Ron Howard revient sur grand écran avec Au cœur de l’océan avec Chris Hemsworth, une épopée inspirée d’une histoire vraie, celle qui a d’ailleurs aussi inspiré le plus grand roman américain du 19ème siècle : Moby Dick

Aujourd’hui sort dans les salles Au cœur de l’océan, le dernier long-métrage de Ron Howard. Après Rush, le réalisateur rempile avec Chris Hemsworth -alias Thor- dans le rôle principal pour conter l’histoire vraie qui a inspiré Herman Melville et Moby Dick.

À l’hiver 1820, le baleinier Essex, originaire de Nouvelle-Angleterre, est attaqué par une créature redoutable : une baleine aux dimensions hors normes et à la volonté de fer qui semble animée par une terrible soif de vengeance. Cette catastrophe maritime inspirera « Moby Dick » d’Herman Melville. Mais cet ouvrage n’a pas relaté l’intégralité des événements.  Au cœur de l’océan s’attache aux conséquences épouvantables de ce désastre, alors que les survivants de l’équipage sont acculés dans les cordes et contraints de commettre l’impensable pour rester en vie. Affrontant les tempêtes, la faim, la panique et le désespoir, ces hommes remettent en question leurs convictions les plus profondes et leurs valeurs morales, tandis que le capitaine du navire cherche à retrouver le cap et que son second croit encore pouvoir mater l’énorme mammifère qui les a pris pour cible…

Nature vs Humanité

au coeur de locean critique image essexAu cœur de l’océan est donc l’histoire vraie de L’Essex qui a inspiré le célèbre roman américain Moby Dick, qui aura fait rentrer Herman Melville dans l’histoire. Une épopée catastrophe lyrique, un poil manichéenne, portée par un casting de choix qui ne manquera pas de faire vibrer le spectateur, à travers des plans maritimes majestueux, une scénographie maîtrisée, une musique épique signée Roque Banos et des effets visuels qui garantissent le voyage en hautes mers.

Véritable Ode à l’océan, le long métrage de Ron Howard suit quand même un parcours balisé pour une histoire simplifiée au possible, véritable défaut du film qui aurait pu être une épopée incroyable s’il avait été un peu nuancé et moins lisse. La thématique de l’homme qui s’abattait impunément sur des créatures innocentes va subir le châtiment de la Mer, qui le mènera à transcender son humanité jusqu’à commettre l’innommable.

Récit de survie

Au cœur de l’océan, c’est avant tout un récit de survie qui va durer la moitié du film. Le récit d’un équipage échoué qui va tenter le tout pour le tout pour survivre en plein océan, à l’instar de l’Odyssée de Pi, All is Lost, ou bien même Gravity. Un récit dramatique, puisque dans l’histoire vraie, l’équipage de l’Essex pratiquera le cannibalisme pour assurer sa survie.

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Une histoire sordide, montrée avec pudeur et gentillesse par Ron Howard, puisque tout se passe hors-champs (seul un plan très furtif en fin de film osera montrer les restes des cadavres consommés), et surtout comme une nécessité excusable, au vu de l’état de l’équipage en danger. Sujet d’ailleurs de la discussion entre le survivant qui témoigne auprès d’Herman Melville (Ben Wishaw), qui vit avec le poids de cet acte, qui verra sa rédemption auprès de Melville et son épouse, pour qui le choix de cet acte ne se discute pas.

De vrais survivants

Le casting quant à lui se doit d’être salué pour la formidable performance dans les scènes de survie. Les acteurs ayant choisi de jouer jusqu’au bout la survie avec une perte de poids impressionnante, excelle dans l’interprétation du désespoir, de la faim et de la faiblesse. Chris Hemsworth est d’ailleurs méconnaissable dans ces scènes particulièrement émouvantes, loin du Thor de Marvel, et plus nuancé dans son jeu. Preuve que l’acteur n’est pas qu’un corps esthétiquement parfait, et possède du talent.

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Malheureusement, l’émotion côté spectateur n’est pas au rendez-vous comme elle l’a pu l’être avec All is Lost et Gravity. Au coeur de l’océan manque cruellement de profondeur. Ce dernier aura du mal à s’identifier avec les survivants tant le récit est enjolivé pour éviter toute dérive dramatique. Et c’est bien dommage car la réelle force de Au Cœur de l’océan résidait dans ce pan dramatique bien plus que dans les rencontres avec la fameuse enorme baleine « blanche ».

Avidité et écologie

au coeur de locean critique image melvilleAu cœur l’océan est avant un film écologique avec un message. Lyrique et romancée, l’histoire des survivants de l’Essex est un prétexte pour montrer l’homme dans sa quête de richesse, peu importe le risque ou la source de cette richesse. Un but partagé par les deux « têtes du navire », qui après naufrage vont se rendre compte que c’est leur avidité qui les a mené là.

Historiquement, la chasse des baleines a été l’un des premiers désastres écologique industriel de l’histoire humaine. Si on connait tous les conséquences du business de l’huile de baleine au 19ème siècle, dans Au cœur de l’océan, la dimension écologique est tout autre. Elle montre ces hommes prêts à tout pour récupérer cet « or » des mers sans référence aux conséquences, avides, qui vont oublier que l’homme n’est pas à la tête de la pyramide naturelle, et que la Nature reprendra toujours son droit.

Indomptable et indomptée, la leçon de Ron Howard est là pour rappeler que l’être humain, n’est qu’une petite chose dans l’équation de la nature. Un discours qui peut être d’ailleurs mis en parallèle avec la quête de l’or noir et ses conséquences au cours de notre siècle, puisque le personnage de Nickerson y fera allusion en fin de film avec Melville. Une référence peu subtile, là pour rappeler que l’Homme est en train de réitérer les mêmes erreurs du passé avec le pétrole.

Au Cœur de l’Océan : Bande Annonce

 

Crédit photos : ©Warner Bros 2015