Séries TV : Où sont passées les femmes fortes des années 90 ? – Partie 2

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Deviantes et hors la loi : la femme psychotique

La mutation la plus apparente dans les séries de cette dernière décennie, est marquée par l’arrivée d’héroïnes aux pulsions de plus en plus sombres. Dans bon nombre de ces séries, la femme doit être, et, est imparfaite. Elle ment comme elle respire, elle est droguée, versatile et immorale, elle couche avec tout ce qui bouge, poignarde dans le dos. Bref, elle incarne ses traits les plus sombres de plus en plus à l’écran. Ce qui n’est pas un mal, mais face à quels autres types de personnalités ?

Dans Homeland, Carrie Mathison (Claire Danes) est une espionne brillante accro aux pilules et bipolaire. Dans United States of Tara, Tara, atteinte d’un trouble dissociatif de l’identité, tente avec plus ou moins de succès de réconcilier sa maladie avec sa vie de mère et d’épouse, exposant son mari et ses deux ados aux frasques de ses six autres personnalités. La folle par excellence, comme celles dépeintes par Freud, accentuant les stéréotypes de la femme instable comme rarement vu à la télévision.

Nancy Botwin,  héroïne (ou anti-héroine) de  Weeds, se lance quant à elle dans la vente de cannabis histoire d’arrondir les fins de mois suite au décès de son mari. Malgré une apparence de femme forte dans la peau d’une dealeuse,  bien loin de Walter White, même si leurs intérêts semblent commun, Nancy n’est pas une femme vertueuse. C’est une mère qui est tout sauf un modèle de sainteté, surement à l’origine des déboires et problèmes de son plus jeune fils. Freud est encore passé par là, tiens donc.

La scénariste Nahnatchka Khan a expliqué ce changement dans une interview au New York Times sur son son héroïne dans  Don’t trust the bitch  « Maintenant, on peut créer un personnage de femme imparfaite, même dans les séries grand public, sans qu’elle doive faire sa rédemption en fin d’épisode.” Oui, mais des femmes imparfaites au détriments des femmes fortes qui se font rares à l’écran ? L’imperfection est-elle devenue la norme et peut-elle être justifiée face à peu de personnages psychotiques ou imparfaits chez les hommes ?

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