La Dame en Noir est l’adaptation du roman de Susan Hill paru en 1983. Arthur Kipps, jeune notaire à Londres, est obligé de se rendre dans le petit village perdu de Crythin Gifford pour régler la succession d’une cliente récemment décédée. Dans l’impressionnant manoir de la défunte, il ne va pas tarder à découvrir d’étranges signes qui semblent renvoyer à de très sombres secrets. Face au passé enfoui des villageois, face à la mystérieuse femme en noir qui hante les lieux et s’approche chaque jour davantage, Arthur va basculer dans le plus épouvantable des cauchemars…

Haunted House

Sur le plan narratif, rien de nouveau. On surfe sur les peurs connues de la maison abandonnée depuis des siècles, d’une légende de malédiction, et un manoir hanté. Mais qu’on se rassure, il n’est point question de l’attraction d’un célèbre parc aux alentours de Marne la Vallée. Dans La Dame en Noir, on fait dans le gothique, dans le macabre et dans le film d’époque. Et ça fonctionne ! On renoue avec le genre classique de l’horreur, des malédictions et des ambiances cauchemardesques le tout dans des costumes et des décors authentiques et travaillés du 19ème siècle pour donner encore plus de poids au genre du film. Exit le modernisme, on renoue avec la peur de l’étranger, les secrets et mystères d’un petit village anglais. La Dame en Noir, ou quand le classicisme revient à l’écran, non sans réveiller quelques images et références littéraires à des grand classiques comme les Haut des Hurlevents avec ces décors marécageux et un brouillard omniprésent, dans une ambiance à mi-chemin entre l’imaginaire de Burton et son Sleepy Hollow ou les écrits d’Edgar Allan Poe.

Classic

Visuellement, La Dame en Noir a de quoi laisser tout spectateur émerveillé. Les plans sont travaillés, les couleurs en parfaite adéquation avec l’ambiance de ce film sur la thématique du deuil. Le Manoir est la métaphore parfaite de la mort, entre maison à l’abandon de son temps et gothique romantique célébrant l’au-delà entre quatre murs, tel un cercueil sur fondations. La Mort est le thème qui porte ce film, au delà de son genre, puisque le personnage principal Arthur Kipps fait face au deuil de sa femme morte en couche. La Dame en Noir, l’être maléfique au centre de l’intrigue est un genre de poltergeist des temps anciens qui elle aussi n’arrive pas à faire le deuil de son fils, qu’elle avait confié à sa soeur et qui a péri noyé dans des marécages. Et si l’on dépasse l’univers de l’horreur, on arrive à noter quelques pointes de lyrisme dans ce long métrage, un lyrisme assumé surtout à la fin du film, qui pourra dérouter plus d’un spectateur.

Goodbye Potter

Avec beaucoup de scènes sans dialogue, Daniel Radcliffe nous offre une prestation profonde et bien au dessus de ce à quoi l’on s’attendait de sa part, vu son passé d’acteur principal d’une franchise qui aura marqué sa génération. L’acteur est convaincant en père de famille, surtout avec le contexte de l’époque dans laquelle s’inscrit le film, et surtout en veuf. Un peu comme un anti-héros, son jeu, ses expressions sont le reflet d’une maturité d’acteur qui en fera taire plus d’un, surtout ceux qui doutaient de sa capacité à incarner un rôle aux antipodes de ce qu’on attend d’un acteur comme lui.

Quand Arthur frissonne, on frissonne avec lui. Le deuil porté par cette dame en noir imprègne le film du début à la fin d’un silence pesant, un silence qui se traduit dans ce manoir pour rajouter encore plus de tension et de frisson dans ce film tout en renforçant la sensation d’isolement dans ce manoir perdu au fin fond des marécages, le tout sur une musique essentiellement à cordes électrisante d’effroi composée par Marco Beltrami (Terminator 3, I Robot, Scream 4, Die Hard V). On tremble avec des scènes de « jump scares » qu’on ne voit pas du tout venir et qui restent extrêmement bien dosées et surtout efficaces. Le personnage de la dame en noir n’est point caricatural, ni dans l’excès, apparaissant à des moments précis et calculés et surtout de manière équilibrée.

Diaboliquement efficace, avec une mécanique parfaite, il ne s’agit pas moins d’un film que les amateurs du genre apprécieront à coup sûr !

BANDE ANNONCE

Crédit photos : ©Metropolitan Film Export 2012/©Hammerfilm production