The Deuce saison 2 : Maggie Gyllenhaal excelle et prend le pouvoir

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4.5

Critique des premiers épisodes de la saison 2 de la série The Deuce qui continue d’explorer l’industrie du sexe dans les années 70.

La très bonne série The Deuce est de retour sur HBO et OCS ce week-end avec sa saison 2. Une saison 2 qui reprend avec un saut dans le temps de 5 ans, en 1977. En effet, quand nous retrouvons les personnages laissés en saison 1, 5 années se sont écoulées. Ils ont ainsi tous avancé plus ou moins dans leur vie.

On est donc un peu désorienté au début de la saison mais on revient doucement et on reprend le rythme des vies de ces personnages qui font leur bonhomme de chemin dans ce quartier de New York qu’est le Deuce, entre les bars, les bordels, les peep-shows, les studios pornos, la police – corrompue ou non – et la mafia.

Changements et évolution

La saison 1 avait vraiment mis en place le quartier et les personnages qui le fréquentent. En cinq ans, beaucoup de changements ont eu lieu mais on réalise en ce début de saison que ces changements n’ont pas été faciles et que les personnages ont travaillé dur pour atteindre le niveau auquel ils sont aujourd’hui.

De tous les changements, le plus notable est celui de Candy incarné par une Maggie Gyllenhaal exceptionnelle. Candy réalise désormais des films pornos et elle ne fait plus le trottoir. Evidemment, elle continue de temps en tant d’être actrice mais ce n’est pas ce qui l’intéresse le plus. Elle souhaite être créative et changer la donne du métier, elle veut y mettre sa patte féminine et se concentrer sur le plaisir des femmes. Elle a aussi l’intention de récupérer son fils à temps plein.

Les femmes au centre

Les femmes sont clairement au centre de cette saison et la série tente de changer la donne avec un regard plus féminin sur cette industrie du sexe qui reste évidemment très axé sur le “male gaze”. C’est un métier qui est difficile pour les femmes, que ce soit la prostitution ou jouer dans des films pornos.

Il est difficile pour Candy de s’imposer et d’être respectée en tant que femme réalisatrice mais elle persévère. The Deuce continue ainsi de montrer l’évolution de la pornographie dans les années 70 et a pris le parti de considérer les femmes et d’explorer leurs difficultés, une chose qu’on voir rarement.

Souvenez-vous, nous sommes dans les années 70, le combat de Candy est compliqué et loin d’être gagné. Il y a très peu de femmes réalisatrices parce que le porno à l’époque est un business fait par des hommes, pour les hommes qui n’ont quasiment aucune considération pour ce que peuvent ressentir les femmes et ce qu’elles souhaitent. Il y a un vrai militantisme dans les actions de Candy mais malheureusement, la réalité la rattrape parfois et elle finit par agir contre son gré et capitule.

Sujets de société et réalisme

Si les événements se déroulent 40 ans en arrière, la série arrive tout de même très bien à dénoncer des problèmes de société comme le racisme dans la pornographie. Les hommes noirs sont marginalisés et les femmes noires sont moins bien payées que les blanches.

Elle traite aussi du sexisme ambiant et du mauvais traitement des femmes. Les scénaristes ont même intégré le concept de la promotion canapé, une chose vieille comme le monde pour bien montrer que ça n’a pas commencé avec Harvey Weinstein.

Comme dans la saison 1, The Deuce reste une série brute de décoffrage, qui montre les choses comme elles sont mais les quatre premiers épisodes que le Cerveau a pu voir en avance, sont moins violents et moins crus que la saison 1. On observe ainsi un changement avec une série un peu plus clean, comme si le business était moins sale en devenant légal.

Depuis le départ, The Deuce à démontrer que le sexe dans la série n’était pas la pour exciter le public, il est très clinique et mécanique parce que ce n’est pas la réalité. Cependant, quand il s’agit de scènes intimes entre personnages qui sont proches, le sexe est filmé différemment pour montrer la différence.

Queen Gyllenhaal

Il y a beaucoup de personnages et d’histoires différentes qui tiennent place dans cette seconde saison mais on reste accroché et on est surtout en admiration devant Maggie Gyllenhaal qui est une merveille dans cette série. C’est la meilleure chose que possède la série. C’est un crime qu’elle n‘est pas été nommée aux Emmy Awards cette année parce qu’elle est magistrale dans son rôle. Elle éclipse tout le monde, même James Franco qui n’ajoute pas grand chose à la série.

On notera aussi que dans cette seconde saison, les macs (CC et Larry) commencent à perdre le contrôle de leurs prostituées ce qui les rend dingues. Ils cherchent ainsi à trouver une solution de replis dans le porno, devant et derrière la caméra. Certains de ces macs sont immondes mais ils sont tellement bien interprétés et ont plus d’une dimension, leur vulnérabilité se dévoile ce qu’ils détestent et ils la cachent derrière la seule chose qu’ils connaissent, la violence et l’agressivité. C’est notamment le cas de CC, superbement incarné par Gary Carr.

Analyse de personnages

Honnêtement, il ne se passe pas grand chose en terme d’histoire dans les quatre premiers épisodes de la saison 2, mais cela ne retire en rien la qualité de la série qui plonge vraiment dans une autre époque et qui analyse la société. On est aussi très concentré sur les personnages qui tentent de survivre dans cette jungle. Si vous êtes là pour des twists ou simplement des scènes de sexe, ce n’est pas la série qu’il vous faut.

C’est une série qui suit avant tout des personnages dans leur vie, des personnages parfois brisés, qui tentent de maintenir la tête au dessus de l’eau pour survivre. Une série qui se penche sur le sort des femmes dans un milieu difficile. Le spectateur est simplement le témoin de leur vie et il souhaite qu’ils arrivent à atteindre leur but et leurs rêves parce qu’on s’attache à eux.

David Simon et George Pelecanos continuent de briller par leur écriture et leurs dialogues ciselés. Et bien sûr, les décors et l’ambiance 70s sont au rendez-vous.

La saison 2 de The Deuce démarre ce lundi 10 septembre sur OCS.

Crédit ©HBO

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