Inquisitio : question de dosage

3

3.0

Mercredi 4 juillet, France 2 diffuse les deux premiers épisodes de sa saga Inquisitio. Critique des deux premiers épisodes.

En 1370, deux Papes se disputent la tête de l’église catholique, Clément VII à Avignon et Urbain VI à Rome. Rome prépare un terrible complot contre Clément VII. Alors que les Papes se font la guerre, deux frères séparés depuis leur enfance s’affrontent. Alors que la peste survient, l’un, Barnal Grand Inquisiteur auprès du Pape d’Avignon pense que l’épidémie est une punition divine et l’autre, Nicolas est médecin et pense que c’est une maladie que peut être combattue et qu’il n’y a rien de mystique.
Pour faire une bonne série, il faut quelques kilos de bons scénarii, la même quantité au niveau de la réalisation, une poignée de bons acteurs, une pincée de révélations et un zeste de mystères.

Comme pour beaucoup de séries françaises, Inquisitio souffre d’un mauvais dosage dans la recette. Elle en donne trop, expose trop. Le cuisinier, Nicolas Cuche, a eu la main lourde sur les révélations et a oublié le mystère.

 

Longue mise en place

Avec un prologue très long, nous apprenons pourquoi, Barnal, le grand inquisiteur s’est tourné vers la religion à en devenir extrémiste. Les deux premiers épisodes révèlent les motivations du héros, celles du Pape, que nous découvrons pas très catholique dès sa première apparition. Nous comprenons jusqu’où vont mener ses machinations avant la fin du second. Ce qui n’est pas encore dit dans les deux premiers épisodes est indiqué dans le synopsis de présentation ou les bandes-annonces diffusées sur France 2.

Quant au tueur des abbés, nous avons déjà eu droit à une piste, qu’on sait très vite être la mauvaise, et une claire idée du pourquoi, voire du qui les commet. Inquisitio dévoile tous ses mystères très vite, voire trop vite. Plus de suspens et surtout pas l’envie de revenir en semaine suivante pour en apprendre plus, car on ne voit pas ce qu’on apprendra de plus. Surtout que les cliffhangers de fin d’épisode sont particulièrement faibles.

L’autre souci est l’introduction des personnages. Le héros n’arrive qu’après plus de vingt minutes d’épisode. Si on n’a pas lu le synopsis avant, on passe une demi-heure à s’intéresser à un personnage qui, au final, ne sera que secondaire. Une sensation d’investissement inutile peut frustrer plus d’un téléspectateur.

Jeu d’Enfer

Cependant, Inquisitio livre une belle histoire, parfaitement réalisée par Nicolas Cuche. La plongée dans le XIVème siècle est très réussie, aussi bien dans les images que les moeurs des personnages. On peut aussi applaudir le jeu d’Aurelien Wiik dans le rôle de Samuel De Naples. Si certaines connaissances prêtées à ce médecin semblent anachroniques, elles s’inscrivent cependant très bien dans l’histoire de la série. Ce sont ces éléments qui donnent envie de revenir chaque mercredi.

Autre acteur qui sort son épingle du jeu : Vladislav Galard. Son Barnal est parfait de froideur religieuse et foi aveugle. Ou plutôt borgne dans son cas.

Malgré son peu de mystère et une certaine lenteur, Inquisitio a un bon potentiel et s’éloigne des sagas d’été habituelles. France 2 propose si ce n’est pas la série de l’année, un bon divertissement. Avec un peu plus de mystères et des réponses mieux délayées dans le temps, Inquisitio aurait pu devenir une excellente série. Mais avant de réussir parfaitement une recette, il faut plusieurs essais. Et le plat que propose France 2 est largement comestible.

Crédits photo :© Jacques Morell /FTV

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