Robocop revient dans les salles le 5 février dans un nouveau costume. Loin du film de 1987, la nouvelle version des aventures d’Alex Murphy n’apporte rien à l’histoire, mais reste un film divertissant et bien exécuté, une mise à jour réussie. 

Après avoir bâti sa fortune grâce à des drones militaires, la multinationale OmniCorp vise désormais un nouveau marché : ils veulent introduire les robots dans la vie quotidienne. Lorsque Alex Murphy, excellent policier, père et mari modèle, est presque tué dans l’exercice de ses fonctions, c’est l’occasion rêvée… OmniCorp le choisit pour en faire son premier « RoboCop », un prototype mi-homme mi-robot. Bientôt, il y aura des RoboCops partout, dans chaque ville, ce qui garantira une fortune pour les actionnaires de la société. Mais ils ont oublié une chose : à l’intérieur de la machine, il y a un homme…

Je pense donc je suis… Critique-Robocop-3

« Les gens ne savent pas ce qu’ils veulent tant qu’on ne leur à pas montré ». Cette situation de Steve Jobs sur l’utilité du marketing est ici reprise par Raymond Sellars (Micheal Keaton) le PDG de la Omnicorp, l’entreprise créatrice de drone et propriétaire de Robocop. Mais cette phrase s’applique également à l’ensemble du film. Après avoir vu Robocop, le Cerveau se demande si on en a besoin ou pas. La réponse est en demi-teinte. Ce Robocop sauce 2014 est un bon produit. Le casting est parfait. Joel Kinnaman (The Killing) joue parfaitement la machine avec des sentiments. Ou l’homme qui devient robot, la ligne est flou. Son personnage d’Alex Murphy, flic incorruptible qui ferait passer Elliott Ness pour un guignol aurait vite pu être fatiguant s’il ne s’était pas transformé en machine. Car le conflit du film réside là : est-ce l’homme qui contrôle la machine ou la machine qui contrôle l’homme ? Schwarzenegger dans Terminator 2 ou  T-1000 ?

Robocop se situe entre les deux et le film n’en souffre pas, au contraire. Il ne souffre pas de son casting non plus. Samuel L. Jackson en Bill O’Reilly des temps futurs perd de la crédibilité avec sa perruque (le Cerveau te préfère avec un patch sur l’oeil, Samuel), mais Micheal Keaton et Gary Oldman sont au mieux de leur forme. L’un citant Steve Jobs (one more thing), l’autre en scientifique proche de Faust. Abbie Cornish en Clara Murphy pleure tout le temps : quand son mari frôle la mort et lorsqu’elle se rend compte qu’il a peut-être plus un lien de parenté avec un micro-onde qu’un humain. Critique-Robocop-2Robocop ne pêche pas par sa mise en scène. José Padilha, que le Cerveau tient en haute estime pour les excellents films brésiliens Elite Squad 1 et 2, fait ses débuts à Hollywood et trouve ses marques. Les scènes de combat sont bien rythmées et le film ne se perd pas dans sa trame. Le montage est efficace. La musique également, sans être originale, suit, en particulière dans la dernière séance d’entrainement de Robocop où un sample du morceau Hocus Pocus du groupe Focus accompagne l’épreuve à la merveille.

Je suis donc je pense…  Critique-Robocop-4

Malheureusement pour Robocop, malgré toutes ses qualités, manque d’un petit quelque chose qui aurait pu le rendre grandiose. Peut-être est-ce le fait que le personnage est démodé ? Que dans un paysage cinématographique où les personnages de comics ont pris le dessus, il n’y a pas de place pour les cyborgs. Même si la saga Terminator va connaitre un reboot, Salvation avait été un échec. Dans les années 80, un film comme Robocop était un événement, rien que pour ses effets spéciaux. Presque 30 ans plus tard, les films à la sauce Robocop sont devenus monnaie courante et, à moins d’envoyer du très lourd, ils sont tous plus au moins générique.  Robocop propose un bon divertissement et cela est déjà pas mal, mais même s’il peut s’apparenter à une critique de la guerre des drones menée par les États-Unis à travers le monde, de la déshumanisation des conflits, ce n’est pas un film sur un flic robot qui ouvrira le débat. Pour ça on attendra que Steve McQueen décide d’attaquer le sujet.

Robocop Bande Annonce officielle #3 VOST

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