The Sessions, plusieurs fois primé, avec John Hawkes et Helen Hunt dans les rôles principaux , brise un tabou sur grand écran : celui du handicap et du sexe.

The Sessions raconte l’initiation d’un handicapé de 38 ans à la vie sexuelle après avoir fait paraître une petite annonce dans un journal : « Homme 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé. Amatrices de promenades sur la plage s’abstenir ».  L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, “comme tout le monde”. Un sujet peu banal pour un film qui restera dans les annales malgré sa réalisation sobre.

L’iniation au sexe malgré l’handicap

Une histoire vraie qui revient sur un problème d’actualité puisque les assistants sexuels, ou «aidants» sexuels sont considérés en France comme de l’ordre de la prostitution.  A l’heure où une association, CH(s)ose, alerte le président Hollande sur l’importance de légaliser l’assistance sexuelle pour les personnes en situation de handicap, dans The Sessions, on attaque le problème à bras le corps, avec beaucoup de réalisme et d’humour et un zeste de sentimentalisme extrêmement bien dosé.

Dans The Sessions,  long métrage basé sur un article publié en 1990 dans le magazine littéraire américain The Sun,  avec sa réalisation sobre et au plus proche de ses personnages, on suit Mark O’Brien, un homme d’âge mur à travers sa découverte du sexe et la perte de sa virginité. Un acte important pour le protagoniste qui malgré sa paralysie générale des suites d’une polio a quand même réussi dans la sphère académique, pour devenir écrivain, journaliste et poète reconnu à 38 ans. Avec Cheryl (Helen Hunt), Mark fera son initiation sexuelle et gagnera finalement en épanouissement personnel à travers une  découverte et connaissance de son corps qui jusqu’ici lui était étranger.

Relation thérapeutique, film authentique

Ce qu’on aime avec The Sessions c’est l’authenticité et le manque de sentimentalisme fleur bleue et compatissant à l’égard des handicapés, dans  un film qui traite d’un sujet aussi délicat que l’handicap et le sexe. Après le poignant Hasta la vista et Intouchables, voici une nouvelle fois à l’écran ceux qui n’y sont que rarement,  à travers un thème sensible : le sexe.

Avec beaucoup de délicatesse et sans pudeur, le personnage d’Helen Hunt banalise l’acte de formation sexuelle en un chemin vers la découverte de soi-même pour son patient. Nous ne sommes pas les témoins pervers d’un homme de 38 ans qui découvre enfin le sexe, mais plutôt les spectateurs d’un parcours initiatique vers une découverte de soi même. Un patient qui malgré ses déficiences a réussi à mener une vie relativement « normale » mais sans connaitre son corps, incapable de le palper ou d’en avoir conscience. The Sessions, c’est le récit d’une reconquête de son soi physique grâce à une main à la fois experte et thérapeutique qui permet de le révéler et de révéler ainsi une autre facette du caractère de Mark : de l’importance du sexe dans la construction identitaire. Une thérapie peu conventionnelle où Cheryl, professionnelle jusqu’au bout, étudie son patient et ses réactions dans divers rapports physiques et psychiques afin d’améliorer son traitement avec ce dernier. Elle n’est pas là pour compatir mais épanouir, tout l’intérêt du film.

Vers la complétude

Ce manque de sentimentalisme est à saluer encore plus dans le rapport entre les personnages et la banalité avec laquelle ils sont engendrés. Le prêtre dans la peau de William H. Macy apporte une autre vision de la religion catholique et son rapport avec le charnel, puisque ce personnage drôle et plein de sagesse va soutenir Mark dans sa démarche. Des échanges psychologiques et métaphysiques sur l’importance cruciale de l’éveil sexuel se mettent en place entre les deux protagonistes, à travers diverses séquences, où l’on aborde la culpabilité des envies coincées dans un corps immobile  qui questionne tout en faisant rire, souligné par l’importance du sensuel et le rapport de l’être opposé dans le sentiment de complétude.

La prestation de John Hawkes dans la peau de Mark O’Brien, dont le corps diaphane se prête parfaitement à l’état physique du personnage pour une vraisemblance quasi  authentique à l’écran, est à saluer.  Son jeu, ainsi que celui des autres acteurs au casting ne sombre jamais dans le pathos, ce qui rattrape la réalisation mécanique de Ben Lewin, qui offre malgré tout un film au ton juste sur un sujet qui aurait pu être traité bien différemment à l’écran. A voir.

 

The Sessions Bande Annonce VOST

 

 

Crédit photos : 20th Century fox France 2013