Il y a peu de temps, le Cerveau vous faisait part de sa rencontre avec Geoffrey Enthoven le réalisateur d’Hasta la Vista, film flamand. Après avoir fait le tour des festivals et remporté plusieurs prix, le film sortira dans les salles françaises le 7 mars prochain. Un film magnifique et poignant qui traite de la sexualité chez les handicapés.

Inspiré d’une histoire vraie, Hasta la Vista nous raconte l’histoire de trois jeunes d’une vingtaine d’années, amoureux du vin et des femmes. Mais voilà, nos trois amis sont toujours puceaux ! Ils ont donc décidé de partir en voyage, sous prétexte de faire la route des vins, mais ils partent avant tout pour perdre leur virginité. Jusque-là on se dit que ce pitch ressemble à un film d’ados à la American Pie. Il n’en est rien ! Ces personnages ont une particularité : Jozef est aveugle, Lars qui souffre d’une maladie dégénérative est en fauteuil roulant et Philip est complètement paralysé. Leur handicap ne va pas les empêcher de partir et de réaliser leur projet. Ils vont alors préparer leur voyage avec l’accord de leur parents. Alors que tout est prêt, la santé de Lars se dégrade et le voyage est mis en péril. Ils vont quand-même partir, à l’insu de leur parents et avec l’aide de la petite sœur de Lars. Ils prennent alors la route vers une maison close en Espagne dédiée aux handicapés. Ils vont aussi se retrouver avec une accompagnatrice inattendue.

Un casting impeccable

La complicité et l’alchimie entre le trio d’acteurs sont magnifiques. On passe du rire aux larmes en un instant. On est touché et porté par leur histoire. Même si le début, avant le départ, est un peu long, on se laisse très vite embarquer dans ce road movie à travers la Belgique, La France et l’Espagne.
L’autre belle surprise d’Hasta la Vista c’est Isabelle de Hertogh qui interprète Claude, l’infirmière. Ce personnage est très touchant. On la découvre tout au long du voyage et on ne peut s’empêcher de se prendre d’affection pour ce personnage que la vie n’a pas épargné. Une femme forte, dans tous les sens du terme !
Il est aussi intéressant de voir la réaction des garçons et surtout celle de Philip quand il la voit pour la première fois. Il se moque d’elle et l’insulte en flamand (pensant qu’elle ne le comprend pas) à cause de son physique alors que lui même est coincé dans un fauteuil et qu’il souffre de son physique. Jozef, aveugle, la voit autrement. Il apprend à la connaître au fur et à mesure et le feeling passe entre eux. Cela peut paraître cliché et plein de bons sentiments avec un « c’est la beauté intérieure qui compte » mais c’est une très jolie histoire et on ne peut pas s’empêcher d’être attendri.

Criant de vérité et d’espoir

Côté réalisation, on est dans la simplicité et la réalité. La caméra d’Enthoven capte les émotions avec justesse et on ne tombe jamais dans le misérabilisme ou la condescendance. Les acteurs sont très bons au point que l’on se demande s’ils sont réellement handicapés.
Goeffrey Enthoven a voulu avant tout nous raconter une histoire et nous emporter dans son univers. Il n’hésite pas non plus à passer quelques messages à une certaine compagnie aérienne qui refuse les fauteuils roulants. Il aime parler de situations réelles et sociales.

Le but premier du film est de dénoncer la condition des handicapés sur la question de la sexualité. C’est une population souvent oubliée et représentée comme asexuée alors qu’ils sont comme tout le monde et qu’ils ne demandent qu’à être traités comme des êtres humains. Ils revendiquent seulement le droit à une sexualité (même s’il doivent payer pour) mais surtout à une vie amoureuse normale. L’amitié forte entre les trois amis inséparables, qui se serrent les coudes est au centre du film. C’est avant tout un « film de potes ». Leurs handicaps donnent lieu à des scènes cocasses comme leur première nuit à l’hôtel où dans un excès de fierté (surtout de la part de Philip), ils refusent l’aide de Claude et se retrouvent à dormir tous les trois dans la même chambre. Cette scène prouve que même s’ils veulent être indépendants, ils restent toujours un peu dépendants des autres dans certaines situations. Cela ramène à la réalité.

Une ode à la tolérance

Le spectateur valide rit avec eux, se sent proche d’eux et de leur relation, il se pose aussi des questions sur sa propre vision du handicap.
La comparaison avec Intouchables ne va pas y couper. Les deux films sont tous deux tirés d’histoires vraies et veulent dédramatiser le handicap. Mais la comparaison s’arrête là. Ne vous dites pas que vous avez déjà vu Intouchables et qu’Hasta la Vista risque d’être la même chose, parce que ça ne l’est pas. Hasta la Vista ne fera pas le même nombre d’entrées qu’Intouchables, mais c’est un très beau film à voir absolument. Même Claude Lelouch ne s’y est pas trompé puisqu’il soutient le film et le distribue en France.

Hasta la Vista – Bande annonce VOST

Crédits photos ©les films 13