longtemps qu’elle n’existe plus pour les remarques les moins blessantes.

Si tous les gags ne fonctionnent pas, les rires sont aux rendez-vous dans le pilote. Certes, la majorité des blagues et des bons mots ont déjà été entendus ailleurs – au point où vous pouvez deviner la réplique vous-même – mais l’actrice, Cristela Alonzo les délivre avec une telle énergie et une telle sincérité qu’elle fait rire malgré tout.

Bons personnages

Le pilote de Cristela installe aussi très bien la majorité des personnages, en particulier Cristela, sa mère et sa soeur, ainsi que le futur patron de notre étudiante-avocate. Des personnages un peu caricaturaux dans le pilote. Cependant s’ils ont du relief, et assez de traits de caractères ont été montrés pour qu’une amélioration dans les prochains épisodes est possible, en ajustant quels qualités et défauts mettre en avant et ceux à garder en retrait. Ceci n’est pas le cas pour Alberto. Un mauvais personnage pas drôle qui n’apporte rien et dont les scènes gâchent la qualité de ce premier épisode. Et modifier un tant soit peu le personnage serait en contradiction de ce qui a été montré dans cet épisode introductif.

Cristela est la surprise de la rentrée. La mauvaise bande-annonce faisait craindre le pire, et ce n’est pas arrivée. Cependant, comme pour beaucoup de comédie en multi-cam, il va falloir d’autres épisodes pour juger pleinement de sa qualité. Mais la série signe, avec son pilote, un bon départ.

©ABC

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