Brainterview : Lou ! Journal Infime – Julien Neel et Lola Lasseron

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A l’occasion de la sortie de Lou ! Journal infime, le Cerveau a rencontré son réalisateur Julien Neel et son actrice principale Lola Lasseron.

C’est dans une somptueuse chambre de l’Hôtel Molitor à Neuilly que le réalisateur Julien Neel et la jeune actrice Lola Lasseron ont donné rendez-vous à la presse pour répondre aux questions à propos de leur oeuvre en commun à sortir le 8 octobre prochain : Lou ! Journal infime. Le film raconte l’histoire de Lou, jeune adolescente vivant avec sa mère dans une grande ville indéfinie. Elle y vit sa vie, entre amis, coups de coeur et famille, le tout saupoudré d’imaginaire et d’un grain de folie. Débriefing.

Auriez-vous accepté que la BD soit adaptée par quelqu’un d’autre que vous ?

Julien Neel : Pas du tout. J’avais déjà fait un dessin animé inspiré de la BD et dans lequel la mise en scène et l’écriture m’avaient un peu échappé. Donc quand un producteur est venu me voir en me garantissant l’écriture et la mise en scène, qui étaient pour moi les conditions sine qua non, j’ai accepté.

D’où est venue l’idée de Lou ?

Lou brainterview couverture tome 1Julien Neel : Quand j’étais petit je lisais des romans et de la bande dessinée franco-belge, du comics et du manga. Et ce que j’ai trouvé interessant dans le manga c’est qu’ils segmentaient plus : il y a les mangas qu’on connait tous (Dragon Ball etc…) mais ils font aussi de la comédie romantique, des histoires familiales… Il y avait donc des thématiques exploitées dans les mangas qui ne l’étaient pas du tout dans la BD franco-belge où on était dans un truc très masculin. L’idée était de faire un mix de tout ça. Et c’était l’année où je venais d’avoir ma petite fille et que Loft Story passait pour la première fois à la télé donc je me suis dit : “ma fille va grandir dans un monde où on regarde ça.” En tant qu’auteur je me suis dit que j’avais une résponsabilité. Donc le personnage féminin c’est parce que je venais d’avoir une fille mais pour autant je réfute totalement l’appellation de bande dessinée pour filles.

Lola, c’était comment de travailler avec Julien et comment as-tu trouvé ton personnage ?

Julien Neel : quand j’ai rencontré Lola, le truc qui m’a convaincu, c’est qu’elle est très contrastée. Elle a vraiment une palette de sentiments très variés qui correspondait parfaitement à Lou.

Lola Laseron : Je suis un peu rêveuse comme elle, oui.

Quel a été le processus de création dans le film par rapport à ce que vous avez déjà fait sur papier ?

Julien Neel : Grosse différence, sur le papier, je suis tout seul devant mon travail. Sur un film, tu as des comptes à rendre, tu dois te faire comprendre. Mais comme je dessine rapidement, c’est plus simple pour illustrer mes propos. A l’inverse, les gens qui bossent sur les décors et les costumes te présentent parfois des idées auxquelles tu n’avais pas pensé alors que ça colle carrément. Et c’est la même chose avec les acteurs qui, une fois qu’ils ont lu le scénario, vont proposer quelque chose en plus qui va faire que le personnage va vraiment exister.

Il y a pas mal de références à la BD. N’avez-vous pas peur que ça décontenance les gens ?

Lola Lasseron : J’ai mes meilleures amis qui ont vu le film et elles n’ont pas été perdues.

Julien Neel : En tant qu’auteur, j’évolue vers ces énigmes, ces références cachées. J’aime regarder des séries et lire des albums et trouver ce genre de références. Ca fait primer l’interaction et ça me plait. Je sais que les lecteurs de Lou lisent et relisent les albums et essayent de faire un jeu de piste la dedans.

Comment se sont passées les scène d’animation et connaissez-vous Space Dandy ?

Julien Neel : Bien sur que je connais et certains des animateurs de Space Dandy ont bossé sur Sidera. Il y a des influences communes. J’ai bossé avec des potes à moi, Catfish Studio, et on partage le même délire de cet âge du n’importe quoi de la science-fiction avec Cobra par exemple. La mère de Lou on soupçonne qu’elle n’a pas énormément de culture mais elle en est impregnée et c’est pour ça que ça ressort de façon aussi brute. Space Dandy ça doit être des gens de la même génération que nous et que la mère de Lou et nous avons tous envie de revoir de la science fiction décomplexée.

Lou brainterview space dandy

C’était votre première expérience en tant que réalisateur. Quelles sont les diffcultés pour passer d’un médium à un autre ?

Julien Neel : Ce n’est pas du tout la même grammaire. Le cadre est utilisé différement par exemple. Mais il existe des ponts entre les deux quand même : tu créés des personnage, tu les fais vivre, c’est très structuré. Mais ça reste un vocabulaire très différent. Et comme la bande dessinée, j’ai appris sur le tas. J’ai arrêté l’école très jeune et je me suis habitué à être autodidacte. Pour le film, j’ai regardé tous les Hitchcock en les analysant plan par plan. J’ai fait mon école de cinéma tout seul. Et heureusement que j’avais mon assistant pour assurer tout le côté technique et me laisser mon espace de création artistique.

Lola, comment es-tu arrivée sur le film ?

Lola Lasseron : J’étais dans une agence pour tourner dans des pubs quand j’étais petite et c’est très très rare qu’ils proposent des rôles pour des longs métrages, surtout pour le premier rôle. Et j’étais très excitée quand j’ai appris que j’étais prise.

La bande dessinée arrive à sa fin. Avez vous déjà prévu la suite ?

Lou brainterview viandier de polpetteJulien Neel : Il reste 2 albums à faire. Je suis aussi sur une autre bande dessinée, Le Viandier de Polpette dont il y aura 3 tomes. 2 tomes de Lou et 2 de Polpette ça fait déjà 4 ans de travail, donc je ne me lance pas trop dans d’autres projets pour l’instant. Mais je fais plein d’autres petits trucs à côté.

Dessinateur, animateur et maintenant réalisateur, y a-t-il une finalité à tout ça ?

Julien Neel : J’aime bien passer d’un truc à l’autre. D’ailleurs il y a 2 livres qui vont sortir en même temps que le film : un qui sera la novélisation du film en lui-même et un bouquin making of. Maintenant je vais faire un opéra-rock, un spéctacle sur glace… (rires)

En tant que réalisateur, quelles sont vos influences ?

Julien Neel : Bizarrement, à part Hitchcock, des choses très classiques, j’ai arrêté de regarder des films contemporains. Je ne voulais pas me faire influencer. Mais j’adore Bruno Podalydes, Quentin Dupieux. J’ai plus une culture d’animation et de bande dessinée que de cinéma. J’ai des gouts assez classiques, je suis de la génération Star Wars. Mais c’est difficile de ne pas se laisser envahir par ses influences puisqu’on essaye à chaque fois de se baser sur un schéma prédéfini. Pour la BD c’est Hergé et pour le cinéma c’était Hitchcock.

Pensez-vous que les geeks font de bons parents ?

Julien Neel : Oui et c’est normal que ça fasse de bons parents puisque ça fait de bons êtres humains. D’ailleurs, je suis devenu le conseiller en jeux vidéo des parents des amis de ma fille. Et j’étais horrifié de voir des parents offrir GTA à leurs enfants de 8 ans alors que sur la boite il y a marqué “interdit aux moins de 18 ans”. Je suis un parent geek responsable, à leur faire découvrir des choses de leur age et de qualité même si je laisse ma fille découvrir ses propres trucs.

Est ce que ça reste un film pour tout le monde ?

Julien Neel : Oui bien sur. J’ai voulu éviter les segmentations marketing et faire un film pour tout le monde. J’aimerai que ça soit un film familial et que tout le monde s’identifie.

Lou ! Journal infime est réalisé par Julien Neel avec Lola Lasseron, Ludivine Sagnier et Kyan Khojandi. Il sort le 8 octobre 2014.

Lou ! Journal infime : Bande annonce

Crédits : ©BraindamagedCorp2014 / ©Studio Canal / ©DR

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