The Ranch : l’Amérique profonde à son paroxysme

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Critique de The Ranch, nouvelle série Netflix avec Ashton Kutcher, une sitcom pas comme les autres mais avec beaucoup de ratés.

Vendredi dernier, Netflix lançait la comédie The Ranch, une sitcom portée par Ashton Kutcher et créée par Jim Patterson et Don Reo les scénaristes de Mon Oncle Charlie. Kutcher incarne Colt Bennett, un joueur semi-professionnel de football américain, la trentaine, qui après 15 ans d’une carrière compliquée pour ne pas dire pas glorieuse, retourne dans le Colorado vivre dans le ranch familial avec son père Beau (Sam Elliott) et son frère Rooster (Danny Masterson). Beau est le fermier typique américain ronchon qui a du mal à partager ses sentiments et Rooster est le frère insupportable buveur de bière et obsédé par les filles. On trouve aussi la mère des garçons Maggie, incarnée par l’excellente Debra Winger (3 Oscars à son actif) qui a quitté son fermier de mari et le ranch et est désormais propriétaire d’un bar. Pour finir, Elisha Cuthbert joue Abby, l’ex petite-amie de lycée de Colt devenu professeure d’histoire qui bien évidemment est en couple avec un autre. Colt va revenir dans la vie de sa famille et son ex et va chambouler leur quotidien. Dans The Ranch, on est loin d’Hollywood et ses paillettes et on a les pieds dans la bouse de vache de l’Amérique profonde.

The Ranch marque aussi la réunion de Kutcher et Masterson qui se retrouvent 10 ans après la fin de That ‘70s Show.

Pas comme les autres mais pas vraiment

the-ranch-lamerique-profonde-a-son-paroxysme-1En apparence, The Ranch est une sitcom multi-caméras comme toutes les autres. Et sur la forme, elle l’est. C’est en gros Mon Oncle Charlie à la campagne. L’originalité de The Ranch c’est qu’elle a la liberté de Netflix et l’utilise à son avantage avec des épisodes plus longs qu’une sitcom de network, un langage bien plus fleuri et un peu de nudité. Mais ce n’est pas la première sitcom à l’avoir fait puisqu’il y a 10 ans, Louie CK avait créé Lucky Louie, une excellente sitcom en avance sur son temps qui n’aura duré qu’une saison de 13 épisodes sur HBO. Et certaines sitcoms sur TBS ont aussi joué la carte d’un contenu plus adultes. Certes pas avec la même liberté mais dire “fuck” ne rend pas les choses plus amusantes. Il ne faut pas oublier que The Ranch est fait par des gens qui ont travaillé sur Mon Oncle Charlie et apportent avec eux leur humour gras à la limite du graveleux et qu’en plus ils ont la liberté de Netflix. Mais si on enlève les mots interdits, The Ranch est une série parfaite pour CBS.

Sur certains points, The Ranch fait penser à Mom qui traite de sujets sérieux avec de l’humour et des bons sentiments. Mais dans la série de Netflix, beaucoup de blagues tombent à plat et les personnalités des personnages ne sont pas forcément très attirantes ni attachantes. Bien évidemment certains des problèmes familiaux et professionnels qu’ils rencontrent sont universels mais quand on n’accroche pas aux personnages, on est moins touchés par leurs soucis de coeurs, de relations familiales et de travail. Les temps sont durs pour tout le monde et The Ranch tente de le montrer mais le manque d’empathie ne donne pas l’effet escompté.

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Un humour parfois gênant

Sur sa forme et son intention noble de représenter une certaine partie de la population américaine, The Ranch fonctionne assez bien. Mais dans le fond, elle n’est pas toujours très drôle, joue beaucoup trop sur les clichés et est aussi assez sexiste dans les propos des personnages masculin. Il y a trop de blagues redondantes pas drôles sur le fait de coucher avec des filles trop jeunes. On frôle même parfois la pédophilie avec une scène très dérangeante ou Colt demande à Abby si elle a toujours son uniforme de girl scout ce qui apparemment l’excite. (Le Cerveau rappelle que les girl scouts sont des enfants). Il est donc difficile de passer outre ce genre de choses même quand la série tente de se rattraper. Rooster est misogyne et aussi à la limite de la pédophilie sauf vers la fin où il trouve une femme plus âgée mais cela n’excuse pas les blagues inappropriées sur des filles mineures ou à peine majeur surtout quand on a 35 ans.

Une autre diversité ?

the-ranch-lamerique-profonde-a-son-paroxysme-4The Ranch est clairement une série pour les fans d’Ashton Kutcher qui auront leur dose. Mais c’est surtout fait pour les hommes blancs, hétérosexuels, buveurs de bière de la classe ouvrière/ classe moyenne conservatrice de l’Amérique profonde et fans de Donald Trump. Le Cerveau ne veut offenser personne mais c’est pourtant vrai. La série est aussi loin de régler le problème de la diversité puisque tous les personnages sans exception sont blancs et hétérosexuels.

Cependant, The Ranch est peut-être la représentation d’une certaine voix de l’Amérique de moins en moins visible dans les séries télé. Une certaine droite conservatrice et religieuse qui se reconnaîtra plus dans The Ranch que dans Modern Family. Si Netflix tente avec The Ranch (et La Fête à la Maison) d’être moins élitiste, c’est réussi. S’il y a beaucoup de choses gênantes, tout n’est pas à jeter dans la série. La majorité des acteurs sont bons et font de leur mieux avec ce qu’on leur donne. Au bout d’un moment; la série se laisse regarder mais elle n’est pas indispensable et on ne pleurera pas s’il n’a pas de saison 2.

Si vous cherchez une autre forme d’humour plus dans l’air du temps, Netflix propose des bijoux de série originale comme  Unbreakable Kimmy Schmidt, Love, Grace and Frankie ou encore Masters of None.

Les 10 épisodes de The Ranch sont disponibles sur Netflix.

Images ©Netflix

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